« Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie de n’être pas fou.» B.Pascal
30 mars 2005
Nous irons à la mer en hiver. S'il y a du soleil ce sera bien. Mais la pluie et le vent ne nous arrêteront pas. Nous nous donnerons des rendez-vous à l'aube sur des parkings et nous nous installerons dans notre petite auto. Nous nous arrêterons sur l'autoroute pour prendre des cafés et acheter des bouteilles d'eau minérale, du coq à l'âne et des sandwichs. Une fois arrivés nous nous hâterons vers la jetée voir si la mer est forte et s'il y a de grosses vagues. Nous nous assiérons pour les contempler sur des plages de gros galets pas très confortables et nous irons nous promener le long des falaises au milieu de hautes herbes sèches. Quand nous aurons faim nous nous installerons au fond des seuls petits troquets ouverts du port en cette saison avec des nappes à carreaux sur la table et avec un menu du jour, une assiette de fruits de mer et du vin blanc. Nous serons généralement les seuls clients, vu l'heure tardive et le jour de semaine. Après ce sera selon : soit le vent aura forci, les vagues auront encore grossi et nous irons les voir depuis la jetée, soit la pluie se sera mise de la partie, ruissellera au bord de ton capuchon et te gouttera sur le nez et nous irons alors visiter ou bien le musée de la Bénedictine ou bien celui des terres-neuvas. Et puis il ne sera pas loin de cinq heures et il nous faudra songer au retour. Nous monterons dans notre petite auto, nous prendrons l'autoroute en sens inverse et arriverons au milieu de la nuit noire sur notre parking. Nous nous ferons des adieux et des serments d'amour. Nous irons à la mer en hiver, à Mézilles au printemps, à Orcival en été, à Fontainebleau jusqu'à la fin des temps.
29 mars 2005
Une bonne "entrée" sur les blogs. Le sujet a beau être à la mode, ce n'est pas si fréquent... Je fais d'ailleurs immédiatement entrer le "Baron Perché" dans ma "Nouvelle Liste des Merveilles", prochainement en LCD (cliquez sur le lien pour comprendre, sinon, non)
26 mars 2005
En 1834, dans l'introduction aux trois volumes intitulés "Cent vues du mont Fuji, Hokusaï écrit : "À l'âge de six ans, j'aimais copier la forme des choses et vers cinquante ans mes dessins étaient fréquemment publiés ; Mais jusqu'à l'âge de soixante-dix ans rien de ce que je n'avais dessiné n'était digne d'intérêt. À soixante-treize ans, je fus à peu près capable de me pénétrer de la croissance des plantes et des arbres, et de la structure des oiseaux, des insectes et des poissons. Ainsi, quand j’eus atteint quatre-vingts ans, j'espère avoir eu fait de croissants progrès, et à quatre-vingt-dix ans avoir vu u peu plus loin dans les principes sous-jacents des choses, si bien qu'à cent ans j'aurai atteint un stade divin de mon art et qu'à cent dix ans chacune de mes taches de couleur et chacun de mes coups de pinceau semblera vivant." La "grande vague" fait partie d'un premier recueil intitulé " trente-six vues du mont Fuji" et publié quelques années auparavant. C’est le dessin le plus célèbre d'Hokusaï : on y voit la fameuse vague bleue dressée sur une hauteur formidable, surmontée d'une dentelle d'écume blanche, menaçante comme une bête fantastique, son mouvement comme figé à son acmé, laisser le passage à un frêle esquif qu'elle pourrait très certainement engloutir comme un rien et qu'on devine dans un creux dévoilant un bout de la côte, finalement toute proche, où se découpe au loin la silhouette si reconnaissable et si attendue du mont Fuji. À Fécamp ce jour-là, ils avaient eu de la chance : le ciel était bleu rayé de longs nuages gris effilochés. La mer leur faisait fête, elle dépassait leurs attentes, elle envoyait très haut ses éclats d'écume. Elle jetait ses grosses vagues couleur d’huître contre la jetée avec une constance enthousiaste et inébranlable. Il y avait d'abord un grand boum comme un coup de canon un peu assourdi. Une ou deux secondes après la gerbe d'écume éclatante de blancheur se dressait, comme un monstre débonnaire, défiant un moment les lois de la pesanteur. Elle s'y soumettait ensuite, faute de mieux, et retombait non sans avoir copieusement éclaboussé la petite casemate derrière laquelle, toute petite, ravie mais pas trop téméraire, elle jouait à cache cache avec elle.
