« Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie de n’être pas fou.» B.Pascal
27 septembre 2008
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Vices cachés, 2
Je me sens bien dans les supermarchés. Faire les courses ne m'a jamais pesé, je pourrais dire que ça me calme. Mais ce n'est pas seulement parce qu'on y fait les courses que j'aime les supermarchés. Plus ils sont grands, plus je les aime. Je garde par exemple un souvenir ému d'une visite à l'hyper Auchan de Perpignan, peut-être le plus grand du monde avec son allée centrale aussi longue que la rue de Vaugirard et aussi large que l'avenue de Breuteuil. Celui de Bretigny, plus proche de chez moi, que je fréquente plus souvent, n'est pas mal non plus. Je ne suis pas de celles qui, fonçant dans les rayons, véritables folles du caddy, y empilent savamment les vivres de la semaine à la vitesse d'un cheval au galop, avec une dextérité qui les fait ressembler à Kali la déesse tueuse aux milles bras, qui, en plus trainent une ainée de huit ans qui se chamaille avec un petit de cinq à qui il faut tout le temps demander de ranger ce qu'il a pris. Je fais les courses seul. C'est un plaisir solitaire. Et je vais lentement, je prends mon temps. Si je dois me depêcher ce n'est plus du jeu. Ce n'est pas non plus la foule que j'aime, elle me fatigue, me fait perdre mes gonds comme tout un chacun. Bien que je sois pas si mauvais à cet exercice, je ne suis pas non plus de ceux qui adorent particulièrement slalomer du caddy au milieu de mille autres, s'imaginant dans Mario Kart sur le scenic raylway de la consommation. Si je peux, je choisis les heures creuses : entre midi et deux heures ou après le diner. Rien n'est mieux qu'un mardi ou un jeudi entre trois et quatre heures. De temps en temps donc, à l'occasion d'un creux dans mon emploi du temps, cela arrive, certains jours de garde peu chargés par exemple, je cours me faire un trois à quatre à Carrefour. Après cinq heures ce n'est déjà plus ça : les sorties de bureaux déversent les salariées sur les rayons, c'en est fini de la tranquillité. Qu'on ne se méprenne pas : je ne fait pas contre mauvaise fortune bon coeur, j'éprouve un vrai plaisir à faire les courses. J'adore flaner entre les rayons, choisir les produits, essayer les nouveautés, comparer les prix, guetter les promotions. L' hypermarché me donne le sentiment océanique. Ca vous revigore un homme. Magnifique étendue de tous les besoins des hommes, à perte de vue. On attaque ça par un bout, les boissons et, enfilant méthodiquement les rayons, on termine à l'autre bout au rayon culturel au milieu des best sellers et des jeux pour la Wii, après avoir traversé le continent des légumes frais, fait la queue à la poissonnerie et, tel Eddie Constantine dans le génial générique de "Cinéma, Cinéma", avoir ouvert et refemé toutes les armoires à congélation du rayon des surgelés.