Psychiatrie humanitaire (sic), 2
Pour ne plus revenir dessus et dire les choses avec un minimum de romantisme, j'avais "gagné" ce voyage à Bucarest. On me l'avait offert un peu comme lot de consolation à la suite d'une campagne de nomination fatigante, sans interêt et bel et bien perdue. Il se trouve que l'un de mes concurrents et néanmoins confrères, aussi peu chanceux que moi, membre assez influent à l'époque d'un syndicat professionnel qui ne l'est plus du tout de nos jours, influent, je veux dire, faisait partie du comité d'organisation du "premier congrès mondial de Psychiatrie Humanitaire" et avait inscrit mon nom sur une liste où figuraient aussi certaines célébrités incontestables de la profession. C'était une sorte de 'Psychiatrie Sans Frontière" qui fit lamentablement long feu dans le sillage de "Médecins Sans Frontières" et "Handicap Internationnal", fondés vingt ans plus tôt et qui étaient alors plus ou moins à leur apogée. La Roumanie, qui se remettait plutôt mal de la chute de Caucescu, était le pays "traumatisé" de l'époque. Tenir un congrès humanitaire à Bucarest était une sorte de "coup" : dans la ville même qui avait vu la folie au pouvoir et dont le pays venait d'être "guéri" par une révolution peu sanglante malgré des images célèbres de justice expéditive, on verrait bien pire et encore moins loin quelques années plus tard, le symbole était évident. La violence et la misère, donc, les orphelinats bondés faisaient la une des journaux, à moins de deux heures d'avion des portes des cabinets de médecins de l'âme politiquement corrects et bien nourris que nous étions. Il y a de tout dans l'humanitaire, comme partout, des gens formidables, et j'en ai rencontré ce printemps-là en Roumanie, et aussi des fonds de commerce. Il y a 15 ans ça se voyait moins. On avait le droit d'être un peu naïf. Je ne suis pas du tout amateur de congrès en général et surtout de leurs affriolants "à côtés", banquets, visites culturelles, hôtels tout frais payés etc.. Je m'attendais donc à un congrès "sérieux", "light" et décent. Je me trompais, comme on va le voir, pas sur toute la ligne mais presque. J'avais donc préparé un petit texte assez modeste et démocratique et m'était envolé non sans quelques fantasmes héroiques à travers la tête.
Pour ne plus revenir dessus et dire les choses avec un minimum de romantisme, j'avais "gagné" ce voyage à Bucarest. On me l'avait offert un peu comme lot de consolation à la suite d'une campagne de nomination fatigante, sans interêt et bel et bien perdue. Il se trouve que l'un de mes concurrents et néanmoins confrères, aussi peu chanceux que moi, membre assez influent à l'époque d'un syndicat professionnel qui ne l'est plus du tout de nos jours, influent, je veux dire, faisait partie du comité d'organisation du "premier congrès mondial de Psychiatrie Humanitaire" et avait inscrit mon nom sur une liste où figuraient aussi certaines célébrités incontestables de la profession. C'était une sorte de 'Psychiatrie Sans Frontière" qui fit lamentablement long feu dans le sillage de "Médecins Sans Frontières" et "Handicap Internationnal", fondés vingt ans plus tôt et qui étaient alors plus ou moins à leur apogée. La Roumanie, qui se remettait plutôt mal de la chute de Caucescu, était le pays "traumatisé" de l'époque. Tenir un congrès humanitaire à Bucarest était une sorte de "coup" : dans la ville même qui avait vu la folie au pouvoir et dont le pays venait d'être "guéri" par une révolution peu sanglante malgré des images célèbres de justice expéditive, on verrait bien pire et encore moins loin quelques années plus tard, le symbole était évident. La violence et la misère, donc, les orphelinats bondés faisaient la une des journaux, à moins de deux heures d'avion des portes des cabinets de médecins de l'âme politiquement corrects et bien nourris que nous étions. Il y a de tout dans l'humanitaire, comme partout, des gens formidables, et j'en ai rencontré ce printemps-là en Roumanie, et aussi des fonds de commerce. Il y a 15 ans ça se voyait moins. On avait le droit d'être un peu naïf. Je ne suis pas du tout amateur de congrès en général et surtout de leurs affriolants "à côtés", banquets, visites culturelles, hôtels tout frais payés etc.. Je m'attendais donc à un congrès "sérieux", "light" et décent. Je me trompais, comme on va le voir, pas sur toute la ligne mais presque. J'avais donc préparé un petit texte assez modeste et démocratique et m'était envolé non sans quelques fantasmes héroiques à travers la tête.