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26 décembre 2008

Pensée de la nuit N°145 :"Quand on ne travaillera plus les lendemains des jours de repos, la fatigue sera vaincue" Alphonse Allais

sur ce : bonnes vacances et bonne année! De retour le 4 janvier

21 décembre 2008

PORT ROYAL


Station Port Royal

19 décembre 2008

Un haïku par bain, 77


De ce soir d'automne
Les longs glouglous monotones
Me blessent le cœur

18 décembre 2008

Comme vous vous en êtes sans doute aperçus, je suis plutôt en mode Twitter, en ce moment. Idée de "post" pour quand j'aurai le temps (ce qui ne saurait tarder, bien sûr) : autonaute de la cosmoroute, raconter ma ballade dans le quartier d'une ville où je ne suis jamais allé ou refaire la description du Boul'mich ou prendre la route 790 du North Dakota (avec les camions géants et les ombres des poteaux télégraphiques), grâce à Google maps.
Le véritable inventeur de l'hypertexte est né au dix huitième siècle : c'est Honoré de Balzac

12 décembre 2008




J'ai découvert cette image sur cursive building, un site merveilleux à découvrir de toute urgence via ffffound, un autre site d'images époustouflant. Immédiatement ajoutés en LCD

11 décembre 2008

Un haïku par bain, 76


Décembre. Le soir.
Lessiver sa fatigue
Dans l'ombre, hébété!

06 décembre 2008

J'ai ajouté sur la colonne de droite, la célèbre "LCD", tout en bas (jouez de la molette, il faut descendre sur la page, on ne le voit pas en entrant sur le blog) un espace "Twitter Updates", le degré zéro du blog. Certains affirment que c'est l'invention la plus importante depuis celle de la carte postale. Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris à quoi ça sert mais rien que l'idée de pouvoir écrire ici ne serait-ce que 140 signes à la fois et de les envoyer par SMS m'émoustille. Le problème est que je m'escrime depuis le début de cette soirée (de garde) à envoyer un SMS à Twitter et que je n'ai pas encore réussi. A suivre, si le cœur vous en dit (je trouve ça spécial, quant à moi, mais soyons modernes...)
Pensée de la nuit N°144 : "I love deadlines. I like the whooshing sound they make as they fly by" douglas Adams, blog

03 décembre 2008

Bobby Mc Ferrin joue Bach : inouï, comme de juste (via Nathan)



27 novembre 2008

Un nouveau lien ce soir, une fois n'est pas coutume : c'est vif, fin, artiste mais leste, vous préviens-je ! Le net est un océan d'images traversé de courants. On les pêche, les unes à la suite des autres, on les étale sur le pont, on trouve des similitudes inattendues. On dirait que c'est sans suite, mais en y regardant de plus près il y a des correspondances subtiles. Ce ne sont pas des images justes, mais juste des images. Cela ne s'arrête jamais. C'est Very spécial report

26 novembre 2008

Je sais, je sais, je déserte un peu en ce moment. Je suis en crise de temps comme on dit aux échecs. Ne désespérez cependant pas, CISCOBLOG reste fidèle au post (sans "e") !

13 novembre 2008

Dernière minute, en guise de morale à la dernière "aventure" de notre ami Haltmann, à lire trois ou quatre entrées ci-dessous : je viens d'apprendre à la radio que c'est une pratique courante de rajouter des flots de détergent liquide dans les conteneurs d'ordures des supermarchés afin d'interdire aux pauvres gens de s'y approvisionner. Nous vivons une époque vraiment formidable !
HIERE SUR AMBY

10 novembre 2008

Un Haïku par bain, 75

D'ici je peux voir
Mon sexe pointer le gland
Au bout du nombril.

08 novembre 2008

Pensée de la nuit N° 143 : " J’ai la nostalgie de ces années où je vivais dans l’impatience de l’avenir." Eric Chevillard, L'autofoctif

07 novembre 2008

Au fil du net

via "Balsamia"


via, "Very Special Report"

06 novembre 2008

Un haïku par bain, 74


Mémoire de l'eau
As-tu gardé l'empreinte
D'un seul de mes doutes ?

02 novembre 2008

Huit heures du soir. Contrairement à son habitude, Haltmann passe par le centre ville en rentrant du travail. A cette heure les rues ont retrouvé leur calme. Les embouteillages qui, deux fois par jour, congestionnent toute la région à des kilomètres à la ronde au rythme des bureaux ont fini par se résorber : comme la terre assoiffée finit par boire toute l'eau qui ruisselle, la ville finit par dissoudre en elle les automobiles arrivant une à une à destination (il imagine les garages, la places de parking qui se remplissent, les portails qui se referment derrière les salary-mens pressés de retrouver l'intimité du soir) Il roule à travers les rues sombres, dans l'espace indistinct de la nuit, en écoutant d'une oreille distraite un entretien politique à la radio. En banlieue, il n'y a jamais grand monde dans les rues, on se déplace en voiture, même pour les petits trajets, par habitude mais aussi par indifférence au paysage. On ne se promène quasiment jamais. Les rares passants qu'on aperçoit sur les trottoirs sont les pauvres, les démunis, poussant des poussettes remplies d'enfants ou de packs d'eau minérale. Et puis à cette heure, dans les beaux quartiers aux villas en meulière, c'est déjà le couvre feux, On s'est calfeutré, bien à l'abri. On s'apprête à dîner, on se retrouve, on décompresse devant la télé, on pense à la dure journée du lendemain, on aspire au repos. La nationale 7 traverse la ville. Elle y fait une longue et belle estafilade. C'était autrefois le centre du centre, un quartier prospère, où les magasins et officines se serraient les uns contre les autres et où on venait faire ses courses de partout. Mais c'en est définitivement fini de cet univers à la René Fallet. Depuis l'apparition des grandes surfaces il y a plus de trente ans, pour la plupart installées en périphérie ou le long de l'autoroute toute proche, le quartier a périclité comme les berges d'une rivière asséchée où aucun animal ne vient plus boire. les boutiques ont une à une été vendues et revendues à perte, restant définitivement closes derrières leurs rideaux de fer rouillé, ou ont été achetées pour des bouchées de pain par des marchands de sommeil ou de fringues de moins en moins chères. La lèpre de la vétusté a contaminé les immeubles. Plus rien n'attire le chaland. La dernière boulangerie qui résistait vient de fermer, un bar-tabac subsiste difficilement. Deux ou trois sandwicheries, une ou deux boutiques de pizzas à livrer, résument l'économie de subsistance qui a succédé à l'âge d'or. Non loin de là on avait pourtant tenté de lutter contre la déchéance qui s'installait. Un centre commercial tout neuf avait été implanté, dans les années quatre vingt, avec le vain espoir de contrer l'exode des ouvriers et des classes moyennes vers les villages Lévitt, Kauffman & broad et autres «chalandonnettes» qui commençaient à pulluler dans la campagne toute proche et d'enrayer du même coup la chute de l'immobilier en ville, un centre commercial à taille humaine, urbain et accueillant qui a pourtant inexorablement descendu l'échelle du standing au fil des années et vers lequel roule maintenant Haltmann qui écoute toujours distraitement son débat politique. Il emprunte au ralenti les allées Aristide Brilland, double voie majestueuse plantées de platanes et bordées de maisons de maitres et d'immeubles cossus du XIX° siècle, témoins de la splendeur passée (les minoteries, l'imprimerie et même l'électronique de pointe (une grosse usine IBM a été démantelée il y a à peine moins de vingt ans alors qu'aujourd'hui la firme qu'on croyait naguère indestructible n'existe même plus) entre lesquels s'intercalent, datant de l'âge des "banlieues rouges", un magnifique théâtre dessiné par Oscar Niemeyer en personne, le même qui a construit Brasilia et le siège du PCF place du Colonel Fabien, à Paris, une maison des jeunes en parfait état de marche et une médiathèque qui ferait crever d'envie plus d'un élu dynamique de gauche. L'éclairage urbain jusque là prolixe se fait moins éclatant : Haltmann longe un parc dont les hautes futaies font de l'ombre même au crépuscule. Il y a un virage à droite, puis un à gauche. Droit devant lui, à cent cinquante mètres, le centre commercial. On vient de sortir les grands conteneurs à ordures du jour. On les a disposés sur le trottoir. Dans son champ de vision, à mesure qu'il amorce le virage, lentement, le pied sur le frein, Haltmann voit défiler une étrange foule sombre, comme une petite armée, de miséreux qui se dirige vers les conteneurs. Des sacs en plastique dont la blancheur a des éclats pâles à la main, des gens traversent devant sa voiture. Il voit quelques visages au ralenti et en gros plan, tout près de la fenêtre du passager, comme dans un film. La foule s'agglutine autour des ordures. On a ouvert les couvercles. Les sacs en plastique s'agitent dans la pénombre, improbable lâcher de ballons blancs dans la nuit. Les victuailles juste périmées qu'on vient de jeter passent de main en main et disparaissent dans la foule, comme absorbés par l'ombre, il n'entend aucun bruit, tout se fait en silence. Il n'y a pas de bagarres, pas de disputes. Haltmann a assisté à une rapide cérémonie. Il se rend compte que c'est un rituel de tous les jours : il y a comme de l'ordre dans ce rassemblement de la misère. C'est une vision de dix secondes, à peine. Après, il a terminé le virage, il ne voit plus rien. A la radio le bruissement du débat politique continue. Nous sommes à Dormeil, en région parisienne au début du vingt et unième siècle - où nous commencions déjà à nous nourrir d'ordures.

