Comme vous l'avez peut être constaté de vous même je suis actuellement en mode "forme courte". Je passe mes journées à charrier des cartons et des sacs poubelles. Nous vidons la maison en vue d'une grande et imminente transhumance. Chaque soir, fourbus et les muscles tétanisés par de peu usuels efforts physiques , nous plongeons dans un ou des bains réparateurs. Ce qui explique l'abondance subite des haïkus ci-dessous, d'autant qu'il s'agit des toutes dernières utilisations de la baignoire, la nouvelle maison du Quercy n'étant pour l'instant pourvue que d'une spartiate quoique confortable douche (multi-jets) Nous arrivons donc , chers ciscobloggers, vers la fin de la série des haïkus de bain. Une fin naturelle, en quelque sorte, fin prévue par disparition de la baignoire... D'ici peu il y aura donc une nouvelle série de haïkus mais je ne sais pas encore laquelle ( Je me vois mal passer aux haïkus de douche quitte à changer et les haïkus d'embouteillage auxquels j'avais pensé risquent de ne pouvoir se produire faute d'embouteillages assez fréquents dans la nouvelle région), enfin on verra. J'ai pourtant plein d'idées et d'envies de posts longs mais c'est le temps qui manque et surtout l'accès à l'ordinateur dans l'amoncellement et le désordre qu'est devenu mon bureau. Habituels prétextes... Tout sera redevenu en principe normal vers début janvier date prévue pour le basculement définitif (exempt pour vous, chers cisocbloggers, de douleurs musculaires et autres lombalgies)
« Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie de n’être pas fou.» B.Pascal
29 décembre 2009
22 décembre 2009
15 décembre 2009
Une petite video de l'idole dont nous parle Ciscotwitter en LCD qui, à défaut de vous donner envie de lire le livre - mais j'espère que vous aurez envie de le lire, lisez-le, vous me remercierez toute votre vie - vous montrera à quel point le personnage est sympathique, modeste, humain, naturel et sans façon. Un fan, vous dis-je... (via Noématique, que je m'empresse d'ajouter aux liens en LCD)
14 décembre 2009
13 décembre 2009
10 décembre 2009
09 décembre 2009
Cet après midi, longue traversée de la Brie dans le brouillard jusqu'à Provins, fameuse ville médiévale que je n'ai absolument pas eu le temps de visiter cette fois-ci. C'est au fin fond de l'univers. Les routes, noyées dans la banquise d'ouate sont verticales, on grimpe dans les labours infinis d'où pleut toute l'eau du monde. Tout est dans le blanc, bien au dessus de la stratosphère. On ne redescendra du ciel qu'à la nuit de décembre, aveuglé par les phares des trente tonnes qui foncent en face. J'ai eu le temps d'entendre, bien au chaud dans ma capsule spatiale, une émission épatante, si, je vous jure, un modèle d'émission, sur France Cul. J'ai enfin tout compris à la dette carbone !
