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31 décembre 2003

MEILLEURS VOEUX POUR 2004

30 décembre 2003

via écholalie, encore elle ! (mignon, non ?)

29 décembre 2003

J'ai trouvé cette remarquable liste de huit listes carrées devinez où ? (chez écholalie, bien sûr, merci écholalie !)

{42}

{Homme, Femme}
{Pile Face}

{Pere, Fils, Saint-Esprit}
{Rouge, vert, bleu}
{Animal, végétal, minéral}

{Printemps, été, automne , hiver}
{Pique Coeur carreau, trefle}
{nord, sud, est, ouest}
{eau, air, terre, feu}

{pouce, index, majeur, annulaire, auriculaire}
{Afrique, Asie, Europe, Amériques, Océanie}
{PricewaterhouseCoopers, Arthur Andersen, KPMG, Ernst & Young, Deloitte & Touch}
{Pondichery, Karikal, Mahé, Yanaon et Chandernagor}
{Claude, Annie, François, Mick et le chien Dagobert}

{peinture, sculpture, architecture, littérature, poésie, musique}
{Qui,Quel,Comment,Quand,Où,Pourquoi}
{anglais, arabe, chinois, espagnol, français ,russe}
{bas, haut, étrange, charme, beauté, sommet}
{Eustache de Saint-Pierre, Jean d'Aire, Jacques et Pierre de Wissant, Jean de Fiennes, Andrieu d'Andres}
{Dieu, grâce, foi, bible, sacerdoce, églises}

{colère, paresse, orgueil, avarice, luxure, envie, gourmandise}
{Prof, Dormeur, Timide, Grincheux, Atchoum, Simplet, Joyeux}
{Pyramides de Gizeh, Jardins suspendus de Babylone, Statue de Zeus à Olympie, Colosse de Rhodes, Temple d'Artémis à Éphèse, Mausolée d'Halicarnasse, Phare d'Alexandrie}
{Etats-Unis, Canada, Royaume Uni, Allemagne, France, Italie, Japon}
{O'Reilly, Chris, Vin, Lee, Britt, Calvera, Chico}
{ violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange, rouge. }
{bijou, chou, caillou, hibou, genou, joujou, pou}

Pensées de la nuit N° 52 et 53 :

" La forme, c'est le fond qui remonte à la surface" Charlotte Perriand, Designer".

"19 septembre 1967. Signe des temps, je n'ai plus d'encre" Che Guevara, Journal.

( eh oui, deux d'un coup : les pensées de la nuit c'est comme le fromage, où on veut et quand on veut )