22 octobre 2008

Et encore une fois, au milieu de toute cette agitation et de toute cette inquiétude (qui n'a définitivement rien à voir avec la crise), une image d'apaisement et de bonheur fragile. Il fait beau et doux, contrairement à toutes les prévisions. C'est le milieu de mois d'octobre. Avec le père N*, nous descendons à nouveau le Boul'mich à pied, comme des milliers d'autres fois que je n'ai pas toutes racontées ici, mais presque. Nous venons de quitter J* et H* avec qui nous avons déjeuné. Il est rare que nous nous retrouvions tous les quatre en même temps (en dehors des fêtes obligées ou des "grandes occasions") et pourtant, chaque Mercredi, depuis des années je fais cet aller et retour Banlieue-Paris au milieu des embouteillages sans que cela ne m'ai pesé une seule fois. N* et J* (mais surtout J*) sont des hommes à présent. J'en suis fier, même si je n'y suis pas pour grand chose. Je crois que, maintenant rien ne me fait plus plaisir que de constater ça, qu'ils sont devenus des hommes. Avec J*, le taiseux, le ténébreux tout se passe dans les yeux, qu'il a infiniment tendres. Avec N*, le sage, le curieux, le plus jeune, nous jacassons comme des pies, heureux comme des papes tous les mercredi après midi que Dieu fait. Nous les manquons rarement. Il n'y a pas la foule habituelle. Les touristes se sont faits plus rares. C'est parce que les étés indiens n'ont pas chez nous la même réputation qu'ailleurs. On dira qu'on se retrouve un peu entre nous, les latino-quartierains. Pourtant le soleil accroche des reflets au flamboiement des arbres. L'air est plutôt doux, comme je l'ai dit, mais il a déjà cette sorte de cette pureté qu'on peut sentir plus tar en hiver. Nous marchons d'un bon pas sur cette pente douce qui mène au fleuve. En un tout petit quart d'heure, nous rallions la place Edmond Rostand à la place Saint Michel. N* doit acheter des partitions chez Pugno. La boutique du quai des Grans Augustins, rouge écarlate, n'a pas changé depuis cinquante ans. J'y ai moi aussi acheté des partitions, etc. En sortant, la beauté de la Seine et des quais nous saute au visage. En remontant le boulevard, je montre à N* l'emplacement occupé maintenant place Saint André des Arts par une agence automatique de la BNP, de "chez Boubée" (Nérée de son prénom), le célèbre naturaliste, la boutique de curiosités scientifiques où on a pu jusque vers les années quatre vingt, acheter à Paris, des roses des sables, des ammonites géantes, des collections de lépidoptères au détail, des échantillons de coupes géologiques ou des pièces anatomiques en cire, d'un réalisme absolument parfait (on en trouvait encore il n'y a pas dix ans, dans les boutiques de la rue de l'école de médecine) qui ne sont pas étrangères à ma vocation médicale, entièrement anatomique à l'époque où, adolescents, avec mon copain Franklin nous hantions ces lieux avec envie. Nous nous arrêtons, avant d'entreprendre la remontée du boulevard, qui est bien plus physique qu'on ne croit, à la Gentilhommière pour prendre le quatrième café de la journée. En revanche, rien n'a changé ici, hormis la taille de la terrasse qui a toujours été la force de la maison. Ce n'est pas notre café préféré, ni à N*, qui le trouve trop touristique, il n'y a qu'à voir la tête des consommateurs, ni à moi qui préfère largement le Rostand, comme tout ciscoblogger sait, mais l'endroit vaut bien cette petite station : c'est un des rares cafés du quartier à être resté à peu près ce qu'il était il y a quarante ans (et Alain F. habitait non loin, du temps de notre amitié), date à laquelle, par exemple, le "Capoulade" et "le Maheux" qu'on a cru éternels, aux deux coins de la rue Soufflot, furent remplacés qui par un Wimpy (le premier fast food de Paris) puis un Quick et qui par un Macdo qui est toujours là ou réciproquement . Devant les grilles du Luxembourg, face à rue Soufflot, pente Est de la Montagne Sainte Geneviève, la plus douce, et le grandiose panthéon qui la couronne, il y a toujours la marchande de marrons chauds. La petite vieille commence en cette saison à faire ses affaires. N* me dit avec un demi sourire que c'était elle qui me vendait déjà des marrons (et des glaces en été) lorsque j'étais enfant. "Mais non", lui rétorqué-je , c'était son père ! "Donne lui tout de même à boire", dit mon fils.

18 octobre 2008

Un Haïku par bain, 73


Calme catafalque
Où, humide et savonneux,
Un beau pet fait "bllob" !

13 octobre 2008

JARDIN D'EDEN 

La Seine à Corbeil-Essonnes

12 octobre 2008

Vices cachés, 3



J'ai beau lire le plus possible, je ne suis pas près d'avoir le prix Nobel. D'ailleurs c'est faux. Je ne lis pas beaucoup. J'achète beaucoup de livres et je ne les lis pas tous, loin de là, nuance. Aujourd'hui par exemple, c'est dimanche, les librairies sont censées être fermées. eh bien, malgré le fait que je sois de garde à l'hôpital de Dormeil, en arrivant ce matin, j'ai encore trouvé le moyen d'acheter trois livres au "Verger des Muses" qui est la seule librairie ouverte le dimanche à au moins cinquante kilomètres à la ronde (la plus proche étant à mon avis "L'arbre à Lettres" rue Edouard Quenu à Paris, dans le cinquième arrondissement) et qui se situe e
ntre une Boutique géante Babou et un Hyper Animalia sur les rives de l'immense parking de la zone d'activités moche à pleurer qu'on vient de construire aux abords du nouvel échangeur entre A6 et Francilienne. Juste pour laisser imaginer combien de livres, étant ainsi capable d'en acheter trois un dimanche matin en allant au travail au pied d'un échangeur autoroutier en rase campagne, je peux en acheter un après midi de pleine semaine au quartier Latin. J'ai donc fait l'acquisition, pour donner une idée, du dernier Echenoz, "Courir", du dernier Rushdie, l'"Enchanteresse de florence", et de la "Conjecture de Syracuse" d'Antoine Billot que je ne connaissais pas mais dont le bandeau rouge de couverture portait l'alléchante formule "Une vengeance mathématique". Mon gout, si on peut appeler ce dégoutant défaut un gout, pour les mathématiques fera, si vous le voulez bien, l'objet de mon "vices cachés" n°4. (Première digression : jusque là je trouvais les gens de la librairie du "Verger des Muses" héroïques. Plantés au milieu de la banlieue la plus zonarde qui soit ils tentaient de porter le flambeau de la "culture" à deux jets de pavé de la cité des Tarterets avec une modestie et une élégance de doux dingues. Ils avaient fait de leur librairie une sorte d'île enchantée, un havre de paix de calme et de senteurs de colle et d'encre au milieu des discounts de fringues et d'objets de première nécessité. Leur stock n'était pas celui d'un vraie librairie ni même celui de la FNAC, la taille de la papèterie par exemple (avec les images Doodle en tête de gondole), leur très gros rayon scolaire et l'augmentation constante de la taille de celui des activités manuelles montrait déjà les premiers signes d'un compromis inévitable mais on trouvait à peu près toutes les nouveautés et ils suivaient finalement assez bien les suppléments livres de Libé et du Monde. Ils avaient même un élégant bandeau vert pétard portant la mention "recommandé par le Verger des Muses" pour faire cossu qui en faisait quasiment une valeur sure. C'était une très honorable librairie de secours. Ils avaient tout d'une grande... Mais quand ils se sont mis à vouloir ratisser large dans le domaine du "culturel" ("cultiver vos loisirs" qui s'étalait sur les élégants sacs en toile plastifiée qu'ils offraient pour les gros achats était devenu leur nouveau slogan) et qu'ils ont ajouté à leur palette des activités piquées à un "Nature et Découverte" en perte de vitesse ( parfums, gastronomies (thés, cafés, confitures biscuits tant qu'on y était), copies du musée du Louvre et j'en passe) cela a cette fois senti un peu la compromission. D'autant que tout cela ne pouvait se faire qu'au dépends du rayon littérature qui n'est plus à l'heure actuelle qu'une pauvre peau de chagrin. Ils ont maintenant définitivement vendu leur âme, probablement vaincus par les armées de la fripe et de la malvie qui les cernent depuis longtemps. Cela ne m'étonnerait pas d'apprendre qu'ils sont en passe d'être rachetés par ce "Delaveine" du culturel qu'est l'horrible "Cultura" des centres commerciaux de seconde zone qui font d'André Rieux le seul vainqueur des victoires de la musique classique, le "Roi Soleil" le parangon du rayon Opéra et qui sont certains que Max Gallo est académicien (l'est-il ?) et Paul Lou Sulitzer nobélisable) Pour ce qui me concerne, on peut employer le terme clinique d'achats inconsidérés, voire compulsifs, c'est de toute façon passible de la mise sous curatelle. Tout comme la kleptomane qui vole infiniment plus de paires de chaussettes qu'elle pourra jamais en porter sa vie entière même en changeant de chaussettes tous les jours ou même deux fois par jours mais qui ne peut pas s'en empêcher, j'achète plus de livres que je ne pourrai jamais en lire durant le temps qui me reste à vivre même si j'atteins l'âge de Jéroboam. Ils s'entassent sur les rayons de ma bibliothèque, devant les livres déjà lus ou au dessus, couchés en piles de deux ou trois sous l'étagère du haut. Dire que j'en ai pour deux ans d'avance serait bien en dessous de la triste vérité. Il doit y en avoir pour quatre ou cinq, au bas mot. Je suis un assidu des pages livres du "Monde" (que je n'achète d'ailleurs plus, et c'est mon vice caché n°5, que le jeudi) de celles de "Libé" et de "Télérama" (qui me fait penser au "Verger des Muses" ancienne manière) et dans une moindre mesure du "Magazine Littéraire", pas de "Lire" ni de la "Quinzaine", allez savoir pourquoi, mais je pourrais, mais aussi des émissions de France Cul, souvent excellentes comme "A plus d'un titre", "Jeux d'Epreuves", "Des mots de midi", ou "Du jour au lendemain", par exemple, pendant que je tape ces lignes, d'Alain Weinstein avec Hélène Lenoir ce soir. Ces suppléménts littéraires sont d'excellents "digests" de l'actualité des livres. Grâce à eux, comme dit Pierre Bayard dans son livre "comment parler des livres qu'on n'a pas lu ?" - que je n'ai pas lu, justement -on pourrait briller dans les salons à peu de frais ou épater les jeunes filles. Ce n'est pas mon but, même si au demeurant j'adore parler des livres - que j'ai lu - avec mes amis. Je suis comme un collectionneur fou : ce qu'il me faut, ce que je brûle de posséder, ma passion (au sens funeste du terme) c'est la pièce manquante, l'objet "a" de Lacan, bref ce que je n'ai pas et qui me plonge dans les affres du désir. Quand je pénètre dans une librairie chaque livre exposé est potentiellement pour moi celui qui risquerait de me manquer, au cas où, par exemple, j'aurais à tuer le temps dans un vol Paris - Christchurch ou au cours d'une nuit d'insomnie plus interminable que les autres ou entre deux patients sous la lampe au CMP pour me changer les idées. Mais dès que je le possède, la plupart du temps il redevient ce parallélépipède de papier et de carton qui sent la colle et dont je ne sais plus pourquoi je l'ai tant désiré. Il va rejoindre la pile dont je parlais tout à l'heure, peut être le retrouverai -je dans quelques mois. Mais tant que je ne "l'ai" pas, il n'est pas exagéré de dire que je suis rongé d'angoisse. Je me dis bien que j'en ai bien d'autres à lire, qui attendent sous la poussière, des piles entières, branlantes ou impeccablement rangées n'attendent que mon bon vouloir, pourquoi donc celui là ? je peux m''en passer mais non, c'est justement celui que je n'ai pas acheté qu'il me faudra. Les yeux plus gros que le ventre. Un exemple : je résiste en ce moment au dernier Catherine M. au titre si délicieusement ambigu. Mais le livre tout entier n'est-il pas résumé dans l'ambivalence du titre ? Il faudrait que je vérifie de mes propres yeux. Cela me tripote trop. J'ai entendu une interview de l'auteur sur je ne sais plus quelle chaine, j'ai été déçu, je m'étais mis à l'écouter avec une oreille professionnelle et je n'arrivais plus à me détacher du diagnostic que je n'avais pu m'empêcher de poser. Il faudrait aussi que je vérifie mon diagnostic... Je résiste encore, mais je sens que je faiblis malgré le fait que mon copain G. m'a dit lau téléphone lui aussi avoir été déçu, qu'il n'avait strictement rien appris sur la jalousie (qui le ronge lui aussi parfois), il faudrait aussi que je vérifie que le livre de Catherine M n'est pas un manuel de psychologie etc. Quoique j'en dise, enfin, j'en lis tout de même, des livres, mais ce n'est pas du tout autant que j'en ai acheté ou que je désire en posséder. Dans mes rêveries les plus folles, je ne me vois jamais en libraire (Dieu sait pourtant si les librairies ou tout endroit qui possède des rayonnages de livres, grandes bibliothèques universitaires, Beaubourg TGB ou autres, me ravissent les yeux le cœur et l'âme) mais en propriétaire la nuit de la bibliothèque nocturne et parfaite, éclairée d'une simple lampe posée sur un bureau où tout près, dans l'ombre, attend chaque livre, où chaque atome de savoir ou de poésie trouve sa place, se présente à mes yeux avec l'évidence d'un organe interne, où coule mon propre sang, celle dont parle sans arrêt le sympathique Alberto Manguel, où il n'y a qu'à tendre la main, comme au paradis terrestre pour saisir tout le génie du monde. Alors, je ne trouve rien de plus beau que les livres.

