« Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie de n’être pas fou.» B.Pascal
31 décembre 2002
On voudrait en faire la photo, on n'y parviendrait pas, m�me avec l'appareil le plus sophistiqu�. Pas m�me un dessin. Encore moins une peinture. Ce que je suis en train de regarder, on ne peut pas le reproduire. Il n'y a probablement que les mots qui ne sont pas trop tra�tres pour le faire. Magritte s'y est pourtant essay�, il y a m�me un tableau c�l�bre qui fait la fortune des vendeurs de posters, mais, il faut bien le dire, Magritte, malgr� ses bonnes id�es, �tait un mauvais peintre. Je viens d'�teindre la lumi�re. Il est une heure du matin. Allong�, je vois, en face de moi la fen�tre de ma chambre. Je ne ferme ni les rideaux ni les volets, jamais. La nuit �claire la chambre. La fen�tre est comme le cadre d'un tableau que j'aime regarder d�s que j'�teins la lumi�re. En g�n�ral la nuit est blanche, par contraste avec l'obscurit� de la pi�ce. Elle d�coupe l'ombre des objets pos�s sur le bureau en une sorte de skyline sombre. C'est d'ailleurs pour �a que j'ai pos� sur mon imprimante une tour Eiffel gonflable achet�e chez "Why" un dimanche apr�s midi de ballade avec Nathan dans le Marais. Il y a aussi les contours que font la masse de l'ordinateur cr�nel�e par les photos fix�es autour de l'�cran et la silhouette effil�e de la lampe. La nuit est blanche quand le ciel est pur, sans nuage, d'un blanc qu'on peut � juste titre qualifier de blafard, c'est � dire parfaitement mat, qui brille par l'absence de tout �clat. Elle est encore plus blanche, perdant quelque peu de cette matit�, si le ciel est couvert. C'est un effet d'optique connu. Mais, ce soir, la vision est magique : Il y a de gros nuages blancs, rondouillards et paresseux qui tapissent le ciel, sur un arri�re fond de la vraie couleur de la vraie nuit, pour une fois : violet fonc�, pas bleu nuit, zinzolin, pr�cis�ment. Ces gros patapoufs de nuages semblent immobiles. On dirait qu'ils ont surgi l�, subrepticement, pendant que je me pr�parais au coucher. Ils me regardent b�tement, � travers la fen�tre. Comme l'ombre n'est d�cid�ment pas propice aux ombres port�es, on n'a aucune impression de volume ni de relief. Tout est plat. On ne peut pas savoir quelle couleur est appliqu�e sur l'autre : les grosses taches blanches pos�es � la mani�re noire sur le fond violet fonc� de la nuit ou, � l'inverse, le violet fonc� de la nuit d�goulinant joliment sur un fond de blanc mat. C'est tellement �trange et tellement beau que je me suis lev�, in petto, et que j'ai rallum� l'ordinateur. Je viens de taper ces lignes, dans le noir. Au moment ou je rel�ve la t�te, juste maintenant, tout est fini. Les nuages se sont dispers�s. Il y a, sur le fond redevenu uniform�ment gris de la nuit (o� tous les chats sont gris), une grande strie oblique et laiteuse qui n'est pourtant pas la voie lact�e.
23 décembre 2002
22 décembre 2002


15 décembre 2002
Je me souviens d'Od�on (84 OO), Danton, S�gur, Pelletan (22 22), Gobelin et Etoile.
Je me souviens des receveurs d'autobus et de leurs machines � obliterer � manivelle.
Je me souviens des pi�ces de un ancien franc et de celle de un nouveau centimes (de franc).
Je me souviens des voitures Dinky Toys et des soldats Mokarex.
Je me souviens de Nino Ferrer : Oh, eh, hein, bon !
Je me souviens du petit bonhomme papillon de Jean Michel Folon dans le g�nerique d'ouverture et de fin des programmes de la deuxi�me chaine de t�l�vision.
Je me souviens des "electrophones" et des changeurs de disques trente trois tours automatiques (et aussi des manges-disques qui ressemblaient � des soucoupes volantes).
Je me souviens de Lucien Jeunesse et pas du Jeu des Mille Francs.
Je me souviens de Sag Varum et de Shake it Baby.
Je me souvien de Paulette Merval et Marcel Merkes.
Je me souviens d'Alexandra Stewart dans la "Nuit am�ricaine" de Truffaut, l'un des plus beaux films du monde.
Je me souviens de Carnaby Sreet.
Une v�ritable salve, ce soir...
Je me souviens des receveurs d'autobus et de leurs machines � obliterer � manivelle.