28 décembre 2003

Antonio Tabucchi écrit, dans "Il se fait tard, de plus en plus tard" : "C'est pour cela que je te rappelle le voyage que nous ne fîmes pas à Samarcande, parce que celui-là fut bel et bien vrai et à nous et complet et vécu. Je continue donc notre jeu. Comme le dit le philosophe dont je te parlais, la mémoire fait revenir le vécu, elle est précise, exacte, implacable, mais elle ne produit rien de nouveau : c'est sa limite. L'imagination, au contraire, ne fait rien revenir, car elle ne peut pas se souvenir, et c'est sa limite : en revanche, elle produit du nouveau, quelque chose qui avant n'était pas, n'avait jamais été. C'est pourquoi j'ai recours à ces deux facultés, qui peuvent s'aider mutuellement, pour évoquer de nouveau notre voyage à Samarcande que nous ne fîmes pas mais que nous imaginâmes dans les moindres détails." La mémoire, l'imagination. Découvrir, inventer. Rien à voir. On découvre ce qui existe, ce qui a toujours existé, mais qui est caché à nos yeux, on dévoile un pan du réel, comme le souvenir comble une partie de l'oubli. D'un autre côté, ce qu'on invente est une chose qui n'existait pas, que Dieu même n'avait pu fabriquer, et qui "prendra" définitivement "corps", même si l'invention est immatérielle (la musique, Les "Inventions" de J. S. Bach.) L'enfant, dont Picasso affirmait vouloir retrouver la créativité, invente et imite. Il fabule. Le savant découvre et enseigne. Il cherche. Le Savoir, est le paradigme de la mémoire comme l'Art est celui de l'imagination. Explication de l'iconoclastie : imaginer, produire du nouveau, c'est faire injure à Dieu qui a crée une seule fois tout ce qui existe de toute éternité. Alternative terrible de l'artiste : Accepter simplement l'inspiration qu lui a été insufflée, ne rien créer qui ne lui ait été dicté, mot à mot, touche par touche, ou bien prétendre être Dieu soi-même, Dieu de soi-même, jusqu'à la folie, encourir les flammes éternelles (l'Artiste maudit) ou vouloir tuer Dieu (l'Artiste révolutionnaire.) Confort intranquille du Savant : ne rien créer, mais découvrir, passer sa vie à dévoiler, humblement et patiemment l'infini de la Création, pour l'émerveillement des hommes et la plus grande gloire du Créateur. Au risque de passer pour le "Savant fou", qui croit égaler Dieu quand il se veut créateur, éternelle image de l'apprenti sorcier, de la bombe d'Hiroshima ou de la folie de Georg Cantor. Extraordinaire et paradoxale compatibilité de la Science et de la Croyance. L'interprétation (je veux dire musicale, théâtrale) est mémoire, donc Science. Elle est commentaire en acte : elle ne surpasse jamais l'œuvre. L'œuvre est le paradigme de sa propre interprétation, sa perspective. Une interprétation ne recrée pas l'œuvre, encore moins une autre œuvre, elle n'est pas une déclinaison de l'œuvre, elle est toujours "à côté" d'elle. Mais l'instant même de l'interprétation, l'instant de la représentation, de l'exécution, de l'adresse au public, est, comme le dit Tabucchi, véritablement alchimie entre Savoir et Art, mémoire et imagination : car l'œuvre s'adresse alors à nous, elle cesse d'être immanente. Non seulement elle se matérialise, mais elle nous fait signe, parle. Elle nous modifie, quoiqu'on qu'on en dise, pour un instant ou durablement, peu importe, elle nous modifie, elle a fait effraction en nous et nous remue, nous met en mouvement. C'est le mouvement de l'amour, le même qui ébranle la rencontre amoureuse. De ce point de vue, Il n'y a pas différence fondamentale entre les arts d'interprétation (musique, théâtre, poésie) et les arts de représentation (peinture, sculpture, littérature) : tout comme la musique, dont on pourrait penser qu'elle préexiste à toute interprétation (la sourde sonate de Beethoven), est faite pour être entendue, les tableaux n'existent que parce qu'ils ont été faits pour être vus, les livres pour être lus. Le chef-d'œuvre inconnu de Frenohfer n'est pas immanent. Emmuré deux fois, d'abord derrière la maçonnerie construite par le peintre, ensuite entre les pages du livre, soustrait à tous les regards, il n'est ni un chef-d'œuvre ni même une oeuvre, ni même inconnu, il n'a véritablement jamais été peint : seul Balzac l'affirme, mais qu'il le prouve… Le tableau, cette image qui attire notre regard par sa singularité, est un bien grand mystère. Il représente un Sujet. Ce Sujet est le paradigme du tableau (la "Maja" "vue" par Goya, Olympia "vue" par Manet, la Tamise par Monet). C'est pour ainsi dire, le tableau lui-même, comme objet, qui est l'acte d'interprétation. Si le Sujet est ce qu'il y a dans sa tête au moment où il peint, alors transporté sur la toile, il entraîne du coup avec lui le corps même du peintre dans la peinture, qui en constituera la matière, autant que la pâte, les pigments, les vernis. C'est, au fond, ce corps qui retient notre regard, nous ravit et c'est encore de l'ordre de l'amour. On peut en dire à peu près autant de la musique. Même si Mozart n'est pas physiquement présent dans la partition posée sur le pupitre de mon piano, Il y sera bel et bien pourtant - de tout son corps - à l'instant même où mes doigts, pesant sur les touches, au même endroit exactement où ses doigts à lui se posèrent jadis, reproduiront, même maladroitement, les gestes incroyables qui font jaillir la musique : j'interprèterai Mozart, infiniment moins bien que Clara Haskil, car mon savoir est infiniment moindre que le sien, mais c'est en vue de cette réincarnation plus ou moins réussie que la musique se doit d'être être jouée, pas seulement entendue, comme dit Jacques Drillon. L'interprétation est savoir sur l'œuvre en même temps que passage par le corps. Pas de musique, pas de peinture sans geste. Un jour, j'ai entendu un très vieil enregistrement de Guillaume Apollinaire lui-même disant "Le pont Mirabeau", c'était complètement emphatique, presque ridicule, pédagogique, il en rajoutait des tonnes pour s'assurer qu'on entendait bien la métrique ("Sonne l'heuurheu, Je demeuurheu…") Je me souviens aussi très bien de la voix de Jacques Prévert récitant "Pour peindre un oiseau" ou "Sanguine", Prévert, au contraire expédiait la lecture sans faire le moindre sort aux mots, on aurait dit qu'il lisait le journal. Ces créateurs interprétaient eux-mêmes leurs œuvres, et c'était beaucoup moins beau, moins émouvant, que, par exemple, les interprétations des mêmes poèmes par Léo Ferré ou Yves Montant. Je me demande si Mozart lui-même, compte non tenu des progrès techniques, aurait soutenu la comparaison avec Haskil, Brendel ou même Horowitz. Dommage qu'on n'ait pas d'enregistrement ! Mais il est encore plus dommage qu'on ait pas d'enregistrement de Mozart en train d'improviser, il est probable alors qu'on ne pourrait lui trouver aucun rival parmi les grands pianistes actuels, à part peut-être, j'y pense en l'écrivant, les grands pianistes de Jazz du genre de Monk, Waller ou Ellington. Bien au-delà de ses particularités rythmiques ou harmoniques, c'est l'improvisation qui fait la grandeur du Jazz (et qui existait à l'époque de Mozart, on le sait, les concours d'impro, par exemple, mais on en n'a de traces que dans les souvenirs des contemporains et pour cause). L'improvisation est forcément le mélange dont parle Tabucchi, celui de l'imagination et du savoir. Que ce soit le thème original ou le "Standard" mille fois repris, il est alors comme le sujet du peintre, il n'appartient pas vraiment à quiconque, seul le génie du musicien le transforme en cet instant de grâce qui nous transporte soudain. Le Jazz libère l'interprétation du commentaire et la hisse au niveau de la création. Jacques Réda écrit, à propos du célèbre enregistrement où Albert Ayler improvise sur Summertime : "Ayler a vu que le temps de l'été s'était achevé. Il n'a pas joué Summertime. Il s'est agenouillé devant lui, il lui a parlé à voix basse et tendre, il l'a supplié comme pour rappeler à soi quelqu'un qui vient de défaillir et, à demi-défaillant lui-même, il lui a chuchoté et crié combien il avait été beau et combien lui, Ayler, l'aimait, et combien cette distance infranchissable où il se retranchait maintenant était injuste, et cédant à la colère du chagrin, il s'est emporté, entrecoupant d'injonctions sa plainte pantelante et presque animalement funèbre. Puis il s'est calmé peu à peu. Il n'a plus émis qu'une lamentation résignée proche du murmure. C'était fini". Et moi j'écris tout çà, comme une improvisation, sur des thèmes qui seraient les fragments de Tabucchi et de Réda. "Interprète"le comme tu veux, pendant que tu es loin, toi aussi, entre Avranches et le Mont Saint Michel et je pense que ça à voir avec notre amour et j'essaie peut-être en vain de comprendre tout ce qui nous lie et nous désunit à la fois.

