Jour anniversaire
J'ai glissé machinalement le CD de Mozart distribué par "le Monde" dans le lecteur de la Clio, comme en désespoir de cause. L'adagio du concerto N° 12 en La Majeur par Maurizio Pollini a transfiguré soudain l'insignifiance du paysage. Je n'avais pourtant imploré aucun miracle. Une minute avant, agacé, je cherchais mon chemin, perdu dans le fouillis des rues de banlieue qui se ressemblent toutes, enfilant au hasard les voies incertaines. C'est comme au cinéma : il suffit d'ajouter une bande son. L'image veut parler. L'informe tourne sereinement au construit. Les lignes s'organisent, une perspective émerge. J'ai trouvé que la musique disait parfaitement le paysage ouvrier qui défilait sous mes yeux. Tout devenait calme et limpide. La Clio glissait en un lent panoramique parmi les arbres effeuillés des parcs, les résidences proprettes et les cités laborieuses. Même les terrains vagues et l'uniformité du paysage prenaient, au son de la musique de ce jeune homme de vingt six ans, une profondeur philosophique. Ce qui, un instant plutôt n'avait pas de forme (je m'étais perdu, j'errais à la recherche d'une adresse introuvable) trouvait une signification (voilà que je me promenais, laissant les lieux s'accorder à la musique) Je ne tentais plus de dominer l'espace, je m'y lovais, l'angoisse avait fondu. J'étais au spectacle du monde, partout sur la terre, un moment en paix avec moi même.
J'ai glissé machinalement le CD de Mozart distribué par "le Monde" dans le lecteur de la Clio, comme en désespoir de cause. L'adagio du concerto N° 12 en La Majeur par Maurizio Pollini a transfiguré soudain l'insignifiance du paysage. Je n'avais pourtant imploré aucun miracle. Une minute avant, agacé, je cherchais mon chemin, perdu dans le fouillis des rues de banlieue qui se ressemblent toutes, enfilant au hasard les voies incertaines. C'est comme au cinéma : il suffit d'ajouter une bande son. L'image veut parler. L'informe tourne sereinement au construit. Les lignes s'organisent, une perspective émerge. J'ai trouvé que la musique disait parfaitement le paysage ouvrier qui défilait sous mes yeux. Tout devenait calme et limpide. La Clio glissait en un lent panoramique parmi les arbres effeuillés des parcs, les résidences proprettes et les cités laborieuses. Même les terrains vagues et l'uniformité du paysage prenaient, au son de la musique de ce jeune homme de vingt six ans, une profondeur philosophique. Ce qui, un instant plutôt n'avait pas de forme (je m'étais perdu, j'errais à la recherche d'une adresse introuvable) trouvait une signification (voilà que je me promenais, laissant les lieux s'accorder à la musique) Je ne tentais plus de dominer l'espace, je m'y lovais, l'angoisse avait fondu. J'étais au spectacle du monde, partout sur la terre, un moment en paix avec moi même.