09 octobre 2008

Caramba!


Philip Roth a encore raté le Nobel !

06 octobre 2008

Un haïku par bain, 72


Grisaille d'automne,
Et dimanche monotone
flottent avec moi

02 octobre 2008

Fichu métier!




mirifiques Deschiens

27 septembre 2008

C'est Sundance Kid et Butch Cassidy, les bandits, les détrousseurs de trains, ils décident de se faire oublier à cause des détectives qui sont à leurs trousses, il ya des affiches placardées dans tout l'Ouest avec leurs photos, ils essaient de se faire embaucher comme hommes de mains, je crois, parce que le patron leur demande s'ils savent tirer au revolver. Butch pousse Sundance du coude, genre va-s-y toi montre lui ce que tu sais faire, il sait très bien que Sundance est le meilleur tireur de l'ouest, le boulot c'est dans la poche. Alors le patron montre une canette de bière à quarante pas de là pour que Sundance tire dessus. Sundance ne parait pas très sûr de lui, bizarrement. Il vise soigneusement la canette et il la rate. Butch n' a jamais vu ça, Sundance rater sa cible, il a une mine catatastrophée. Le patron, déjà, veut s'en aller mais Sundance, avec un regard tout piteux demande : "Je peux bouger ?" Le patron le regarde, qu'est-ce que c'est que ce fou encore, et répond, avec une moue méprisante : "si tu veux". A ce moment là, Sundance bondit en l'air tout en dégainant son révolver et il tire cinq balles sans viser : on voit la canette qui fait cinq bonds en arrière. Cinq fois mouche. Butch Cassidy lève les yeux au ciel, le patron n'en revient pas. Ils sont embauchés. Sundance Kid est le meilleur tireur de l'Ouest mais seulement quand il ne vise pas. Il y a aussi cette très jolie scène où Sundance entre la nuit par une fenêtre dans une maison qui n'est pas la sienne. Dans une chambre il y a une femme qui dort, Etta, on croit qu'il va l'agresser, psychopathe comme il en a l'air, mais c'était un scénario, ils se connaissent depuis longtemps, ils sont très amoureux l'un de l'autre. Etta et Butch Cassidy font un voyage à New York la ville des prodiges et font du vélo, oui du vélo, dans le désert de l'Arizona. Même les cowboys font du vélo. Sundance Kid, Butch Cassidy et Etta font un merveilleux couple à trois un peu comme Jules, Jim et Catherine. On découvre que le temps du western c'est la belle époque, le temps des révolutions, de la lutte des classes et de la plus grande boucherie de tous les temps, pas seulement les grands espaces abstraits mythologiques hors du monde et cinématographiques. A la fin, Butch Cassidy et Sundance, qui ne sont pas des révolutionnaires, pas même des révoltés, juste des paumés magnifiques valant mille fois mieux que les centaines de flics à leur poursuite, se font tuer par toute une armée en Bolivie où ils se sont réfugiés. La musique du film "La pluie tombe sur les carreaux" a été chantée par Sacha Distel ou Joe Dassin ou les deux je ne me souviens plus. Le film "Butch Cassidy et le Kid" date de 1969, on peut dire que c'est un film soixantehuitard. A cette époque on ne tournait plus de westerns depuis longtemps. Je me souviens que ça avait été un enchantement. Je ne l'ai jamais revu. Maintenant j'ai un peu peur que cela ait vieilli. Etta est la merveilleuse Katherine Ross, Sundance Kid est Robert Redford (de là vient le nom du prestigieux festival de cinéma de Sundance) et Butch Cassidy, Paul Newman, bien sûr, qui d'autre ?

22 septembre 2008

Connaissez vous le photographe Chris Jordan ? Politiquement correct mais assez bluffant... 
Nostalgie, déjà...


SECOND AVENUE

21 septembre 2008

Philipp Roth annonce à 75 ans qu'il abandonne la littérature (je n'ai jamais pensé qu'il était aussi vieux. j'ai toujours cru en fait qu'il était de ma génération). Qui pourrait lui en vouloir, lui qui vient récemment d'abandonner pour notre plus grande tristesse son alter égo, son fantôme, Nathan Zuckermann (dans "Exit Gohst" pas encore traduit en français) Tout à une fin, dira-t-on, même la vie des personnages de roman. Conan doyle a bien tué un jour Sherlok Holmes, Javert a bien été suicidé par Victor Hugo et Lucien de Rubenpré par Balzac . Mais cette annonce n'est pas celle d'une retraite, ni la dépressive décision d'un silence de misanthrope . C'est une annonce à la Philipp Roth : Il a le projet d'écrire un dernier livre, qu'il prévoit très long très gros et dont l'écriture le tiendra, dans l'idéal pour ainsi dire, jusqu'au jour de sa mort, auquel il mettra le point final la veille du dernier de ses jours, finissant en quelque sorte comme il a vécu, donc ne finissant pas, dans un livre. S'étant écrit lui-même toute sa vie, il posera la plume et mourra. Romanesque, non ? ( Cela me fait penser à Claude Ballier, le grand psychanaliste criminologue et ses "Elements pout une théorie narcissique du vieillissement" (peux pas m'empêcher d'être professionnel...))