22 décembre 2003

J'ajoute en LCD un photolog fort bien fait (bien qu') intitulé "Kill me Sarah"

21 décembre 2003

via geisha asobi

C'est un origami ! il y en a d'autres, cliquez sur l'image ! (C'est un site japonais, mais pas la peine de télécharger le logiciel de gestion de caractères, c'est plein de }W1, de vi1995j‚ et de ɊȈՔł̐܂è}Žû˜ mais c'est pas grave : de toute façon on n'y comprendrait pas plus. Suffit de cliquer au hasard sur ce qui ressemble à des liens ! amusant, non ?)

Puisqu'àprès tout ce site est un "Blog" je le fais parfois fonctionner comme un "Blog" : je reproduis ici une édifiante et limpide entrée de David Madore (sauf le dernier paragraphe, but nobody's perfect, n'est-ce pas ?) sur les SMS :

"L'envoi d'un SMS depuis mon mobile, d'après la brochure officielle des prix de mon opérateur, coûte 0.15€. Sachant qu'un SMS peut comporter jusqu'à 160 caractères (limitation complètement ridicule s'il en est), cela nous donne un prix de 1006633€ pour un giga-octet. Un million d'euros le giga-octet ! Comparez ça au prix au giga-octet d'à peu près n'importe quel autre canal de communication ou support de stockage : c'est une arnaque absolument monstrueuse.

Je ne sais pas comment est comprimé le son sur les téléphones mobiles, mais je doute très fortement qu'on soit en-dessous de 1kbps (ce qui représenterait déjà un rapport de compression de plus de 50 par rapport au son échantillonné à 8kHz en mono, 8 bits par échantillon). Autrement dit, une minute de communication, facturée 0.48€ par le même opérateur, échange au minimum l'équivalent d'une cinquantaine de SMS, quasiment un par seconde. Mais les prix sont loin d'être dans le même rapport, la minute ne coûtant que le triple du prix du SMS. Comme je doute que le service vocal soit vendu à prix coûtant, cela signifie qu'au moins 90% du prix du SMS (et ceci est une borne inférieure très large) est du pur profit pour l'opérateur. Pas surprenant, ensuite, qu'on cherche à promouvoir le SMS comme un mode de communication djeunz et branchouille. Hallucinante arnaque.

Question subsidiaire : le manuel de mon téléphone parle de caractères Unicode pour désigner les caractères accentués qu'on peut mettre dans les SMS. Il s'agit cependant d'un jeu très restreint de caractères, ne couvrant même pas tout iso-latin-1 et assurément pas une proportion non ridicule d'Unicode. Cependant, il n'est pas clair si c'est parce que le téléphone juste ne permet de saisir qu'un ensemble très limité de caractères (et peut-être ne sait afficher qu'eux) ou si le « standard » SMS est intrinsèquement limité. La mention d'Unicode me laisserait espérer qu'ils ont pris la bonne décision, à savoir encoder les SMS en Unicode (disons utf-8 ou utf-16 — dans ce dernier cas il faudrait diviser par deux mon estimation du prix au giga-octet, d'ailleurs ; mais je crois que c'est bien 160 octets d'utf-8, en fait). Est-ce le cas ? J'aimerais bien pouvoir tester la réception d'un SMS contenant des caractères un peu exotiques pour savoir ce que mon téléphone en fait. Comment ces choses-là se passent-elles au Japon, d'ailleurs, par exemple ? "


19 décembre 2003

voilà que Blogger ne sait plus écrire en français, maintenant. il remplace les accents, les apostrophes et les guillemets par des %, @, ou des £ et des $. Commence à m'énerver, çui - là... J'ai envoyé un SOS pour leur demander de me rendre mes accents nationaux (jusqu'où va la haine anti francaise !). Voici la réponse : "Hello Grossmann Francis,Thanks for writing in. I checked your blog and saw that you were missing the encoding metatag in your Main Template. I have added it and republished your entire blog. Everything seems great. For more information on encoding, please see our Blogger Knowledge Base article for details: http://help.blogger.com/bin/answer.py?answer=80&topic=18

Thanks, Christine"


Thanks à vous Christine (plutôt efficace, non ? j'ai tout de même du corriger tout "à la main", ça occupe les doigts...)