Je me souviens des pi�ces de un ancien franc et de celle de un nouveau centimes (de franc).
Je me souviens des voitures Dinky Toys et des soldats Mokarex.
Je me souviens de Nino Ferrer : Oh, eh, hein, bon !
Je me souviens du petit bonhomme papillon de Jean Michel Folon dans le g�nerique d'ouverture et de fin des programmes de la deuxi�me chaine de t�l�vision.
Je me souviens des "electrophones" et des changeurs de disques trente trois tours automatiques (et aussi des manges-disques qui ressemblaient � des soucoupes volantes).
Je me souviens de Lucien Jeunesse et pas du Jeu des Mille Francs.
Je me souviens de Sag Varum et de Shake it Baby.
Je me souvien de Paulette Merval et Marcel Merkes.
Je me souviens d'Alexandra Stewart dans la "Nuit am�ricaine" de Truffaut, l'un des plus beaux films du monde.
Je me souviens de Carnaby Sreet.
Une v�ritable salve, ce soir...
Je viens de refermer "Etre sans destin", d'Imre Kertesz. Apr�s un tel livre, on est comme � la fin d'une tr�s belle musique : le silence auquel elle laisse la place est encore de la musique. Tout ce que je fais, ce que je pense, ou ce que je dis apr�s avoir referm� le livre est encore le livre, est encore dans le livre. C'est un livre inou�. Comment un tel chef d'oeuvre a-t-il pu rester inconnu si longtemps. Qui connaissait Imre Kertesz avant octobre 2002 et le prix Nobel ? Pas moi, en tout cas. Honte � moi. Ce n'est pas encore un homme tr�s vieux. Je l'ai vu, pas plus tard qu'il ya quelques jours, en zapant � la t�l�, en habit noir, recevoir son prix � Stockholm. Il n'avait que quinze ans � Auschwitz et Buchenwald. Il a dit ceci, qui vaut la peine d'�tre lu.
11 décembre 2002
Voici quelques d�finitions de mots-valises piqu�e � la vol�e dans le lexique du site "Le Pornithorynx est un salopare", d'Alain Cr�hange. Allez y faire un tour !
�PAPHINIE. F�te c�l�br�e le lendemain du jour des Rois, au cours de laquelle on mange les restes de galette de la veille.
ESPOIRE. Individu dont la confiance confine � la cr�dulit�.
FLOPTIMISTE. Qui a confiance en ses chances d'�chec. "Je me sens tr�s floptimiste quant � l'avenir du pessimisme." (Jean Rostand).
FRESQUINTER. Ab�mer une pi�ce, un b�timent, en couvrant ses murs de peintures. "J'aimerais bien savoir dans combien de temps ce Michelangelo Buonarroti aura fini de me fresquinter ma chapelle." (Jules II).
FURETANTE. Epouse d'un furoncle.
GAGACIT�. Finesse d'esprit dont font parfois preuve les personnes retomb�es en enfance.
GOMORRHO�DES. Douleurs particuli�rement p�nibles dont souffrent parfois les personnes qui ont fr�quent� Sodome.
GRIGOUREUX. Qui pratique l'avarice avec une duret� inflexible. "La fourmi est grigoureuse, c'est l� son moindre d�faut." (Jean de La Fontaine).
�PAPHINIE. F�te c�l�br�e le lendemain du jour des Rois, au cours de laquelle on mange les restes de galette de la veille.
ESPOIRE. Individu dont la confiance confine � la cr�dulit�.
FLOPTIMISTE. Qui a confiance en ses chances d'�chec. "Je me sens tr�s floptimiste quant � l'avenir du pessimisme." (Jean Rostand).
FRESQUINTER. Ab�mer une pi�ce, un b�timent, en couvrant ses murs de peintures. "J'aimerais bien savoir dans combien de temps ce Michelangelo Buonarroti aura fini de me fresquinter ma chapelle." (Jules II).
FURETANTE. Epouse d'un furoncle.
GAGACIT�. Finesse d'esprit dont font parfois preuve les personnes retomb�es en enfance.
GOMORRHO�DES. Douleurs particuli�rement p�nibles dont souffrent parfois les personnes qui ont fr�quent� Sodome.