17 septembre 2008

Pensée de la nuit N°141 : "L'irrésolution est le pire de maux" René Descartes cité par Olivier Pourriol, invité du jour de Raphaël Eintowen (les nouveaux chemins de la connaissance) sur France Cul dans la voiture entre l'hôpital de Dormeil et l'unité d'hospitalisation "4 saisons"

14 septembre 2008

Vices cachés, 2

Je me sens bien dans les supermarchés. Faire les courses ne m'a jamais pesé, je pourrais dire que ça me calme. Mais ce n'est pas seulement parce qu'on y fait les courses que j'aime les supermarchés. Plus ils sont grands, plus je les aime. Je garde par exemple un souvenir ému d'une visite à l'hyper Auchan de Perpignan, peut-être le plus grand du monde avec son allée centrale aussi longue que la rue de Vaugirard et aussi large que l'avenue de Breuteuil. Celui de Bretigny, plus proche de chez moi, que je fréquente plus souvent, n'est pas mal non plus. Je ne suis pas de celles qui, fonçant dans les rayons, véritables folles du caddy, y empilent savamment les vivres de la semaine à la vitesse d'un cheval au galop, avec une dextérité qui les fait ressembler à Kali la déesse tueuse aux milles bras, qui, en plus trainent une ainée de huit ans qui se chamaille avec un petit de cinq à qui il faut tout le temps demander de ranger ce qu'il a pris. Je fais les courses seul. C'est un plaisir solitaire. Et je vais lentement, je prends mon temps. Si je dois me depêcher ce n'est plus du jeu. Ce n'est pas non plus la foule que j'aime, elle me fatigue, me fait perdre mes gonds comme tout un chacun. Bien que je sois pas si mauvais à cet exercice, je ne suis pas non plus de ceux qui adorent particulièrement slalomer du caddy au milieu de mille autres, s'imaginant dans Mario Kart sur le scenic raylway de la consommation. Si je peux, je choisis les heures creuses : entre midi et deux heures ou après le diner. Rien n'est mieux qu'un mardi ou un jeudi entre trois et quatre heures. De temps en temps donc, à l'occasion d'un creux dans mon emploi du temps, cela arrive, certains jours de garde peu chargés par exemple, je cours me faire un trois à quatre à Carrefour. Après cinq heures ce n'est déjà plus ça : les sorties de bureaux déversent les salariées sur les rayons, c'en est fini de la tranquillité. Qu'on ne se méprenne pas : je ne fait pas contre mauvaise fortune bon coeur, j'éprouve un vrai plaisir à faire les courses. J'adore flaner entre les rayons, choisir les produits, essayer les nouveautés, comparer les prix, guetter les promotions. L' hypermarché me donne le sentiment océanique. Ca vous revigore un homme. Magnifique étendue de tous les besoins des hommes, à perte de vue. On attaque ça par un bout, les boissons et, enfilant méthodiquement les rayons, on termine à l'autre bout au rayon culturel au milieu des best sellers et des jeux pour la Wii, après avoir traversé le continent des légumes frais, fait la queue à la poissonnerie et, tel Eddie Constantine dans le génial générique de "Cinéma, Cinéma", avoir ouvert et refemé toutes les armoires à congélation du rayon des surgelés.


"Deux fous", par N.G

09 septembre 2008

J'ai le plaisir de vous annoncer que tout est rétabli : Tous les liens de la colonne de droite fonctionnent. Vous pouvez à nouveau surfer sur les mois et les années de CISCOBLOG à votre guise, de mai 2002 à juin 2008, ou relire le petit traité de l'accueil ou l'histoire des tours de Vigneux si le coeur vous en dit et si vous avez un peu de temps à perdre. Je ne suis pas peu fier. Mais cette restauration (comme on dit chez windows) n'a rien à voir avec le transbordement des archives de CISCOBLOG vers un quelconque nouveau domaine, comme je le disais plus bas. Cela tient trop à un hasard quasi miraculeux, c'est trop compliqué et surtout pas assez interessant pour que je le raconte ici, sachez cependant que j'ai dit un peu trop de mal d'ALICE qui a tout de même été loin d'être parfait sur ce coup là. Je ne m'excuserai d'ailleurs pas plus. Tout est bien qui finit bien. CISCOBLOG reste insubmersible. Longue vie etc.

08 septembre 2008

39 petites merveilles. Je ne sais pas du tout qui c'est, mais j'ai trouvé Jaime Pitarch en me balladant sur Geisha Asobi (qui est d'ailleurs devenue "weelkly Teinou bee-woman")
Pensée de la nuit N°140 : "La graphomanie n'est pas la manie d'écrire des lettres, des journaux intimes, des chroniques familiales (c'est à dire d'écrire pour soi-même ou ses proches), mais d'écrire des livres (donc d'avoir un public de lecteurs inconnus). La graphomanie n'est pas la manie de créer une forme, mais d'imposer son moi aux autres, version la plus grotesque de la volonté de puissance" Milan Kundera l'Art du roman, 1986
Petit suivi d'information en passant : comme prévu Ciscoblog est bien en train de s'arracher les cheveux avec son "client FTP" . Mais il garde pour l'instant le moral. Les liens de la LCD devraient être rétablis prochainement sinon sous peu...

06 septembre 2008

Un Haïku par bain, 71

Souvenir aqueux
Du monde coupable et chaud
De l'énurésie

04 septembre 2008

Pensée de la nuit N°139 : " Il y a un jour où je me sentirai vraiment vieux : celui où mourra Brigitte Bardot"
Pour compenser la perte provisoire des archives, à la réparation de laquelle je ne travaille pas autant que je le souhaiterais, faute de journées de plus de 24 heures, j'ai très largement augmenté le nombre des entrées sur la page d'accueil de CISCOBLOG (300 au lieu de 50) ce qui rallonge notablement le temps de chargement de la page mais permet d'avoir accès à des entrées plus anciennes. Mille excuses pour cet inconvénient. Bonne lecture !

30 août 2008

Je viens de lire les huit premières pages, une sorte de prologue, de "L'état des lieux" de Richard Ford qui vient de sortir (cf "vices cachés,3 la rentrée littéraire" prochainement sur cet écran) et j'en suis resté littéralement machoire pendante : C'est d'une beauté à couper le souffle. Si tout le reste du livre (soit environ 730 pages) est du même tonneau, cela promet. A vrai dire, c'est tellement beau que je n'ose plus avancer. J'ai déjà relu ce proloque trois fois et le reste du texte, à commencer par le premier chapitre, je n'ose l'aborder, saisi du respect temblant qu'on doit aux objets sur lesquels on ne peut impunément poser le regard, comme par exemple le pain d'épice qu'on m'offrait à Noël et que je n'osais croquer tellement il était beau et qu'une rognure, même toute petite, signe pourtant de gourmandise maîtrisée, en aurait à jamais souillé la perfection, ou bien ces objets du genre Saint Graal dont la vue même vous éblouirait et vous ferait perdre la vision si vous la souteniez trop longtemps (j'exagère, comme dit F M : c'est ma tendance "meilleur machin du monde") Mais bon, je donnerai tout Ciscoblog pour ce prologue...


Une autre image de René Maltête
Enfer et damnation ! Enfer et damnation ! (deux fois) Vous avez peut être constaté que depuis deux ou trois jours les archives de CISCOBLOG ne sont plus consultables non plus que les liens en LCD sous la rubrique CISCOBLOG. Cela se produisait auparavant de temps en temps, pour des durées le plus souvent très courtes et c'était la plupart du temps du à des travaux sur mon hébergeur d'espace ou d'autres motifs d'unterruption temporaire, puis tout revenait dans l'ordre. Il n'en est plus de même à présent. Un peu inquiet, ce matin, devant la longueur de l'interruption, je téléphone à ALICE (pour ne pas le nommer) et on m'annonce avec regret, mais de but en blanc que mon espace perso a tout simplement été supprimé ! Il paraît que j'avais reçu un mail d'avertissement il y a quelques mois. Je me souviens bien d'un tel mail, mais il n'y était nullement question de suppression, on m'annonçait simplement le changement du nom de domaine de TISCALI en ALICE tout en me précisant que cela serait transparent pour moi ! Sauf qu'on ne m'avait pas prévenu que le service, de gratuit qu'il était jusqu'à ce jour passait à payant (cela devait être écrit en tout petit) Bref il est trop tard. Ils ont appuyé sur le bouton "delete" à la fin du mois de juillet. Ils sont désolés, pas moyen de revenir en arrière, même si je m'abonne, même si je paye. Merci ALICE, vraiment merci ! C'est donc définitivement que l'on ne peut plus accéder aux archives et aux liens internes de CISCOBLOG. Gros coup sur la cafetière en cette rentrée par ailleurs pas spécialement réjouissante. Mais, allez vous me dire, CISCOBLOG a bien sauvegardé ses données, non ? Eh bien CISCOBLOG il vous répond voui, il a sauvegardé ! C'est donc réparable. Eh bien voui, c'est réparable ! Bravement, CISCOBLOG a étudié la marche à suivre : c'a va pas être coton ! Créer un nom de domaine, louer pour ce nom de domaine un espace web, telecharger un client FTP et apprendre à s'en servir, etc. Grosse galère en perspective. Cela ne marchera pas du premier coup, c'est certain et CISCOBLOG va bien s'arracher une douzaine de fois les cheveux. Mais, allons, CISCOBLOG garde le moral. Il espère pouvoir transférer toutes ses sauvegardes, une à une, sur un nouvel espace lui appartent totalement en propre (style Ciscoblog.fr) dans un délai raisonnable, disons en plusieurs jours, sinon quelques semaines. Une sorte de gros transbordement, avec armes et bagages et pas de certitude de ne rien perdre en route. Déménagement en perspective donc. Les formalités ont déjà été engagées (demande de nom de domaine, AFNIC et tout le toutim). Haut les coeur. Vous voudrez bien excusez les inconvénients dus à ces travaux de maintenance "CISCOBLOG is having a massage", comme on dit sur Flickr, Pendant les travaux, CISCOBLOG continue, qu'on se le dise !