Mais, si vous lisez plus bas, y'a encore quelque chose qui cloche, j'y retrourne immédiatement.
Hélène Chaigneau. Elle semble toute petite, seule derrière le micro de cette tribune dans l’amphi A de l’hôpital de la Timone, à Marseille, aux journées annuelles de l’Association Méditerranéenne de Psychothérapie Institutionnelle. Elle doit se soulever un peu pour bien parler dans le micro, se soutenant des coudes sur la paillasse, mais elle fait ça très bien, elle a l’habitude. Depuis quelques temps elle marche avec une vilaine canne de métal, genre remboursé par la Sécu qui va très bien avec son style toujours un peu à la limite du débraillé genre je n’ai jamais fait attention à mon apparence physique ce n’est pas maintenant à quatre-vingt-deux ans que ça va changer, qu’elle a soigneusement rangée dans une corbeille à papier pour être sûre de la retrouver après son intervention. Je la connais depuis, voyons, trente ans, et j’ai l’impression qu’elle n’a pas changé : Ses cheveux longs un peu gras et filasses tombent toujours sur un visage de mémé sans beauté, mais illuminé par des yeux pétillant de malice et d’intelligence. Elle parle de cette voix à la fois vielle France et gouailleuse, populaire, des personnes de son âge habituées à parler en public, ménageant ses effets, avec de longs silences pour choisir ses mots, tant pis si on attend la suite qui n’en sera que plus savoureuse, comme si elle inventait les fables de Lafontaine avec la moralité et tout au fur et à mesure. Elle évite soigneusement l’exposé didactique, l’analyse politique, le discours scientifique. On dirait qu’elle parle de tout et de rien, d’ailleurs on ne dirait pas, elle fait dans la parabole, l’histoire drôle, la brève de comptoir. On ne voit jamais tout de suite où elle veut en venir, ni elle non plus peut-être, mais elle y arrive toujours, sans crier gare et sans perdre le fil d’une pensée précise, dans un éclat de rire général. Elle est très consciente de son côté Clown. Il y a vingt huit ans exactement, je m'étais enfin décidé à revenir à la psychiatrie, que je n'aurais jamais du quitter, après mes intermèdes chirurgicaux et ma rupture d'avec Florence dont je subissais pas mal de contre coups. A cette époque, et malgré les apparences d'une arrogance rien que juvénile, je manquais totalement de confiance en moi et étais la proie d'angoisses dont l'intensité m'avait fait, comme je l'ai déjà raconté, me ruer de toute urgence sur le divan d'un psychanalyste. J'aurais donc pu tranquillement retourner commencer ma psychiatrie à Moisselles, Jean Ayme m'y aurait accueilli sans doute, mais il en était hors de question, d'abord parce que plus rien n'était tranquille, que Florence commençait à s'y faire reconnaître comme psychologue et qu'en quelque sorte elle occupait le terrain. Je m'étais, quant à moi, résolu à l'abandonner, le terrain, pour ne pas avoir à lui disputer. C'est pourquoi j’étai allé voir Chaigneau à Maison Blanche, qui ne dépendait pas de la même fac que Moisselles. Elle me reçut en compagnie d'un de ses assistants préférés que je reconnus plus tard être Charles Reboul, son futur successeur, mais qui passa aussi quelques années aux Mozards à la fin des années quatre-vingt. je la revois assise à son bureau les mêmes cheveux gras lui tombant sur le visage. Elle portait un T shirt blanc qui ne lui allait pas du tout, trop ample, sans forme, imprimé de petits mickeys, peut être bien. Ils étaient bien joyeux tous les deux ce matin-là, Ils me soumirent à un flot de questions croisées, comment je trouvais Moisselles ? Comment je trouvais Jean Ayme? Ce que j'avis appris là, je me souviens que Reboul m'avait demandé, faisant mine de me faire passer un test pour savoir si mon passage par Moisselles avait été authentique : Quelle en était la patiente vedette ? Je lui avais répondu Kiki, ce qu'il attendait, alors que j'aurais aussi bien pu dire Guiguitte et nous aurions alors polémiqué. Ils présentaient l'entretien comme un anti entretien. Chaigneau devint un peu plus sérieuse, elle, avait compris que, alors que c'était si facile pour moi de retourner à Moisselles, quelque chose m'empêchait de le faire et me demanda quoi. Je lui racontais aussitôt toutes mes difficultés avec Florence et les angoisses qui en découlaient et que je ne tenais pas à travailler sur le même lieu qu'elle, ce qu'elle écouta très attentivement. Elle ne fit aucun commentaire, me dit que tout étudiant venant de Moisselles était le bienvenu à Maison Blanche. Elle me congédia gentiment. Plusieurs jours plus tard je reçu une lettre écrite de sa main où elle expliquait que sa fac avait décidé de réserver les postes de son service, comme beaucoup d'autres à Maison Blanche, pour les étudiants de la Fac dont ils dépendaient et que, malgré mes qualités certaines et mon expérience précieuse, elle regrettait de ne pouvoir donner suite à ma demande. Je regrettai quant à moi de lui avoir raconté mes déboires sentimentaux et de m'être ouvert à elle comme à une psychothérapeute. je ne sus jamais si ce ne fut pas pour mon immaturité psycho-affective et la fragilité, même passagère, que j'avais révélée sciemment ou non, qu'elle me congédia en réalité. Je ne le saurai jamais, et ce n'est surtout pas à la tribune des journées de l'AMPI que j'allais le lui demander. Plus tard, bien que n'ayant jamais travaillé avec elle, je l'ai revue partout où la psychiatrie bougeait : aux grands congrès de l'Association "Accueil?" Aux jubilés de Bonnafé, par deux fois et l'année dernière, encore une fois avec Bonnafé à l'occasion de le remise de son fond de livres et d'écrits à la bibliothèque de Vivaldi. Elle ne se servait pas de canne, ce soir là, à la Médiathèque de Corbeil. Elle s'était montrée beaucoup plus en forme que Bonnafé plus âgé qu'elle de cinq ou six ans. Hélène Chaigneau a été l'une des balises de ma vie professionnelle, bien que je ne l'aie jamais personnellement connue. Donc, à cette tribune, la voilà qui essaie de parler des difficultés qui résident entre le singulier et le collectif. Il semble qu'elle s'égare ou nous égare, Je reprends, presque texto ses paroles en transcrivant, autant que possible, les silences par des points de suspension : "Bon, la Pause, dans les congrès, c'est pour ça...aller pisser...bon, l'inconvénient, c'est qu'on y va tous en même temps, il faut faire la queue, on s'bouscule... c'est pas... très commode... ( grand regard circulaire)...Comment faire autrement ? Je m'étais dit, moi...j'irais bien à un aut'moment, quand il n'y aurait personne, ce serait bien plus agréable d'prendre son temps ... pour pisser...C'est c'que j'ai fait, j'y suis allée, donc, pendant un d'vos exposés qui m'intéressait moins, excusez moi, hein... et c'est là que je m'suis aperçue que j'n'avais pas du tout envie de pisser...problème, non? (rire général) enfin... c'est pas si simple, vous voyez, faut bien faire attention à tout ça...le singulier....le collectif (elle fait un sort au f : "collectifff")..."