GRIGOUREUX. Qui pratique l'avarice avec une duret� inflexible. "La fourmi est grigoureuse, c'est l� son moindre d�faut." (Jean de La Fontaine).
voil� ce qu'aurait, peut-�tre, fait M.C. Escher avec l'informatique. Sait-on jamais... (via Geisha Azobi)
La petite brise la glace. J'ai bien �crit : "la petite brise la glace". Je vois bien que vous vous dites : "et alors, "la petite brise la glace", il a �crit "la petite brise la glace", et alors ?" Lisez deux fois. lisez deux fois � haute voix, s'il vous pla�t. J'ai dit lisez � haute voix s'il vous plait (j'en vois deux dans le fond qui ne lisent pas � haute voix) Toujours rien ? Et �a, �a vous dit quoi ? La petite brise - la glace et : la petite - brise la glace. Compris ? eh oui. Ce sont effectivement deux phrases totalement diff�rentes �crites avec exactement les m�mes mots (un autre, pour voir si vous avez compris. Si je dis : La belle porte le voile, vous me dites quoi ?). C'est joli, non ? Moi, en tout cas, je trouve �� tr�s joli. J'ai trouv� cette phrase dans mon courrier il y a quelques mois et l'avais gard� pour aujourd'hui. Pas facile d'en faire d'autres dans le m�me genre. Cela s'appelle des ambigrammes Exercice pour la prochaine fois, sur un cahier propre : dix lignes d'ambigrammes. Rammasage des copies dans..un an (au mieux) Bonne nuit.
P.S. Rien � voir. J'ai trouv� ce site chez ma copine Emmanuelle. Ca (excuses : "Blogger" ne fournit pas le "c" s�dille majuscule) d�coiffe. M�rite la LCD. Re-bonne nuit
P.S. Rien � voir. J'ai trouv� ce site chez ma copine Emmanuelle. Ca (excuses : "Blogger" ne fournit pas le "c" s�dille majuscule) d�coiffe. M�rite la LCD. Re-bonne nuit
04 décembre 2002

Notes Beno�t Habert (document en ligne �
l�adresse :http://www.limsi.fr/Individu/habert/Publications/Fichiers/hdr/node4.html
G. Gross [Gross, 1988] met en oeuvre cette d�marche de mise en �vidence de restrictions transformationnelles pour les s�quences N Adj. Il retient les transformations suivantes : pr�dicativit� : L'adjectif peut-il figurer en position d'attribut ? On oppose ainsi nous avons un climat froid notre climat est froid � cette arme blanche cette arme est blanche. nominalisation de l'adjectif : L�a a un teint blanc la blancheur du teint de L�a / L�a a pass� un examen blanc la blancheur de l'examen de L�a. rupture paradigmatique sur l'adjectif : l'adjectif peut-il �tre remplac� par un autre �l�ment de sa s�rie distributionnelle ? Cf. du papier bleu, violet, blanc ...et une douche �cossaise, *fran�aise. variation en nombre : est-elle libre ? Cf. *le denier public ou *les devoirs conjugaux. adjonction d'un adverbe : une explication tr�s vague / *un terrain tr�s vague. adjonction d'un autre adjectif par coordination : une explication longue et fastidieuse / *une �toile filante et brillante. reprise du groupe par le nom seul : j'ai lu un livre passionnant. Ce livre ... / *Le bras droit de Luc a appel�. Ce bras .... rupture paradigmatique sur le nom : du beurre noir, ? de la margarine noire, ? de l'huile noire. remplacement de l'adjectif par un compl�ment de nom : une faute grammaticale + de grammaire / la m�decine douce + *de douceur. La d�termination du degr� de figement se heurte toutefois � un certain nombre d'obstacles qui limitent ce qu'on peut escompter de cette approche. Contrairement � ce qu'affirme G. Gross [Gross, 1988, p. 69] : � les propri�t�s sont autonomes et ont une valeur binaire �, les propri�t�s en cause ne sont pas ind�pendantes. Ainsi, les adjectifs relationnels refusent la mise sous forme pr�dicative et l'ajout d'un adverbe de degr� [M�lis-Puchulu, 1991]. D. Corbin [Corbin, 1992, p. 36, note 1] souligne d'ailleurs que les propri�t�s examin�es am�nent parfois � attribuer au figement ce qui ressortit � la morphologie des mots. L'alternance d'un adjectif li� � un nom avec le syntagme pr�positionnel construit sur ce mot ne se fait pas de la m�me mani�re selon que l'adjectif est un d�nominal ou au contraire que le nom est bas� sur l'adjectif. Commercial est d�riv� de commerce et les deux s�quences entreprise commerciale et entreprise de commerce commutent. Il n'en va pas de m�me pour devoir difficile et *devoir de difficult� : or difficult� est d�riv� de difficile. Par ailleurs, indique