27 août 2008

jetons un coup d'oeil pour voir où en est la plus haute érection du monde

26 août 2008

Je rentre du travail après un détour par Carrefour (cf "Vices cachés,2" à paraître) j'allume mon ordinateur et dévide mes fils RSS préférés. J'apprend cette nouvelle. Tony Duvert est mort. C'était un sacré écrivain du XX° siecle... Qui pourrait (tolérerait de) lire Tony Duvert de nos jours ? Et toujours dans la série je-croyais-qu'il-était-mort-depuis-longtemps, j'apprends, toujours par mes fils RSS, que le grand mathématicien Henri Cartan, l'un des fondateurs du groupe Bourbaki (cf "vices cachés,3" à paraître) vient de mourir à 104 ans. Il était né en 1904, il y a presque deux siècles!

25 août 2008

Pensée de la nuit N° 138 :"Comment distinguer un nom propre d'un nom commun ? Les noms propres sont ceux qui se trouvent après la ligne rose. C'est finalement très simple, il suffisait d'y penser" Teodoro Gilabert, les Pages Roses, Buchet Chastel

23 août 2008

Vices cachés, 1


Je ne vous ai jamais parlé de mes vices cachés ? Je répare immédiatement cet oubli. Âmes sensibles, ne poursuivez pas au-delà du dernier point de suspension...Allons y. Premier vice caché : je lis le journal "l'Equipe" tous les matins. Même le mardi (lire "l'Equipe" le mardi matin est le comble du vice,le lundi étant un jour particulièrement creux en sports)Je me suis même ménagé depuis des années (des décénies) un repli du temps le matin pour m'adonner à ce plaisir secret avec mon petit déjeuner au café. A cause de "l'Equipe" je commence tout, travail, activités quotidiennes, au moins vingt minutes plus tard. On dit que "l'Equipe" est un journal pour intellectuel. c'est faux. De nos jours, il n'y a plus que les intellectuels qui lisent les journaux. Alors "l'Equipe" ou autre chose... Tout de même, "l'Equipe" c'est encore pire. Je pourrais me contenter de regarder "Jour de Foot" et "L'équipe du Dimanche" sur canal chaque semaine, qui sont aussi des émissions pour intellectuels, mais non, ça ne suffit pas, il faut que je rajoute "l'Equipe" tous les matins. En fait, je lisais l'Equipe bien avant que canal soit inventé (enfin n'éxagérons rien, je ne lisais tout de même pas "l'auto") je fais partie de cette génération qui a appris à lire avant de regarder la télé et non l'inverse. Ceci explique peut-être cela. mais cela n'est pas si sûr, car c'était déjà chelou de lire l'Equipe tous les matins au temps de l'Eurovision où tout le monde lisait un journal au petit déjeuner ("Le Matin", "L'Huma", "Combat", "Libération" de d'Astier de la Vigerie, "Le quotidien", jamais "le Figaro" et maintenant, il nous reste quoi, je vous le demande ? "l'Equipe" ou "Libé", c'est tout. "Le Figaro" on ne trouve de toutre façon pas à la cafétaria de l'hôpital de Dormeil) en ce moment je dépasse d'ailleurs les vingt minutes à cause des JO. Un vrai régal. Ah les interviews des kayakistes, des pentathloniens modernes et des vététistes ! Et puis les journalistes de "l'Equipe" sont les meilleurs du monde. Ils arrivent à nous tenir en haleine avec n'importe quoi. C'est un grand écrivain péruvien devenu président de son pays, Mario Vargas Llosa, immortel auteur de "La tante julia et le scribouillard" (je ne plaisante pas : lisez "La tante Julia et le scribouillard") qui l'a dit un jour : "Les journalistes sportifs sont les vrais auteurs de fiction modernes". Et d'un. faute avouée à moitié pardonnée. Je peux palper l'allègement de ma conscience. Merci qui ? Merci Ciscoblog.

21 août 2008

le texte télescopique : un très joli nouveau procédé d'écriture que nous a déniché JR files 2.0. C'est l'occasion de découvrir le site délicieux d'un dénommé Joe Michael Lambert Davis

18 août 2008

LUMIERE DU SOIR...

12 août 2008

Je ne sais plus comment je suis arrivé à ce site, mais j'adore ça !

11 août 2008

Hello folks ! Bonjour à tous (mais je vois que vous n'êtes pas nombreux...) Ciscoblog rentre de vacances après un vrai mois de sevrage à l'air pur des montagnes ! A très bientôt pour de nouvelles aventures en ligne !

12 juillet 2008

Un Haïku par bain, 70


Ma baignoire empreinte
Une piste de bobsleigh
pendant que j'y dors

07 juillet 2008

Minigraphies, 7



Notre nouveau chef de service est le professeur Rolex. Il a cinquante ans tout rond. Il a fait sa médecine à Créteil, saint Antoine et Trousseau qui dit mieux. Il ne dort pas la nuit. Il n'y plus qu'un seul psychiatre ici : le professeur Rolex. On l'appelle "Professeur", s'il vous plait ! Il pourrait se fâcher. Ce soir en arrivant, par exemple, je le trouve assis sur le sol du sas, à fumer sa cigarette tout en faisant la psychothérapie de monsieur S. qui, adossé à la fenêtre, debout au-dessus de lui, m'interpelle pour sa permission de demain. La psychothérapie consiste en un un flot continu de paroles incompréhensibles prononcées à voix trèsbasse, comme une musique. Monsieur S. Il en a entendu d'autres. En dehors des psychothérapies, le professeur Rolex arpente les couloirs du service les mains derrière le dos et le nez en l'air. Toujours à la recherche d'une leçon clinique à donner, d'une présentation de malade à faire. Il a les cheveux longs et gras, une moustache de gaulois et plus aucune dent dans la bouche. Il est grand et dégingandé. Il est toujours là quand on a besoin de lui. Il dispense ses conseils à voix basse, naturellement. Sans lui nous serions perdus. Pas plus tard que ce matin, par exemple, lors d'une négociation délicate avec un monsieur passablement énervé qui ne voulait ni entrer ni sortir, il me faisait le "retour son" dans le couloir même. Penché sur moi, vous connaissez ma taille, il me chuchotait en léger différé dans l'oreille les paroles exactes que je venais de prononcer. S'il ne dirigeait pas ma pensée, c'était à s'y méprendre. Il se faisait mon écho fidèle, il commentait. Non, l'énervé ne voyait pas double. Il y avait bien deux interlocuteurs en face de lui : pas Don Quichotte et Sancho Pança, mais le professeur Rolex et moi. Tout se passa bien
et, contre toute attente, l'énervé se calma. Le professeur Rolex nous émerveille. C'est le chouchou des infirmières. Il ne nous lâche pas d'une semelle, il nous suit partout comme notre ombre, il est à lui tout seul notre double à nous tous. Il est là quand les infirmières comptent les gouttes, il vérifie le nombre exact, il surveille les transmissions le nez collé à la vitre de l'aquarium, il intervient de loin dans les réunions, il nous souffle les bons médicaments, il décide des sorties, des régimes, des gardes médicales et des heures sup' des infirmières. Il est tellement toujours là que son absence nous manquerait, soudain. D'ailleurs, le professeur Rolex se prescrit lui-même son traitement et ne prend que ce qu'il a prescrit. C'est un As des neuroleptiques. Je ne ferais pas mieux, tout simplement. Le professeur Rolex a une drôle de façon de parler. Parfois il est incompréhensible, totalement hermétique, et d'autres fois on comprend tout ce qu'il dit. Parfois il parle à voix basse, parfois il hausse le ton. Mais toujours il nous enveloppe d'un flot de parole, aussi dense qu'un vol de passereaux, aussi léger qu'un essaim de graines de pissenlit. Le professeur Rolex n'a jamais voulu nous raconter son histoire, comment il a été arrêté sur la voie publique par la police en train de montrer à tout le monde ce que ma mère m'interdit de nommer ici alors qu'il venait de débarquer dans la ville, à la gare. C'est parce qu'il avait une tête de quelqu'un qui débarque, justement qu'on avait téléphoné au CPOA, histoire de voire si le professeur Rolex n'était pas connu dans d'autres régions. ""Rolex" me dites vous, attendez voir. Bingo! Hospitalisé en mars à S. D. !" Un autre coup de fil à l'hôpital de S.D. nous avait rassuré : le professeur Rolex ne débarquait pas de la planète Mars. Il venait de sortir de chez eux trois jours auparavant. Il ne s'était pas enfui, on l'avait laissé sortir à sa demande. On n'arrive pas à le soigner (à le "stabiliser", on dit) on a essayé tous les médicaments. Il résiste à tout. C'est un résistant. Cela me plait bien, à moi le mot "résistant." Alors parfois on le laisse sortir quand il demande. En général on le retrouve un peu partout en France. Ce coup-ci c'est chez nous. Notre interlocuteur était presque déçu, d'habitude c'est à Perpignan ou Marignane, plus loin qu'à cent malheureux kilomètres de chez lui. Mais bon, on allait le reprendre, quand on aurait de la place. Il n'est pas pressé non plus de retourner chez lui, le professeur Rolex, d'ailleurs. Là bas, à S.D. on ne devait plus le prendre assez au sérieux ni suivre ses prescriptions à la lettre. Ca lui fait des vacances.