15 décembre 2003

Pensée de la nuit N° 51 : "Tiens, ça fait un moment que je n'ai pas posté de Pensée de la nuit" Ciscoblog, le 15 décembre 2003

13 décembre 2003

Je sais, c'est un peu gamin, mais c''est très amusant de détourner Google de son objet habituel. Et tout un univers s'ouvre, qui n'a de bornes que l'imagination sans limites de notre fertile mais fragile cerveau... Bonsoir. ( On pourrait bien faire progresser "n +1" jusqu'à la fin de la nuit mais il parait raisonnable de l'arrêter sur un joli nombre tout rond, on saura lequel : le nombre 10.)
Zut, j'ai complètement oublié d'annoncer que j'ai eu exactement 20.000 jours il y a 18 jours ! (via lemonde.fr)

12 décembre 2003

mars attack

J'adore toute ces images de la paranoïa américaine des années soixante, pas vous ? (cliquez sur l'image)

11 décembre 2003

Au moment précis ou vous lisez ces lignes (écrites le 4 juin 2002 à 23 heures 51, à Evry) j'insère dans le corps de ce texte une incise, j'incise ce corps de texte par un insert (ç'a n'a rien à voir avec l'histoire que vous venez de lire (soyons clairs)), que je voudrais voir devenir, au moment même où je l'écris (et où vous la lisez, (dans dix minutes, dans un mois, dans deux ans, dans vingt, voire dans un siècle (mais n'exagérons pas, tout de même)))), le coeur, le point nodal du texte entier que je vais continuer d'écrire ( et que vous continuez de lire (à moins que vous ayez déjà renoncé d'ennui (je vous jure que je ne fais pas de fausse modestie (ce n'est pas mon genre) à moins, au contraire que, ne lisant pas dans la continuité, fragment après fragment (comme vous y invite pourtant l'empilement des pages que vous tenez entre les mains), mais butinant par ci par là, (comme vous y invite aussi le même empilement) vous soyez justement tombés sur ce fragment même, comme attiré par l'intrigante multiplication des parenthèses (n'oublions pas de bien les refermer, les parenthèses)))) et qui, inexorablement, si je continue de l'écrire (il n'y a aucune raison que je ne continue pas), se décalera vers le début du texte alors que précisément maintenant elle s'en situe (je suis en train de l'écrire, suivez moi bien) à la fin. A la toute fin, à l'inachevé ( pour être plus précis), au bord du vide de l'écran de mon Psion Série 5mx, qui diminue au fur et à mesure que je frappe les lettres qui s'inscrivent inexorablement (et comme dirait Samuel Beckett, faute de mieux) les unes à suite des autres sans jamais s'y engloutir ou s'y perdre (miracle permanent de l'écriture (du geste de l'écriture) : la mort du vide (ou du moins son échec) et sa résurrection (car il ne meure pas vraiment, il renaît sans cesse après chaque lettre inscrite comme manne inépuisable et toujours disponible, sécrétion perpétuelle de mon écran (je pense à ces volcans sous-marins qui produisent sans cesse une lave immédiatement refroidie par la mer qui va, solide, morceau de lave refroidie après morceau de lave refroidie, contribuer à l'extension du continent ou bien à ces images d'ordinateur, servant parfois de ce qu'on appelle des "écrans de veille", produits d'algorithmes mathématiques complexes et amusants (reposant la plupart du temps sur une application dynamique de la théorie des fractales de Benoît Mandelbrot) et qui semble éternellement se renouveler en jaillissant sans fin d'un centre germinatif qui n'est autre que celui de l'écran))) Cette incise, je la voudrais déchirante, (je ne veux pas dire triste, ni douloureuse ni accablante (je n'utilise pas la déchirure dans son sens figuré)) mais il me faudrait carrément déchirer le papier (pour ce qui est de l'écran où s'inscrivent ces lignes le 11 décembre 2003, à 0 heures 08, c'est plus difficile) et encore, la feuille ne serait que déchirée et pas déchirante et on serait bien loin de tout ce que je voudrais pouvoir exprimer par cette déchirure (ce qu'on ne peut pas dire, il faut le taire, on ne peut que le montrer, disait Wittgenstein (mais tant pis)). C'est parce que je ne peux pas parler de la fin. Il m'est impossible de parler de la fin. (Je ne me cache pas derrière mon petit doigt, je sais que dire le mot fin c'est aussi dire le mot mort, mais j'affirme que je ne parle pas seulement de la mort, je parle aussi de la fin, de là où les chosent cessent, toutes les choses n'importe lesquelles, même les lettres, même les mots). Ne pas pouvoir parler de la fin : cela ne m'est pas seulement impossible pour moi, mais pour tout le monde. Ne pas pouvoir parler de la fin : c'est la raison d'être de mon écriture. Je risque la généralisation : peut-être est-ce aussi la raison de l'écriture, en général. Jacques Roubaud (mais je ne prétends pas poète) dit, lui, ceci (dans la "Bibliothèque de Warburg) : " La mise en mémoire de la langue par la poésie et la poursuite d'une mise en mémoire d'une langue par un exercice particulier de la poésie ont une caractéristique commune remarquable : l'inachèvement. La poursuite de la langue par la poésie est une poursuite sans fin. Cela est vrai non seulement de la poésie en général, mais de toute poésie, de chacune. La poursuite de la mémoire est également une entreprise inachevable ; inachevable par l'humanité ; inachevable, s'agissant de sa propre mémoire, par chacun. La mémoire et la poésie entendue comme mémoire sont marquées toutes les deux du signe d'un inachèvement perpétuel". On peut dire : c'est la fin parce que cela s'arrêterait là, mais cela ne serait pas forcément achevé (si c'était achevé, d'ailleurs ce serait aussi la fin, mais une fin encore plus finie, pour ainsi dire : la mort (c'est compliqué (mais pas plus que toutes ces parenthèses))).