23 mars 2005

19 mars 2005
La première fois que j'ai écouté Summertime, je me souviens très bien quand. C'était vers les années soixante quinze. Je dis bien la première fois. En Soixante quinze. En plein milieu d'une nuit d'été, au douzième étage d'un bel immeuble du treizième entouré comme un vaisseau spatial des lumières de la ville. J'avais bien du l'entendre avant, Summertime, le temps de l'été, qui était précisément celui où nous trouvions tous les quatres à boire et à écouter du Jazz, mais je n'y avais probablement pas prêté plus d'attention que ça : un standart de Jazz parmi d'autres. Je ne l'avais jamais écouté comme ce soir là. C'était chez Jacky et Nathalie. Jacky était un grand amateur de Jazz. Il avait été notre premier guide en ce domaine. Nous allions de découverte en découverte, au fur et à mesure qu'il posait les disques sur la platine (on dit maintenant les "disques noirs", si j'avais prévu à l'époque qu'ils seraient bientôt remplacés par les CDs je les aurais appelé des "grands disques", probablement), une piste de celui-ci, deux ou trois pistes de celui-là, ce qu'il aimait bien et voulait nous faire partager, dans la chaleur de cet été là, qui jamais ne reviendra. Jachim Kuhn, Keith Jarret (Köln concert, je crois bien)et puis soudain ce summertime. J'avais déjà entendu du free. Coltrane, "My favorite Thing", "Olé" et plus tard a "love suprême", et puis, je n'étais ps sûr d'aimer, Ornet Coleman, Antony Braxton et Cecil Taylor, Sun Ra, Pharoa Sanders etc. Summertime, c'était comme si j'écoutais de la musique pour la première fois, pas du Jazz, pas du free, de la musique. enfin, c'était comme autre chose que de la musique mais de la musique malgré tout, qui faisait mal, au coeur, aussi mal que des sanglots longs et des violons. Dans la nuit du treizième. Un solo déchiré. une grande blessure de silence. Aussi douloureux à écouter que certains lieds de Mahler. Je me souviens du sortilège de l'instant comme celui d'un autre monde. Une irruption, un basculement. Je n'ai pas aimé tout de suite, j'ai juste été choqué. Et jamais, après, Summertime ne sera aussi bellement joué. Bien plus tard j'ai rencontré les livres de Jacques Réda et sa manière d'écrire le jazz et de dire le temps de l'été : "Mais quand il s'en est approché, il a vu que le temps simplement suspendu de l'image s'était figé, et avec lui toutes les figures heureuses qui s'y mouvaient sous sa sauvegarde. La scène entière avait basculé dans le temps immobile du passé, et déjà ses couleurs avaient perdu de leur vie, le gris des vieilles photographie neigeait sur l'horizon doré, parmi les ombres opulentes des arbres. Ayler a vu que le temps de l'été s'était achevé. Il n'a pas joué Summmertime. Il s'est agenouillé devant luié il lui a parlé à voix basse et tendre, il l'a supplié comme pour rapeller à soi quelqu'un qui vient de défaillir et à demi defaillant lui-même, il lui a chuchoté et crié combien il avait été beau et combien lui, Ayler, l'aimait, et combien cette distance infranchisssable où il se retranchait maintenant était effrayante et injuste, et cédant à la colère du chagrin il s'est emporté, entrecoupant d'injonctions sa plainte pantelante et presque animalement funèbre. Puis il s'est calmé peu à peu. Il n'a plus émis qu'une lamentation résignée proche du murmure. C'était fini."(L'Improviste). Je trouve ce texte aussi beau que la musique dont il parle. C'est pourquoi jamais je ne pourrai écrire sur Sumertime.
15 mars 2005
13 mars 2005
Je pense à
Ciscoblog. Pas beaucoup de temps pour Ciscoblog. La vie d'un Psychiatre d'Exercice Public n'est pas facile facile par les temps qui courrent : des gardes, des soucis avec des patients, des expertises en retard et l'actualité des médias. Je suis, je l'avoue, décontenancé, angoissé même, par la répétition rapprochée de l’extrême violence qui nous est rapportée et qui frappe des collègues de plein fouet (Pau, Saint Maur…). Je l’ai déjà dit ici, même si le monde de la psychiatrie est un mode violent, par essence, voire par définition, les évènement que rapportent les médias (sans aucun recul) sont relativement rares. Tout de même, et quand la psychiatrie fait la une ce n’est jamais bon signe, presque dix minutes au « 20 heures » de TF1, sur lequel je suis tombé hier, de garde dans le service à Vigneux, à la fin du repas, entouré de quelques patients « schizophrènes » qui ont d’ailleurs reçu le coup sans broncher. Trois fois plus que sur la situation en Irak, et dix fois plus que sur Florence Aubenas…Et le « supplément télévisé » du très sérieux journal «Le Monde » qui en ajoute une couche en publiant une lettre d’un lecteur qui se demande en substance s’il faut continuer à confier notre santé mentale à des incapables Un peu dur à avaler. J’excuse le lecteur, peu importent les difficultés qu’il a pu rencontrer avec notre profession, mais pas la rédaction du journal qui a publié hâtivement la lettre. Dans le même journal, mais dans son édition quotidienne, réputée bien sûr pour son sens de la mesure, j’apprends que « trente personnes travaillent au Centre médicopsychologique de Saint Maur » et que tout le monde stigmatise le manque de personnel. Je crois rêver ! C’est tout juste si au CMP de Vigneux sur Seine où je travaille, ville au moins aussi peuplée que Saint Maur, et autrement plus pauvre, on atteint le tiers. Trente personnes dans un CMP, objectivement c’est beaucoup. Je crois qu’il y a peu de CMP en France qui peuvent se vanter d’avoir une telle équipe. Combien de personnes devraient travailler au CMP de Saint Maur ? Cinquante ? Soixante ? Décidément, je me dis que le problème n’est plus du tout celui du « manque de personnel », et pourtant il en manque, dramatiquement, partout dans les "secteurs". Ajouter des gens, surtout dans les unités d'hospitalisation, il faut le faire, c'est certain, mais j'en suis à me demander si cela va changer grand-chose. C’est du changement radical des relations entre une société qui doute et l’image qu’elle donne de sa propre « santé mentale » ou de sa propre « folie » qu’il est en fait question. C'est un peu plus dramatique encore que le "manque de personnel". Il y a du pain sur la planche pour les psychiatres d’exercice public, vous ne trouvez pas ? J’y courre de ce pas, un peu à reculons pour la première fois de ma vie, le cœur en berne et plein de doute en mes « capacités »… Mais en voilà assez pour ce soir. Bonne nuit braves gens, dormez tranquilles. Et à très bientôt, sur Ciscoblog.