05 juillet 2008

Un Haïku par bain, 69


Eté comme Hiver
Seule une eau plus que brûlante
Me tanne le cuir

30 juin 2008

Pensée de la nuit N°137 :"Je ressens une telle tristesse en moi que j'entre dans la première église où l'on célèbre des funérailles. Il serait dommage de ne pas en faire profiter un défunt" Eric Chevillard, L'Autofictif

29 juin 2008

J'ai un jour rencontré cet homme dans des circonstances émotionnelles pratiquement insoutenables. Je ne suis pas en mesure de dire maintenant quelles elles furent, mais j'espère pouvoir le faire bientôt. Quoiqu'il en soit, il m'a fait impression comme rarement un homme a pu me le faire (j'ai connu deux ou trois grands hommes) Je ne savais pas qu'il tenait un blog, un peu comme moi (via mnémoglyphes, décidément) Si des hommes comme celui-ci tiennent des blogs, je me demande si je dois continuer à le faire. D'un autre côté, cela me rassure, mais pas vraiment.

24 juin 2008

Grâce à Mnémoglyphes et cet outil, vers quoi il nous dirige, je sais maintenant que CISCOBLOG est hébergé - c'est à dire : réside physiquement - en Californie, à Moutain Wiew, près de Palo Alto, non moin de San Francisco. Cela me rend tout chose. Déjà savoir que chacun de mes petits messages, celui que vous lisez et celui que j'envoie, fait des aller et retour en une fraction de seconde soit de Mountain wiew Cal à Viry Chatillon, 91170, soit de Mountain Wiew Cal à votre domicile où que vous soyez sur la planète, c'est tout émulsionnant, mais, en plus, savoir que CISCOBLOG réside en chair et en os, en silice et en cuivre, devrais-je plutôt dire, bref que le moindre de ses précieux octet est chouchouté, poupouné, choyé à deux pas de Frisco, San Francisco, cisco (blog) c'est plus qu'un signe des dieux, non ? Et par dessus le marché savoir que CISCOBLOG niche tout près de la célèbre université de Palo ALto et de son école éponyme dont les travaux ont bercé ma jeunesse, que ses modestes octets voisinent avec le souvenir du grand Bateson me rend tout croque...

19 juin 2008

Trois semaines contre l'éternité. Longue vie au blog à dessin !

14 juin 2008

JC Bourdais noua déniché ce site américain. Oui, c'est dingue !
26 (titre provisoire), XXIV


Vingt ans plus tard, mais un peu plus tard, c'est à dire précisément il y a deux jours, Haltmann rencontre encore une fois Alain Lapoule. Il arrive au CMP en retard comme d'habitude, il se gare sur le parking qui donne sur la Seine, presque sous le pont qui la traverse. Autrefois, il y avait là un saule dont les branches trempaient au fil de l'eau et faisaient comme un abri pour les cygnes attirés là par les reliefs de deux restaurants voisins. C'et endroit calme, un peu à l'écart mais proche encore de l'animation de la ville attirait souvent les SDF. Sous le saule, un banc les accueillait. Souvent des ivrognes venaient y partager des canettes ou des bouteilles. On y échangeait aussi parfois des produits illicites ou des coups de poing. Maintenant, il n'y a plus ni saule ni banc. Mais les cygnes sont toujours là, et les SDF aussi. Pendant qu'il manœuvre, il voit qu'un homme l'observe en souriant. Il a des cheveux longs et sales, ses vêtements sont douteux, il porte une drôle de casquette. Il ne reconnait pas Lapoule tout de suite mais c'est lui. C'est pour ça qu'il souriait. Il attendait là, il ne savait trop quoi, surement pas lui, mais Haltmann pense tout de suite que ça à voir avec un trafic. Ils échangent encore trois mots sur le seuil. Alain Lapoule lui montre un cathéter qui dépasse de sa chemise à carreaux marron en guise de réponse à son "ça va ?". Il ne tient pas du tout à expliquer ce qu'il fait là à attendre. Il sait qu'Haltmann l'a deviné. Il sourit de son sourire édenté et de sa voix gouailleuse lui explique qu'on lui fait des dialyses péritonéales. Il a un côté vieux Gavroche. Combien de temps tiendra-t-il encore sous la mitraille en chantant ? Haltmann se sent envahi d'une immense pitié et pousse la porte du CMP. A la prochaine.



11 juin 2008

Un chti lien pour ce soir (ça faisait longtemps, non ?) : la liste des 100 albums de Jazz indispensables selon le Newyorker himself! Testez vos connaissances et comblez vos lacunes éventuelles ! (via mnemoglyphes)

07 juin 2008

Pensée de la nuit N°136 : "Il y avait la queue à la caisse du supermarché, ce matin. Mon chariot débordait. Civilement, je laissai passer devant moi un chimpanzé qui n’achetait que quelques bananes." Eric Chevillard, l'autofictif


Pensée de la nuit N°135 : "Et pendant ce temps là, à la terrasse de "l'abri côtier" à Sauzon, Pifou, ses deux amis Sarha et Zozo, et le Lapin Rabbit, magicien de son état, se désaltéraient d'un Coca bien mérité en attendant que vienne les rejoindre Rakkam le Dauphin, directeur du Cirque Des Poissons et capitaine du Grand Vaisseau Aux Voiles Multicolores et Changeantes, pour fêter la fin de cette histoire" Les Aventures du Petit Cheval Pifou, Editions Heurtebise, 1987.
Il n'y a plus rien à la télé, dites-vous ? Mais vous êtes-vous aperçus que la télé n'existe plus ? Il n'y a plus rien à la télé parce que c'est ailleurs. Depuis quelques années, la télé se dilue dans un monde d'images "en ligne" bien plus vaste qu'elle. TF1 et Antenne2 vous font croire qu'elles existent toujours, mais c'est faux. Elles occupent indument votre temps de cerveau disponible. Votre vieux poste, même mural, extra plat HD ready ou tout ce que vous voulez n'est plus qu'une interface. C'est comme votre ordinateur : il n'est plus qu'un terminal, son disque dur ne vous sert plus à rien. Tout est stocké en ligne. Avez-vous remarqué que votre téléphone vous sert à tout (par exemple entrer chez vos amis quand vous avez oublié le code, d'ailleurs je prédis la fin des codes à brève échéance, en même temps que la fin des CDs et des DVDs et bien entendu de la radio, sans parler du papier) il sert même à payer vos impôts ou vos impayés ? En fait, depuis peu, la télé et votre ordinateur et le télephone c'est la même chose. Une vaste confusion est en train de naître : Internet, la télé, l'ordinateur et le téléphone deviennent identiques : des objets portails, qui servent à entrer dans le monde virtuel. Depuis près de soixante ans la télé et le livre, les images et l'écrit, se livraient un combat sans merci. Je me demandais pourquoi le livre n'avait toujours pas été vaincu. Je me disais que le courrier électronique avait été la grande chance du livre ; il avait aidé l'écrit à tenir (de même que les texto qui avait insinué l'écrit dans l'audio). Mais l'échéance n'avait été retardée que par manque de puissance. Ce que nous apprend cet article du journal Le Monde m'emplit d'une délicieuse terreur.

02 juin 2008

Rue de Tournon, 3


Madeleine Charles, dite "Mademoiselle Charles", notre professeur de piano, avait été premier prix de Rome au début des années 30. C'était une toute petite demoiselle, ronde comme une agate, au visage lunaire, au chignon grisonnant toujours impeccable et aux petites lunettes posées sur le bout d'un petit nez pointu. Ses doigts boudinés, ses petites mains qui semblaient vissées au bout de bras dodus et courts n'en faisaient certes pas un parangon de pianiste, mais, après que, une fois venue chez nous tester le noir piano droit à chandeliers que nos parents venaient d'acheter d'occasion et qui trônait dans la salle à manger, elle nous eut plaqué toute un dégringolade d'accord fortissimo à faire trembler l'immeuble mieux que que le métro de la ligne de Sceaux qui passait juste en dessous, nous reconnûmes unanimement son grand talent artistique (plus tard nous aurions un vrai Pleyel tout neuf en bois clair et à cadre métallique qui confirmerait sinon notre vocation au moins notre assiduité) Toujours souriante et bienveillante quoique parfaitement capable de s'impatienter quand nous n'avions pas travaillé et même de s'agacer, ce qui nous mortifiait, quand nous oubliions un peu trop les altérations à la clef, elle était pleine d'admiration et de respect pour ses petits élèves, ces petits messieurs et ces petites demoiselles, fils et filles de docteurs, de magistrats et de professeurs si bien élevés si travailleurs qui venaient bien sagement prendre leurs leçons après l'école. elle ne nous embêtait pas trop avec le solfège et l'harmonie. Je n'avais aucune oreille et j'étais sincèrement accablé de ce handicap. Elle me consolait très gentiment en m'expliquant que c'était sûrement parce que j'avais beaucoup d'imagination, ce qui distrayait mon cerveau de mon oreille, mais qui, en somme, était une autre avantage, comme chacun savait, pour l'interprétation et le supplément d'âme. Chaque mois de Juin, elle réunissait tous ses élèves et leurs parents pour l'audition annuelle. Le petit appartement déjà encombré de pianos (il y avait deux pianos d'études pour les leçons ordinaires et un piano demi-queue, un Gaveau, qui occupait tout une pièce sur lequel nous ne jouions qu'une fois par an (le son feutré un tout petit peu au-delà de nos mains, le toucher de velours du piano à queue m'enchantait, c'était la récompense de l'année, en somme)) se remplissait de chaises toutes plus inconfortables les unes que les autres sur lesquels nos parents et nous mêmes, entassés, souffrions le martyre dans nos plus beaux blazers, avant de nous voir délivrés par notre passage au clavier. Malgré les fenêtres largement ouvertes sur la rue de Tournon, l'appartement était une fournaise. Mademoiselle Charles, secondée pour l'occasion par sa sœur Marthe, aquarelliste de profession, toute aussi petite mais aussi mince et sèche qu'elle était ronde et dodue, faisait circuler des rafraichissements au prix d'acrobaties dont nous ne l'aurions jamais crue capable. Pour l'occasion, elle faisait venir une sommité du Conservatoire, Suzanne Demarquez, compositrice et auteur de nombreuses méthodes de solfège, alter ego d'Alfred Cortot en personne, qui s'asseyait sur le meilleur fauteuil, entre le clavier et la fenêtre , à un souffle de notre joue, prenait un air de sphinx impénétrable et somnolait déjà pendant que les doigts malhabiles des plus petits massacraient à tout de rôle le petit âne gris de Jacques Ibert et le gai Laboureur de Shumann. Je me souviens quant à moi d'y avoir, entre autre, estropié bravement un tambourin de Rameau, une arabesque de Debussy, une valse de Milhaud et un nocturne de Fauré. J'y reçus pourtant plusieurs fois les encouragements mécaniques de la grande dame que j'avais bien du réveiller par l'accumulation des fausses notes et des hésitations. Le clou du spectacle était immanquablement les grands élèves dont Alain Z. et son noeud papillon dans des sonates d'un niveau supérieur (Beethoven, Chopin) bien qu'elles aussi passablement massacrées et parfois accompagnées, fin du fin, au violon par Monsieur Emmanuel, premier violon au concert Colonne. C'était un moment hautement culturel. Après les vivats, Suzanne Demarquez se levait, tendait le cahier de ses observations à notre mademoiselle et se dirigeait vers la sortie en agitant les mains, précédée et suivies par les deux soeurs confondues en remerciements et courbettes. Après quoi, l'appartement se vidait rapidement, et nous nous disons au revoir, dans la tiédeur de l'été, sous le ciel rose des soirs de juin, au milieu de la rue de Tournon déserte. Et tout cela se passait au siècle dernier.