10 décembre 2003

Chic ! un site sur John Coltrane (et superbe avec ça)

08 décembre 2003

Je me souviens de Barbara : "Rappelle toi, Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour là". Très jolie adaptation en anglais sur "Days of my life", ce soir

05 décembre 2003

Dernier exemple : je reprends une nouvelle fois une phrase au hasard : "Ce fut là la seule hallucination visuelle dont il me fit part." Je me souviens parfaitement de quelle nuit il s'agit et de quel endroit : sa chambre à Villecerf, dans la maison de campagne de nos parents, non loin de Moret sur Loing. On sort de Moret après avoir traverse le Loing sur ce magnifique pont qui laisse derrière soi la vue de la ville immortalisée par Sisley, avec le moulin, la maison sur l'île et les saules pleureurs, on laisse à sa gauche la route de Saint Mammes (endroit précis où je traitai, en 1986, ma maîtresse de future sous préfète alors qu'elle m'annonçait que son mari préparait les concours administratifs) et de Champagne-sur-Seine, on traverse un faubourg où se trouve une boulangerie où nous nous arrêtions toujours avec les parents pour prendre du pain, et on tourne à droite, le long du canal du Loing, non loin de la maison de Georges Clemenceau, on longe un moment le canal, on traverse Ecuelles, on continue de longer le canal, au milieu d'un lotissement, puis la campagne arrive et le village de Villecerf, avec le restaurant café Rabotin, ou nous allions parfois dîner quand les parents n'avaient pas eu le temps de faire de courses. Dans Villecerf, on tournait à gauche vers Ville Saint Jacques (et plus loin Montereau), on passait le petit pont sur l'Orvanne et on tournait tout de suite à gauche sur la route de Montarlot. La maison était la dernière à gauche dans ce hameau qui s'appelait La Fondoire. Le voisin s'appelait Renaud. Il était très gentil, mais faisait régulièrement des crises de Delirium Tremens. Cela ne nous gênait pas beaucoup et nous acceptions bien volontiers les légumes de son potager et les fruits de son verger qu'il apportait sans façons. Il élevait aussi des lapins et des poules, qui franchissaient parfois la clôture, qui était plus lâche au bord de l'Orvanne, et se faisaient régulièrement égorger par Litchi le délicieux cocker américain de mes parents. Il y a une haie de thuyas, qui, avec les années, de tout petits et rabougris sont devenus géants et majestueux et la maison cossue se cache derrière. Et puis, il y a bien un moment, dans le développement de cette série, où l'on finit par mentir, parce qu'on ne se souvient plus très bien et que ça n'a pas vraiment d'importance tous ces détails - qui ira vérifier - ce qui compte c'est le récit... On finit par faire du roman. Le roman, c'est le mensonge. Bien connu depuis Louis Aragon et son "mentir vrai". Tenez, cet Alain et cette Isabelle (tiens, voilà que je me souviens de son prénom, maintenant, comment avais-je pu l'oublier. Alain et Isabelle.) ne sont-ils pas d'excellentes matrices pour des personnages de fiction ? D'ailleurs, pour tout vous dire, Alain ne s'appelle pas Goose, malgré son aspect de jeune ouvrier british un peu enrobé, il s'appelle Gouse ou bien Gosse, peut-être pas tout à fait comme le sale du môme nom, ou le beau, mais peut-être bien exactement comme. Il pourrait être une sorte d'espion, un James Bond au petit pied qui ne s'appelle pas Roger, Roger Goore (et encore moins Sean Connery). Je crois me souvenir, que c'était bien sa mère qui était anglaise, contre toute attente, mais pas son père, ce qui, donc, ne justifie en aucune mesure un patronyme d'outre-manche. Je ne crois pas me souvenir non plus qu'il parlait particulièrement bien anglais. Ou alors c'était son père qui était anglais, mais il aurait quittè sa bretonne de mère quand il aurait été tout petit et sa mère, pour qui la langue de Shakespeare était devenue insupportable l'aurait obligé à choisir allemand en première langue et espagnol en seconde. Et Isabelle ? A vrai dire, et malgré tous mes efforts de mémoire, je n'arrive pas à me souvenir de son véritable prénom (penser à demander à Gilbert la prochaine fois que je le vois) mais je me souviens très bien de ses seins, qui n'étaient d'ailleurs pas si petits que ça, et de ses longs cheveux blonds et raides etc.
via le crepuscule des joursNotre mode de lecture, et donc notre mode d'écriture, est linéaire. Nous lisons et écrivons "en surface", quelque soit le support, Codex ou Volumen (l'écriture sur écran s'apparente plutôt au volumen, c'est même le retour du volumen). Nous commençons notre lecture par le début et la fin de la surface écrite, la dernière page, la dernière ligne correspond obligatoirement à la fin de l'histoire ou du propos de l'auteur. Bien sûr, cette linéarité de la lecture et de l'écriture repose sur un contrat entre le lecteur et l'auteur sur le sens de la lecture, je veux dire le sens comme direction, qui seul permet la construction de tout récit ou l'exposé de toute thèse. Certains on déjà tenté de proposer d'autres modes de lecture et un autre contrat, vertical, par exemple utilisant la dimension de la profondeur ou de l'altitude : je pense tout particulièrement à Julio Cortazar qui, dans les merveilleux "Marelles" et "Le Livre de Manuel", nous entraînait dans un dédale de possibles et nous invitait à relire les mêmes mots mais pas forcément la même histoire. C'était un peu comme si une fois qu'on avait lu le livre de droite à gauche, une page après l'autre, on pouvait, par allers et retours qui semblaient aléatoires, mais qui étaient prévus par l'auteur, le lire de gauche à droite, avec une succession des pages qui ne respectait plus la loi du n+1 arithmétique, et une