D. Corbin, un adjectif � emploi relationnel et qualificatif peut parfois �tre remplac� par un compl�ment de nom dans ces deux emplois : le palais du prince/le palais princier, une allure de prince/une allure princi�re. Sans doute ne faut-il pas mesurer � la m�me aune les diff�rentes s�quences en fonction des classes syntactico-s�mantiques du nom et de l'adjectif. Il conviendrait par exemple de comparer entre elles les contraintes de s�quences qui rel�vent du patron N Adj comme choc op�ratoire, fait historique, livre scolaire, ordures m�nag�res, paix sociale et service national. La comparaison en bloc des N Adj devrait laisser la place � des examens de groupes plus restreints et plus homog�nes


" Cher monsieur. Ce n'est pas parce que nous avons le m�me nom et le m�me pr�nom que nous devons avoir la m�me adresse internet. Cela est fort f�cheux. J'ai d'abord cru, � la lecture de votre texte � th�me linguistique, � une plaisanterie oulipienne mais j'ai �t� forc� de me rendre � l'�vidence : il s'agit d'un vrai texte universitaire. (sinc�res condol�ances, si, si...) pour ce qui est de l'adresse Internet, j'�tais le premier. A vous de c�der la place. Pour le reste, je ne suis, bien s�r, pas qualifi� pour juger, et en plus, �a ne me regarde pas. (imaginez que vous entreteniez une correspondance amoureuse... ou d�lictueuse..) . J'ai fait une recherche Google. Il me semble que vous enseignez � Grenoble. Je n'ai rien � voir avec la linguistique. Salutations. Francis Grossmann
Sec, p�tant, p�te sec � souhait. La r�ponse ne tarda pas. Le lendemain, je re�us � nouveau un mail de Francis Grossmann, je commen�ais � m'habituer. On pouvait y lire :
Cher monsieur. D�sol� de vous avoir importun�. J'ai effectivement voulu envoyer une note de lecture de mon m�l professionnel � mon m�l personnel, et ai malencontreusement tap� votre adresse au lieu de la mienne (fgrossmann@wanadoo.fr). Par ailleurs, et si cela peut vous rassurer, je n'ai aucune intention de vous faire part de mes correspondances personnelles ou professionnelles, et puisque vous semblez appr�cier OULIPO, je suis s�r que vous saurez faire preuve d'un peu d'humour en oubliant cet incident. Cordialement,
Francis Grossmann
Le myst�re �tait r�solu. L'erreur n'�tait ni robotique ni fantomatique. L'erreur �tait humaine, simplement humaine. Je ne l'avais m�me pas envisag�, et pourtant c'�tait la seule raison possible du myst�re. Internet restait ce gigantesque organisme infaillible, et les fant�mes n'�taient jamais sortis de leur tani�re. En un sens, j'�tais rassur� sur le mouvement du monde. Francis Grossmann bis (notez le c�t� l�g�rement m�prisant du "bis") avait tout b�tement interverti ses deux adresses. dont l'une, la professionnelle, �tait francis.grossmann@n'imporetquelfournisseurd'acc�s. Le monde redevenait intelligible ou si vous pr�f�rez, totalement opaque, ce qui revenait au m�me. Quelques jours plus tard, alors que je croyais Francis Grossmann bis retourn� d�finitivement derri�re son ordinateur grenoblois et � un complet anonymat, je re�us un nouveau mail que je reproduis ici :
Soutenance de th�se :
Mich�le GUILLAUTEAU-MAUREL soutiendra une th�se de doctorat le 5 d�cembre 2002, � 13h30, en Salle des Actes : "Appropriation de l'�crit au cours pr�paratoire. Approche qualitative d'une didactique du message".
Francis GROSSMANN LIDILEM - UFR des Sciences du Langage
Universit� Stendhal Grenoble III
Suivait adresse compl�te, num�ro de t�l�phone et adresse professionnelle compl�te que je ne retranscris pas ici. Francis Grossmann bis s'�tait excus� ; n'emp�che, il avait oubli� de me sortir de sa liste ! A l'heure qu'il est je n'ai pas envoy� de nouveau message de protestation.
02 décembre 2002
Savez-vous ce que veut dire inthalassopotable , par exemple ? savez vous ce qu'est un kilopediculteur ? une m�lanobutyrophtalmie ? ou m�me un simple m�lanopode ? Courez sur ce merveilleux (le mot n'est pas trop fort) site, et surtout, prenez bien garde de ne pas attraper une mauvaise m�dianoctancomputophilie ! Madame Claire de Lavall�e, pardonnez moi, je vous aime (et musicienne, avec �a) ! Je m'empresse d'ailleurs de vous faire une (bien trop modeste) place en LCD.
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