29 mai 2008

Rue de Tournon, 2



La rue de Tournon est une rue évanescente. Il y en a quelques une comme ça à Paris. Elles partent tout droit, comme des rues ordinaires, font même un ou deux virages et puis tout à coup, elle vous filent entre les jambes, s'éclipsent sans rien dire et vous vous retrouvez dans une rue d'un autre nom, la rue de Seine, par exemple. La rue de Tournon est de ces rues là, elle ne sait pas se tenir, elle fait long feu, pfuit! Malgré un bon départ, bonne largeur, belles maisons dix-huitième des deux côtés, hôtels particuliers, classés même, boutiques de luxe, Bonpoint et compagnie, tout à coup, peu après avoir traversé la rue Saint-Sulpice, elle disparait : c'est dans la rue de Seine que vous vous retrouvez. Elle change de nom sans prévenir. Peut-être qu'en réalité elle n'est que la rue de Seine, qui s'est déguisée, allez savoir pourquoi, en rue de Tournon juste avant d'arriver à la rue de Vaugirard (si vous allez vers le Luxembourg), mais n'empêche, La rue de Tournon une rue qui manque de tenue, un peu libertine, un peu inconséquente, qui vous joue un petit tour et puis s'en va comme au temps du bon roi Louis XV. La rue de Seine peut faire l'importante, elle qui file, droite comme un "i" , jusqu'à son but, la Seine et le quai Malaquais. Sérieuse et toute à ses affaires, on pourrait la dire étriquée, elle qui n'a pas les largeurs de la Tournon, mais, sans conteste, c'est une des valeurs sures du sixième arrondissement. J'ai longtemps fréquenté la rue de Tournon de dix à vingt ans, c'est à dire tout au long de mes "dix ans de piano" dont il ne reste maintenant pas grand chose. Notre professeur, à mon frère et à moi, était l'une des deux demoiselles Charles, prénommée Madeleine , et nous avait été indiquée par le docteur Z. qui lui avait déjà confié l'éducation musicale de deux de ses fils, Alain Z. et François Z., respectivement de cinq et sept ans nos ainés. Nous nous croisions parfois sur le palier de l'entresol qu'habitaient les deux demoiselles. Les deux frères Z. contrairement à nous, étaient très doués pour le Piano. En outre, François était élève des grandes écoles et Alain commençait de brillantes études de médecine. Plus tard nous nous croiserions aussi à la fac, moi en première année et lui déjà chargé de travaux dirigés en embryologie, surveillant nos examens et feignant de ne m'avoir pas reconnu, juste avant Mai 68. Je l'ai toujours vu avec un nœud papillon autour du cou dès son plus jeune âge aux auditions de piano, à croire qu'il était né avec. C'était d'ailleurs probablement le cas puisqu'il perpétrait la tradition familiale en embrassant la carrière de médecin dont on sait que le (noeud) papillon est l'emblème immémorial. François abandonna quant à lui le piano assez vite et bifurqua vers les sciences dures, en délicatesse semblait-il avec le reste de la famille. Toujours est-il que maintenant Alain Z. est un dermatologue reconnu, avec pignon sur rue et noeud pap, qui trace du bout de l'ongle, sinon à la pointe de l'épée, mais d'un geste large un "grand "Z" comme Z*rr*", sur votre dos à la recherche d'un éventuel dermographisme qui vous ferait entrer dans la grande famille des allergiques.
Un haïku par bain, 68 (versions 1 et 2)


Gelée translucide,
Figé comme un fruit confit
J'y marine en mai.


Zonzon d'une mouche,
Des pies piapiatent dans l'ombre,
Derniers soirs de mai.

27 mai 2008

Rue de Tournon

Je me souviens de la rue de Tournon. C'était la rue du docteur Z. et des sœurs C.. Le docteur Z était notre médecin de famille. Chez nous, le docteur Z, on l'appelait "Z", quand on parlait de lui, mais quand on allait le voir, on lui donnait du docteur, bien respectueusement. Il recevait chez lui, comme cela se faisait beaucoup à l'époque, dans un appartement somptueux, auquel on accédait après avoir grimpé une volée de marches en marbre au-delà d'un porche majestueux. Son cabinet de consultation, saint du saint, se trouvait au bout d'un dédale de couloirs sombres, éclairés de jolies lampes posées sur des meubles de style, décorés de tableaux de maîtres, où nous guidait avec discrétion, mais d'une fermeté toute professionnelle, madame Z., sa femme, qui lui servait aussi de secrétaire. Nous étions donc aussi plein de respect pour elle. Ce n'était certes pas un petit docteur. Il avait été condisciple du professeur Gilbert-Dreyfus chez qui je ferai plus tard mon premier stage (Il existe une "photo" de service où Gilbert-Dreyfus pose en sarrau et calot blancs entouré de la centaine d'infirmières et de médecins de son gigantesque service, on m'y voit en tout petit, dans les derniers rangs. Un vrai mandarin, inatteignable, ce Gilberet-Dreyfus, j'en ai connu d'autres par la suite (Castaigne, Lhermitte (François, le fils de Jean), Cabrol (celui de la greffe du coeur qui n'était à ce moment là que l'agrégé de Mercadier), Guiraudon adorable enseignant d'anatomie, Grosgogeat, le cardiologue, futur médecin pesonnel de J. Chirac, et d'autres dont un rhumatologue communiste dont le nom m'échappe et tout aussi mandarin que les autres), comme juif il avait, selon mes parents, souffert de discriminations avant et pendant la guerre - il n'y avait pas plus antisémite en ce temps là que la faculté de médecine - et n'avait de ce fait pas pu accéder aux hautes fonctions que mes parents étaient persuadés qu'il méritait. Depuis longtemps il était spécialiste en endocrinologie, mais il avait gardé, toujours selon mes parents, une partie de sa vieille clientèle en médecine générale dont ils s'honoraient de faire partie. Au fond, je crois maintenant qu'il n'avait jamais été qualifié par l'Ordre, ceci expliquant cela. C'était un professionnel hors pair. Je me souviens qu'il a soigné à domicile deux des trois infarctus que fit Mongrandpère avant que le troisième ne l'emporte avec un dévouement impossible à imaginer de nos jours. C'était un bon vivant, gaillard chaleureux et infatigable, au sourire ravageur et à la voix particulièrement séduisante, un peu à la Montand, sorte de demi-dieu vivant et dyonisiaque pour toute notre famille d'hypochondriaques, à qui je dois cependant personnellement un fière chandelle. Je dirai peut être un jour laquelle.

20 mai 2008

Le 20 mai 1985 j'écrivais exactement ceci : " D'une autre planète, les onze psychiatres de Corbeil, les astronautes particuliers, quand ils font l'amour, ça fait des points rouge et blanc comme la neige à la télé. Je suis une astronaute intersidérale, je reviens sur terre huit, quatre vingt huit mille fois pour régler les problèmes judiciaires de huit femmes. Maria Fabris. Vintimille. On n'a pas voulu la laisser passer la frontière. On lui a tué cinq enfants. Je ne m'appelle pas Odile Marie B. mais j'ai eu d'autres noms : Olivia de Havilande. La planète blanche avec les astronautes blancs qui ne peuvent pas manger quand ils font l'amour avec une femme qui saigne les globules rouges envahissent les globules blancs. Onze spermes, il n'y a que onze spermes qui engendrent tout. Les onze familles de Corbeil. Lisez Aurelia en 2001, c'est un petit livre avec dessins faits à la main..."