nouvelle histoire, plus complexe que la précedente, se dévoilait petit à petit et en éclairait les zones obscures. Mais surtout, ce procédé introduisait le lecteur à l'intérieur même du récit et en faisait finalement un protagoniste essentiel, au même titre que n'importe quel autre personnage. Le lecteur parcourait littéralement un espace conçu par un autre, l'auteur, mais pouvait s'y promener à sa guise, en suivant ses propres humeurs. Jusque là, la seule liberté du lecteur, par rapport à l'auteur, avait été d'ordre binaire : ou bien il lisait le livre d'un bout à l'autre, ou bien il ne le finissait pas, le refermait, mais, même si c'était délibéré, manquait irrémédiablement sa rencontre avec l'auteur. Julio Cortazar introduisait une multitude de degrés de liberté supplémentaires, de dimensions fractales, tout en enrichissant considérablement la relation du lecteur à l'auteur, mais aussi en lui permettant de ne pas l'achever, avec la possibilité d'ajuster son degré de proximité. Il faisait de l'objet livre un véritable passage, un corridor entre deux mondes intimes et lui donnait une matérialité vertigineuse. (C'est ce principe qui a été repris avec plus ou moins de bonheur par les livres pour ados du type "Le livre dont vous êtes le héros "). La lecture informatique, avec l'hypertexte et les hyperliens aurait ravi Cortazar. Je suis persuadé, que s'il avait vécu, il aurait été un des premiers à concevoir un roman électronique, c'est à dire un roman à n dimensions. Exercice : je reprend deux phrases du texte précédent (suivant, mais précédent tout de même). Au hasard. Par exemple : "Festival d'Avignon 1967, avec Gilbert et je ne sais plus qui" et "Martha avait été remplacée au pied levé par un jeune plein d'avenir, Nicolas Angelish, que bien entendu, Nathan avait trouvé complètement nul." J'ai écrit " je ne sais plus qui", non pas parce que je ne me souvenait plus de la personne mais parce que je ne me souvenais plus de son nom. Maintenant que j'ai cherché un peu, le prénom m'est d'abord revenu : Alain. Puis le nom a suivi : Goose. Alain Goose. Alain Goose était un drôle de bonhomme, assez original et un peu pervers. Je n'éprouvait aucune amitié pour lui, et Gilbert non plus, je crois, du moins pendant une longue période, cequi changea beaucoup par la suite. Mais lui, en ce temps là, si il avait de l'amitié pour Gilbert et se foutait un peu qu'elle ne soit pas réciproque. Il s'invitait assez cavalièrement à des fêtes que nous organisions, ou des dîners ou apparaissait à la porte à des moments où on attendait quelqu'un d'autre et il était alors impossible de l'éconduire. Une sorte d'importun, mais plutôt sympathique, en tout cas jamais franchement désagréable, qui s'incrustait sans façon mais sans violence et que, finalement nous nous sommes habitués à fréquenter, surtout mon frère. Il faisait partie inévitablement du décor comme dans une comédie américaine. Il avait du surgir à la gare, au dernier moment, quand le train commençait à partir, en faisant de grands signes et s'était ainsi retrouvé avec nous en Avignon, alors que le théâtre l'intéressait assez peu. Mais, en parfait Zelig (il ne ressemblait pas du tout à Woody Allen, mais plutôt à Roger Moore, bien que ce ne soit q'une assonance), il s'était fondu dans l'ambiance du festival comme un poisson dans l'eau, bien qu'un poisson ne soit pas soluble, heureusement pour lui. Je me demande s'il était venu avec sa copine, du nom de laquelle je ne me souviens définitivement plus mais dont je me souviens par contre très bien de la frange épaisse qui lui couvrait les yeux, de ses tout petits seins jamais recouverts de soutien-gorge, de son corps à la fois mince, je dirais même maigre, et très sexy. Elle ne parlait jamais. ce n'est pas une figure de style : j'ai du entendre trois fois le son de sa voix qu'elle avait d'ailleurs toute petite et toute timide. Un beau jour, donc, Alain Goose ne fut plus seul. Mais cela ne changea pas grand chose. Partout avec lui il y avait cette fille muette et docile. Il continuait à s'incruster mais apportait sa copine avec lui qui, il faut bien le dire, se montrait toujours fort polie pour ne pas dire discrète. Nous soupçonnions tout à fait que leur relation était intensément sexuelle, torride pour ainsi dire, et qu'ils étaient fort amoureux l'un de l'autre. Ils étaient devenus complètement inséparables. Mais ils ne se parlaient pas beaucoup, surtout la copine. Cependant c'était une époque où les moeurs étaient particulièrement libres : Gilbert coucha avec la copine de celui qui avait fini par s'imposer comme son copain. Combien de fois, je ne sais pas. En revanche mon frère conçu, à l'égard de celui-ci, une culpabilité telle qu'une nuit où il me jura qu'il ne dormait pas il vit Alain immobile au beau milieu de sa chambre et qui le regardait avec son bon sourire. Ce fut là la seule hallucination visuelle dont il me fit part. Pour ce qui est de Nicolas Angelish, dont il est question dans l'autre phrase choisie au hasard, et qui avait à la grande déception de Nathan remplacé Martha Arguerich au pied levé, je me souviens trés bien qu'il avait d'abord joué une sonate de Mozart, ne me demandez tout de même pas le Kochel, en tout cas pas celle en do majeur K575 que tout le monde connaît, et qu'il avait un peu raté une trille ou deux, mais qu'il s'en était tout de même très bien tiré. Après, il avait joué du Brahms. Je ne sais plus quoi. Et en plus, pour répondre à la question, je n'aime pas trop Brahms, en tout cas sa musique pour piano. Image formidable de mon plus jeune fils devenant un adolescent sous les platanes ombrageux de la place de la fontaine Moussue à Salon de Provence.