Ciscoblog. Pas beaucoup de temps pour Ciscoblog. La vie d'un Psychiatre d'Exercice Public n'est pas facile facile par les temps qui courrent : des gardes, des soucis avec des patients, des expertises en retard et l'actualité des médias. Je suis, je l'avoue, décontenancé, angoissé même, par la répétition rapprochée de l’extrême violence qui nous est rapportée et qui frappe des collègues de plein fouet (Pau, Saint Maur…). Je l’ai déjà dit ici, même si le monde de la psychiatrie est un mode violent, par essence, voire par définition, les évènement que rapportent les médias (sans aucun recul) sont relativement rares. Tout de même, et quand la psychiatrie fait la une ce n’est jamais bon signe, presque dix minutes au « 20 heures » de TF1, sur lequel je suis tombé hier, de garde dans le service à Vigneux, à la fin du repas, entouré de quelques patients « schizophrènes » qui ont d’ailleurs reçu le coup sans broncher. Trois fois plus que sur la situation en Irak, et dix fois plus que sur Florence Aubenas…Et le « supplément télévisé » du très sérieux journal «Le Monde » qui en ajoute une couche en publiant une lettre d’un lecteur qui se demande en substance s’il faut continuer à confier notre santé mentale à des incapables Un peu dur à avaler. J’excuse le lecteur, peu importent les difficultés qu’il a pu rencontrer avec notre profession, mais pas la rédaction du journal qui a publié hâtivement la lettre. Dans le même journal, mais dans son édition quotidienne, réputée bien sûr pour son sens de la mesure, j’apprends que « trente personnes travaillent au Centre médicopsychologique de Saint Maur » et que tout le monde stigmatise le manque de personnel. Je crois rêver ! C’est tout juste si au CMP de Vigneux sur Seine où je travaille, ville au moins aussi peuplée que Saint Maur, et autrement plus pauvre, on atteint le tiers. Trente personnes dans un CMP, objectivement c’est beaucoup. Je crois qu’il y a peu de CMP en France qui peuvent se vanter d’avoir une telle équipe. Combien de personnes devraient travailler au CMP de Saint Maur ? Cinquante ? Soixante ? Décidément, je me dis que le problème n’est plus du tout celui du « manque de personnel », et pourtant il en manque, dramatiquement, partout dans les "secteurs". Ajouter des gens, surtout dans les unités d'hospitalisation, il faut le faire, c'est certain, mais j'en suis à me demander si cela va changer grand-chose. C’est du changement radical des relations entre une société qui doute et l’image qu’elle donne de sa propre « santé mentale » ou de sa propre « folie » qu’il est en fait question. C'est un peu plus dramatique encore que le "manque de personnel". Il y a du pain sur la planche pour les psychiatres d’exercice public, vous ne trouvez pas ? J’y courre de ce pas, un peu à reculons pour la première fois de ma vie, le cœur en berne et plein de doute en mes « capacités »… Mais en voilà assez pour ce soir. Bonne nuit braves gens, dormez tranquilles. Et à très bientôt, sur Ciscoblog.
12 mars 2005
11 mars 2005
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08 mars 2005
07 mars 2005
Enfin une version électronique de 1 00 000 000 000 000 de poèmes, qui n'a jamais attendu que le web, pas trop tôt ! (via désordre)
06 mars 2005
02 mars 2005
un travail invisible un peu fastidieux enfin terminé (mais quel résultat !) : la mise en ligne de l'intégrale des aventures de Lyse Ananas, voir en LCD (la Colonne de Droite)
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