05 décembre 2009
04 décembre 2009
Dans le train Corail qui va vers Cahors. Ciel bleu parsemé de mes chers brontosaures qui paissent paisiblement. Nous passons devant l'usine à gaz d'Ivry : je sais maintenant comment se fabriquent les nuages. Nous longeons la Seine. Villeneuve Saint Georges, Les tours de Vigneux, débonnaires sentinelles. Il me semble qu'il en manque une ou deux. Je n'ai pas la berlue : il en manque bien deux. Elles ne sont plus sept mais cinq. Le troupeau s'amenuise. Je me souviens qu'on devait les démolir. On en parlait mais cela ne se faisait jamais. J'avais fini par penser que cela ne se ferait pas. Je n'étais par retourné à Vigneux depuis trois ans. Ils ont fini par faire ce qu'ils annonçaient La destruction a donc commencé. C'est la fin d'une époque. Il ne restera plus rien des trentes glorieuses à Vigneux, la ville des mal lotis. Et qu' y a-t-il dans la tête de Chemetov en ce moment ? Penser à mener à bien le projet de pèlerinage à Vigneux avant qu'elles aient complètement disparu (les tours de Montconseil, à Corbeil, moins emblematiques à mes yeux - ce sont celles des Tarterets qui le sont, mais on ne sait pas par quoi les remplacer - ont elles-aussi disparu, englouties dans le paysage informe. Personne ne se souvient déjà plus du paysage d'avant. La banlieue est sans mémoire. On ne fait qu'y passer, même si la forme des villes change plus vite que le coeur des humains) J'aime les voyages en train, surtout en première classe, depuis que j'ai la carte senior Le vieillard édentée et la bouche emplie d'une salive rouge sang à cause du bétel aux vêtements poussiéreux, assis sur ses talons - je ne pourrai jamais m'asseoir comme ça sur mes talons - qui vendait du macis, de la muscade, juste quelques noix, une trentaine de clous girofle et un peu de cardamone posés sur un papier journal froissé à même le sol de terre rouge, le long de ce canal aux eaux immobiles immondes et glauques à Allpey où nous avions acheté de la limonade salée en bouteilles recapsulées, je m'en souviens très bien. Je ne me souviens pas d'un traître mot du livre "la prospérité du vice" de Daniel Cohen que j'ai lu il y a deux ou trois semaines dont j'ai un mal fou à me souvenir du titre qui ressemble trop à celui d'un livre du marquis de Sade, ce qui ne veut pas dire que c'est un mauvais livre. Je lis le "Dernier soupir du Maure" de Salman Rushdie en poche Folio. c'est une histoire qui se passe à Cochin en Inde, d'où peut être le souvenir du vieillard décharné d'Alipey évoqué plus haut. Mais c'était au moins un quart d'heure avant que je n'ouvre le livre. Une théorie physique hypermoderne met en doute la causalité elle même : il n'est donc pas sûr que l'effet ne précède pas la cause qui l'a produit. "En hiver, nous irons dans un wagon rose/Avec des coussins bleus" Je me souviens aussi d'un long après midi caniculaire dans les rue de Trichur où on pouvait rencontrer, vision inouïe - si j'ose dire - des éléphants qui émergeaient de loin, dans la mer des voitures comme des baleines à bosse aperçues à l'horizon des flots avec leurs crânes ridés surmontés de toupets de poils durs et aussi d'une longue station dans la boutique d'un marchand de tissus où j'ai acheté le dhoti (muntu en malayalam) de soie blanche bordé d'or et de pourpre que portaient les brahmanes tendance et qui est devenu le dai du canapé de jardin de Mauleon Barousse bien des années plus tard, trouvant un usage enfin digne à mon goût après de multiples tentatives insatisfaisantes d'être porté. Nous traversons l'immense plaine de Beauce parsemée de bosquet déplumés, d'éoliennes et de chateaux d'eaux égarés. Le jour tombe déjà. Il est 15 heures 55 En lisant Rushdie qui évoque Kotayam, je me souviens soudain des fermes à caoutchouc du kérala (mais faire une recherche Google pour une description plus précise parce que je ne me souviens que d'une pâte jaunâtre et blême qui pendouillait sur les même écheveaux que la guimauve dans les camions des confiseries foraines) Souvenir auquel se superpose celui de Venus grimpant péniblement et sans grâce aucune à un cocotier au risque de se vautrer lamentablement et de se rompre le cou pour nous décrocher une noix rien que pour nous épater. Il manquait d'entrainement depuis qu'il avait intégré son école d'informatique à Calicut. A Châteauroux nous nous arrêtons devant un convoi de grumes pareilles à celle de