04 décembre 2003

via le crepuscule des joursParfois j'ai la tête vide. Parfois non, ça vient tout de suite. Travail de mémoire, mystère. Plusieurs fois par jour des souvenirs me reviennent, à la pelle, comme les feuilles mortes de la chanson, par salves ou par bouffées, au moment les plus inattendus, en voiture par exemple, à un feu rouge, en regardant traverser une femme, ou pendant un entretien avec un patient qui m'ennuie un peu et renforce particulièrement le côté flottant de mon attention. Je ne prends pas la peine de saisir le chemin d'une possible association, je n'essaie pas de comprendre l'irruption, je préfère me livrer au plaisir qu'elle m'apporte et me laisser aller au jeu de ramifications qui peuvent devenir infinies. Par exemple : Festival d'Avignon 1967 avec Gilbert et je ne sais plus qui. Le camping sauvage dans l'île de la Bartelasse, le soleil qui tape à fond sur les tentes le matin. La traversée du pont vers les remparts sous le cagna. Presque un calvaire. Le cousin Bernard S. (eswt-il mort ou vivant à ce jour ?) installé là comme vétérinaire qui se moquait des festivaliers et pestait contre Avignon en hiver parcouru de Mistral. Le déjeuner toujours au même petit bistro dégotté non loin de la place de l'Horloge. Je me souviens du prix du menu : cinq francs, de la trogne sympathique de la grosse patronne et des salade de tomates et poivrons qu'il y avait tous les jours. Souvenir aussi du café La Civette, allez savoir pourquoi. (si, je sais : à cette époque là, je fumais. Gauloises, Celtiques.) Le " Petit Train de Monsieur KAMODE " ( Capitalisme Monopoliste d'Etat, grande théorie du PC de Waldek-Rochet, encore avant George Marchais.) pièce d'André Benedetto. Le théâtre du chêne noir de Gérard Gelas, assez baba, mais c'était l'époque, mauvaise copie du Living Théâtre. l'année suivante, il fera tout un cinéma en s'enchaînant avec la troupe du mme Living Théâtre le long des grilles du Palais des Papes. Les quatre fils Aymon de Béjart dans la cour d'honneur du palais des Papes et Nomos Alpha du même Béjart avec Paolo Bortoluzzi. Peut être Georges Down, mort bien plus tard du SIDA dansait-il dans les quatre fils Aymon. Puis en 74 ou 75 avec Christine, Catherine B., Jean Claude B.- déjà- et Sylvie J. Une très chouette Celestine mise en scène par Thaddée Jurado dont je ne sais absolument pas ce qu'il est devenu. Du théâtre off dans des cours avec des arbres qu'on se débrouillait pour intégrer au décor et la chasse aux chaises. Nous créchions dans un dortoir et nous allions trois fois par jours au spectacle. Superbe "As you like it" dont j'ai déjà parlé dans la cour d'honneur du palais des papes. Répétition de la troupe de Merce Cunningham à la chartreuse de Villeneuve les Avignon et superbe spectacle d'Alvin Nikolais dans la cour d'Honneur. Ballades en mob. dans les Alpilles. Panne de voiture à Saint Rémi de Provence. Mais quelle voiture? L'ami 6 ou la R5 de parents? Souvenir d'un arrêt prolongé à Saint Remi le temps de la réparation, mais où avions nous dormi ? Camping ou Hôtel ? Avions nous même passé la nuit là ? Et si cela avait été au contraire deux jours ? Retour en Avignon depuis : deux souvenirs. Lors d'un congrès de l'association "Accueils?" moribonde il y a quatre ou cinq ans ou plus ( j'avais revu avec plaisir F. connu à Moisselles et alors chef de service à Valenciennes, j'avais honteusement été dragué par une psychiatre bretonne, jolie brune très provocante) et il y a deux ans avec le Znatha, sur la route du festival de la Roque d'Anthéron où nous ne vîmes pas Martha Arguerich, qui une fois de plus s'était décommandée au dernier moment. Déception dudit Znatha, qui était dans sa période célèbrités et "Oeuvres d'art". Martha avait été remplacée au pied levé par un jeune plein d'avenir, Nicolas Angelish, que bien entendu, Nathan avait trouvé complètement nul. Revu aussi Saint Remi de Provence avec Nathan le même été 1999. et les baux de Provence aussi : plus rien ne ressemblait à mon souvenir de la panne de voiture. Aix en Provence, goût de calissons dans la bouche les platanes du cours Mirabeau. Combien de fois dans ma vie? Une fois avec les parents, dans l'enfance, à peu près sûr (souvenir de la grande place ronde qui précède le cours Mirabeau quand on arrive dans la voiture de Papa). Une autre fois avec Christine très probablement quand nous avions rendu visite à Gérard Courtois et Dominique Serres avant (ou après? Non, avant renseignement donné !) la naissance de Jérémie, dans la maison des parents de Gérard à Rognes (goût du vin de Rognes dans la bouche et aussi des tomates mûres, souvenir stupide de Gérard en train de rater une sauce béchamel inratable). Peut-être une fois aussi avec Florence, sur le chemin d'Antibes et de la rue Barcancannes, en face de la maison de Prévert (Jacques, le poête) dont l'autre côté donnait sur le rempart et la mer ( Souvenirs du Marché d'Antibes tout proche et goût de la Brousse dans la bouche que Florence achetait et des sardines farcies de la grand mère de Florence aux yeux étrangement bridés et aux pommettes hautes comme son fils et sa petite fille, un air de Russie d'Asie) La maison, meublée tout simplement mais avec un goût parfait qui ne se retrouve que dans ces vieilles familles bourgeoises, deux pièces par étage de chaque côté de l'escalier avec tout au sommet le "poste de pilotage du "commandant", beau père du père de Florence, ancien préfet, ancien directeur de cabinet de Léon Blum. La dernière fois - souvenir encore parfait - toujours avec Nathan, un soir sans concert à Laroque d'Anthéron, dans dans un improbable resto chinois des rues non loin du cours Mirabeau. Et sous le pont Mirabeau, à Paris coule toujours la Seine et mes amours faut-il qu'il m'en souvienne Sonne l'heure je demeure (voix de Christine dans ma tête qui chante à merveille et a capella la très belle version de Léo ferré.)

01 décembre 2003

Ce soir, l'adresse indispensable si vous voulez enfin comprendre vos enfants !
je me souviens que le volume consacré au XIXème siècle du "Lagarde et Michard" portait sur sa couverture un dessin de Victor Hugo