19 mai 2008

Je me sens beaucoup plus loin de mon passé qu'il y a quelques années. Vieillir, serait-ce simplement revenir dans le présent après une longue ballade dans le futur? J'ai des moments de paralysie totale. Je m'y suis habitué. Au début cela me faisait peur, plus maintenant. J'attends que ça passe. Là, maintenant par exemple je crois que c'est en train de passer. Je viens de plonger à nouveau dans mes carnets des années quatre vingt. Je n'y trouve pas ce que je cherche : " Mardi 28 aout 1984. De "jour" au 26, avec Eric. Madame B est déchaînée (...) Pauvre madame B., elle va de plus en plus mal. Elle nous a bien usés, nous les p'tits jeunots. Le matin je suis allé voir monsieur S. en médecine. Après, entretien avec monsieur C. en arrivant au 26. Madame B. nous embarque pour Euromarché. Elle compare les prix et se décide pour un four électrique Moulinex. Elle nous emmène à son foyer logement. Comment décrire cet endroit ? Par l'intérieur, d'abord. Des couloirs tout droit assez larges pour laisser passer des lits, des rampes de sécurité, des patios. Par l'extérieur, ensuite. De petites maisons juxtaposées dans un joli parc avec des jardinets privatifs. Si on veut, on peut entrer par les jardins. Du côté jardin : la vie, le village à l'américaine, la société ; de l'autre, côté cour - couloir, l'hôpital, l'asepsie, l'administration, le désert clos. Très forts, les architectes! Mais un peu pervers, non? Dès que la mémé réintègre ses pénates, elle délire à plein tube. Eric et moi, on se casse discrétos, la laissant à ses élucubrations (le concierge, noir, évidemment, vient coucher dans son lit avec ses maîtresses quand elle n'est pas là. Elle parsème le studio de pièges, futures preuves du passage du malfaiteur. Evidemment tous les pièges fonctionnent) Le soir, juste le temps de souffler, écouter le récit de C. qui revient tout droit de Perros Guirrec, de chez les Zazzo dont elle a interwivé Bianca, mais où elle a dîné et petit déjeuné avec René. Ils ont une drôle de vie , ces gens là. Par exemple : René Zazzo est un maniaque de la photo. Il a photographié quatre fois C. Georgie arrive pour me faire entretenir avec sa copine qui va mal. L'entrevue se passe dans l'appartement vide du boulevard Saint Michel. C'est un peu surréaliste. Françoise, quarante et un ans, très dépressive, lourde histoire, intelligente, bizarre. Deux heures d'entretien, presque. On n'arrête jamais. En tout cas, ça permet à Georgie de ne pas culpabiliser trop de son départ..." Etc. Etc.

12 mai 2008

Tu n'as rien vu à Ground Zero. Juste des palissades et des grues. Pas de nuées ni d'armées de grues, beaucoup de grues. Un chantier presque comme un autre. Rien de très impressionnant. On passait par là, on revenait de chez "J and R", on était allé chez "J and R" parce que "B and H" était fermé (une trotte de la 34ème rue au Lower Manahatan, mais comme le temps est compté on en vient à faire tout le même jour). "Tiens, c'est Ground Zero !" " Ah oui..." On voyait des grues et une grande palissade. Et les gens qui passaient, tous indifférents. On s'est engouffré dans le métro. Il ne s'est rien passé à Ground Zero, les passants passent, passent les bus et les taxis, et même les voitures des pompiers, la ville est une hydre. Une des tours que l'on construit est assez avancée, mais on ne voit pas bien le résultat final. Si j'habitais NYC (je rêve d'habiter NYC dans une prochaine vie) je ferais comme à Paris : j'irai voir les chantiers. J'en ai vu de grands et beaux chantiers : Le chantier du Trou des Halles, celui du Grand Louvre, de l'arche de la défense, celui de la grande Pagode d'Evry ; ou bien j'irais à Barcelone surveiller étroitement (plus qu'une fois tous les dix ou vingt ans) les progrès de la Sagrada Familia. NYC est la ville idéale pour les fanas des chantiers comme moi. Par exemple, on est en train de construire non loin de Lexington avenue et soixante troisième rue une tour qui semble dépasser largement les hauteurs du quartier. Mais il y a quelque chose qui cloche : on ne la voit pas de loin mais de près. Elle n'est pas si haute. Elle est seulement très étroite, très fine, gracile. Elle me fait penser à ces mannequins anorexiques des magazines. La mode est aux tours très fines et pas très hautes : je trouve que cette façon de jouer avec le paysage, de tricher avec la perspective est assez caractéristique de notre époque de faux-semblants. J'ai cherché à voir à quoi ressemblerait le nouveau World Trade center : c'est très bien qu'on ait pas décidé de faire la plus haute tour du monde, ce que les tours jumelles étaient, mais en même temps c'est un peu triste, comme si on avait accepté de se laisser dépasser par les autres, Dubaï et sa BurjDubaï, par exemple. S'il n'y avait pas eu les gratte ciels, Manhatan aurait éclaté dans l'étau de l' Hudson et de l' East River. Il n'y avait pas moyen de faire autrement, le manque d'espace poussait littéralement vers le haut. C'était comme la poussée des Alpes, ou celle des Pyrénées, inéluctables, tectoniques et naturelles, flamboyant cataclysme. Qui aurait pu penser que cela s'arrêterait un jour ? Pas que ça s'arrête vraiment à l'heure qu'il est, je ne suis pas sûr que cela ralentisse même, mais, tout de même, ces petites tours fines m'inquiètent. On commence par affiner, pour donner le change, après on rétrécit, comme le Mont Blanc, centimètre par centimètre, et on finit carrément par devenir une ville-musée.

11 mai 2008

Guernica en 3D (trois dimensions) pourquoi pas ? (via Aïe Tech)

Une belle photo de Nathan sur son photostream chez Flickr

10 mai 2008

Tout sur tous les gratte ciels du monde, en construction ou déjà construits. Normal, au retour de NYC, non ? Très bien fait, complet, tout.
Une page du journal de Thiron-Gardais, par le maître blogeur JC Bourdais. Impressionnant (voir en LCD)
Un Haïku par bain, 66 et 67


C'est un coin liquide
Où niche une baignoire. Ouf !
Retour au bercail.



Une autre baignoire
Me fit me sentir un peu...
Plus occidental.

06 mai 2008

QUEENSBOROUGH BRIDGE

04 mai 2008

Je ne pourrai plus jamais retourner à New York de ma vie. C'est ce que m'a annoncé le docte chauffeur de taxi qui nous ramenait à Newark. J'en ai connu des chauffeurs de taxi : bengladeshi bavard qui pestait contre les embouteillages et qui disait que c'était parce que New York était une ville trop petite, il ne rêvait que de retourner dans sa Dacca natale et vaste, Haïtien plutôt taciturne mais qui parlait français comme vous et moi (d'ailleurs les noirs américains ne sont plus ce qu'ils étaient, on dirait qu'ils sont tous francophones, de Haïti, du Québec ou surtout d'Afrique, Côte d'ivoire, Sénégal et j'en passe, New York est une ville où on parle de plus en plus français), petit blanc du Sud, très gentil très serviable mais qui connaissait la ville moins bien que moi, grand black suspendu à la retransmission d'un match de Basket à la radio, petit vieux qui écoutait du Ella Fitzgerald et bien d'autres. Ce chauffeur de taxi donc, grec de Salonique pour sa part, aux US depuis 31 ans, revenant tous les ans au pays visiter sa famille, ayant beaucoup voyagé en Europe mais pas à Paris, ce qu'il souhaitait ardemment faire, tout en écoutant l'équivalent américain de France Culture, tout aussi confidentiel que chez nous, où un grand professeur faisait un exposé sur les maladies génétiques qui le captivait, me demandait combien de fois j'étais déjà venu à New York. Je lui répondais que je ne savait plus très bien mais que cela faisait en moyenne une fois tous les cinq ans depuis 1980. Il rétorqua : " C'est bien ce que je dis, vous ne reviendrez donc plus à New York." Un peu interloqué, je lui demandais pourquoi, ce à quoi il répondit : "Si vous venez aux US que tous les cinq ans , la prochaine fois il y a de fortes chances que vous ne puissiez pas venir : il n'y aura plus d'avions ! "Plus d'essence pour mettre dedans !" A quoi je répondis : "alors je prendrai le bateau" - "impossible, la mer sera gelée !" - "Alors à patin à glace, je patinerai ! " Il eut un sourire entendu. Même s'il plaisantait, je ne trouvais pas cela drôle. L'idée, possible tout de même, voire probable, que je ne pourrais plus revenir à New York, mais pas pour des raisons écologiques, il y a mille raisons triviales pour que je ne revienne jamais à New York m'alourdissait le cœur. Je me sentais au bord des larmes. Ce grec écologiste et érudit était un diable. Il m'avait volé la tristesse du départ et l'avait troquée contre une prédiction sombre et réalisable. Nous traversions le New Jersey, paysage industriel et ingrat comme dans le générique des "Sopranos", devant nous la tout de contrôle de l'aéroport de Newark se détachait sur le soleil couchant, non loin des lourds grattes ciel du centre de Newark city, ville natale de Philip Roth. En me retournant, entre les têtes de Lo Nat et Oxy, par la lunette arrière du taxi je pouvais voir pour la dernière fois le skyline scintillant de Manhattan qui commençait à se perdre dans le lointain et qui ressemblait de plus en plus à ces vues en rase motte de SimCIty. Les avions, qui ne voleraient plus dans cinq ans donc, décollaient pourtant encore dans tous les sens dans le ciel immaculé qui évoquait une toile peinte de studio hollywoodien. On pouvait les voir virer sur l'aile et prendre fièrement leur élan vers l'azur. Une fois de plus, la vision était sublime. Ce paysage plat, gigantesque, exempt de toute végétation hormis une vague herbe jaune et rase, truffé de cheminées d'usines de hangars et de ponts métalliques enchevêtrés ne faisait pas exprès d'être beau. Aucune hystérie. C'était la rudesse même du nouveau monde. Une symphonie. Devant nous, une nuit de 15 heures sans sommeil attendait.