mon enfance qui transportaient la potasse de Bollwiller à Mulhouse. Rushdie parle d'arbres qui respirent la lumière et de chlorophyllosophie. C'est très beau. Quand on se promène dans un train on voit trois choses : des visages, des livres ouverts et des ordinateurs muets. Il suffit que Rushdie écrive les mots idli et sambar pour qu'en les lisant quinze ans plus tard, lancé comme un boulet bien au chaud dans mon train qui fonce à travers la campagne française transie de pluie, j'en retrouve le goût exact - délicieux - avec le souvenir où Venus nous en fit manger chez sa mère au petit déjeuner - elle debout et digne nous servant sans s'asseoir - avant de nous emmener dans la jungle à la recherche des ruines du palais de ses ancêtres. Limoges et sa gare inoubliable Ah, le plaisir d'écrire en lisant : c'est le mouvement, le voyage qui m'y invite Le wagon se vide de la moitié de ses passagers : hommes et femmes d'affaires pressés, couples de retraités anxieux et méfiants de tout. 17 heures. Nous fonçons dans la nuit après avoir survolé Limoges entre deux collines sombres et mates. En 1938 le film "Blanche Neige" fut sur tous les écrans du monde. Même à Ernakulam comme le note Rushdie page 136. J'ai toujours eu du mal, moi dont l'enfance fut bercée par les "Laurel et Hardy" les "Rintintins", les "Zoros" et les "Charlots" en noir et blanc à me faire au fait que les films en couleur datent d'avant la guerre où je n'étais largement pas né(ma mère qui m'a mis au monde elle même n'ayant à cette date que douze ans) En sera-t-il de même des films en relief dont on nous rebat les oreilles et dont la naissance se situe dans les années soixante vingt ans avant celle de mes enfants ? Un bébé gazouille ou pleure depuis le début du voyage sans interruption et sans repos. Pendant trente secondes l'air s'emplit d'une odeur d'épice que je ne reconnaît pas tout de suite. Quelqu'un dans le wagon croque un bonbon à l'anis. C'est l'odeur des petits gateaux alsaciens dans la cuisine de ma grand mère Je pose le "dernier soupir du maure" et j'ouvre le numéro spécial de "La Recherche" acheté au "Relai H" de la gare d'Austerlitz (J'achète toujours "La recherche" quand je voyage en train, je n'achète "La Recherche" que quand je voyage en train ) consacré au "Pouvoir des Mathématiques"(on commence peut-être à savoir que les Maths me fascinent mais que je suis loin d'y être particulièrement "bon" - c'est la définition du vice. Je suis infiniment admiratif de Grigory Perelman. C'est un héros de l'humanité de la trempe de Mozart ou de celle d'Einstein. Mais c'est aussi un héros sacrément romantique. Il est venu, il a vu, il a résolu la conjecture de Poincaré et il est reparti sans rien demander ni accepter (on est prêt à lui donner le million de dollars de la fondation Cray), il est retourné chez sa mère, avec sa face hirsute de géant muet et son sac en plastique de supermarché moscovite vide à la main. Je me souviens d'avoir lu quelque part que les nombres infiniment grands, bien plus grands que les milliards de milliards, s'appellent des "gogols". On peut additionner ou multiplier des "gogols" entre eux et on obtient d'autres "gogols" à peine plus grands, au fond. Le très joli nom de "Diophantine" a été donné à une équation bien plus vieille que mes robes. Nous ne sommes nulle part puisque par la fenêtre on ne voit plus que le noir de la nuit immobile. C'est la conjecture de Ciscoblog. J'aime être nulle part. Utérin, non ? Ce que j'aime dans les maths, ce sont les histoires, le suspens. Par exemple la saga des nombres premiers est au moins aussi passionnante que les aventures des Pandavas et des Korovas dans le Mahâbhârata. Je trouve que les aventures de la preuve de l'hypothèse de Riemann sont encore plus passionnantes que le "Mystère de la chambre jaune". J'apprends dans "La Recherche" que Ian Stewart vient de publier le livre que je rêvais de lire un jour : une histoire des maths à paraître en mars 2010. A ne pas manquer ! Nous sommes à Brives : ce qui veut dire que nous arrivons à Cahors dans cinquante minutes. Je passe au Nouvel Obs' (que je n'achète qu'en garde ou en voyage, comme la recherche, les deux le plus souvent) dont Daniel Cohn Bendit est le "rédacteur en chef" Rien de nouveau sous le soleil (qui ne brille d'ailleurs pas) Allez, je repasse à " Tristram Shandy !
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