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27 juin 2010

Haïku de rien, 6


Comme le temps file
On a déjà moissonné
Le champ d'à côté !
MONTLAUZIN



Montlauzin

23 juin 2010

Pensées de la nuit N°171 "La musique est le plaisir que connaît l'esprit humain quand il compte sans le savoir" Liebnitz

15 juin 2010

Haïku de train, 10


Même à Austerlitz
Les cris des vuvuzellas
Me cassent la tête

Haïku de train, 9


Rayures obliques
La pluie rampe sur les vitres
Fuyons sous l'orage



Extraordinaire travail de vidéaste! il n'y a pas que Nicolas de Staël qui a compris la poésie du foot !(via La boite verte)

14 juin 2010

Voyage à Paris, 1.4


Il pleut des cordes ce matin. Les embouteillages ne m'amusent déjà plus. Le charme des grandes villes est-il soluble dans les intempéries ? Pour celui qui  vient s'y distraire,  très certainement. On lui gâche son plaisir. Il n'en a pas pour ses frais. Les autres, ceux qui y habitent font comme partout ailleurs, prennent leur mal en patience. Il est tellement difficile pour l'esprit humain de dissocier la pluie des larmes, le mauvais temps de la tristesse.  C'est que, malgré tout l'optimisme dont nous sommes capables le mauvais temps nous force tôt ou tard à nous tenir à l'abri. "Braver" le mauvais temps est une épreuve, souvent surhumaine. Quand il pleut, quand il vente, on se calfeutre, on se protège. Et se calfeutrer, s'enfermer à Paris ville lumière ou à Cases-Mondenard dans le Lot et Garonne profond, ne sont pas  des expériences très différentes l'une de l'autre. La plus animée des métropoles tend à ressembler à n'importe quel trou.  Cette malheureuse congruence se retrouve bien dans l'image de l'automobiliste enfermé dans sa voiture dans les embouteillages sous la pluie. Je me traîne donc à la vitesse des escargots dans la petite Matiz sur la bretelle bloquée de l'A6 à la Poterne des Peupliers  sans d'autre distraction que le touche pare-choc, le bruit des essuie-glaces entremêlés des éclats débat sur le Proche Orient à la radio sur France Cul. Si le chien est le meilleur ami de l'homme, son pire ennemi c'est l'humide, car il le tient en sa tanière. Ne parlons pas du chien humide. Une automobile sous la pluie est-elle autre chose qu'une tanière roulante ? Bref, c'est perdu dans ces pensées molles que j'arrive à peu près à l'heure à B. alors que j'avais bravement prévu d'y arriver au moins une heure à l' avance. Qu'en aurait-il été si j'avais juste prévu d'arriver à l'heure ? Les allées de gravier détrempées secrètent une boue liquide et laiteuse qui s'incruste dans les chaussures, les chaises de jardins s'amassent vides devant les portes de pavillons. Sans le soleil, la clinique s'endort et retrouve ses airs d'hôpital. Mais la gravité  et la réserve inhabituelle des soignants ce matin a d'autres causes. Au déjeuner (c'est comme dans les collèges anglais, les soignants mangent à une grande table dans le restaurant des patients) j'apprendrai que E.P. un médecin très aimé de tous, l'âme de la clinique  en quelque sorte, vient de tomber gravement malade. Les dernières nouvelles ne sont pas rassurantes. Les patients, qui ne savent rien, eux, sont égaux à eux mêmes, nombriliques, forcément. L'après midi me retrouve parisien, quartierlatinois plus précisément. On pourrait imaginer un village, disons une petite ville, enfin pas si petite, de la taille de Brives ou Montauban voire de Châteauroux,  plus grande que Cahors ou Auxerre en tout cas, occupant la rive gauche d'un fleuve de moyenne importance, incluant à la rigueur, deux îles étroites, reliés par  un enchevêtrement de ponts entre elles et aux rives du fleuve,  traversée par deux boulevards principaux se coupant à angle droit, avec un grand jardin à la française qui mériterait le nom de parc mais qu'on a toujours appelé jardin, plantée d'une colline surmontée d'une grande église en forme de temple grec appelée pompeusement "montagne" d'où descendent, dévalant la pente comme des ruisseaux,  des petites rues charmantes et animées,  avec rien autour, c'est à dire ni rive droite du fleuve au Nord ni quartiers périphériques au Sud, ni quartiers chics à l'Ouest ni populaires à l'Est, comme si on avait gommé le reste de la cité ou plutôt comme si on l'avait négligée, comptée pour rien, faisant comme si elle n'existait pas, même si on ne l'avait jamais connue, un peu comme  les hémiplégiques  font de la partie de leur corps paralysée. Sous la pluie, la descente du Saint Michel est moins gaie que prévu. Retour à "Compagnies" après deux mois d'infidélité (ombre d'"Ombres Blanches"...) longues retrouvailles et minutieuses stations dans les rayons. Je ne respecte pas ma promesse de ne pas flamber mais pas trop : j'ai juste acheté "Hors limites" de Gherasim Luca (un magnifique poème d'amour entendu magnifiquement dit sur France Cul dans la voiture quelques jours plus tôt) un manuel de psychiatrie d'un certain Fourcade sur les états limites (sujet qui me préoccupe depuis quelques mois)  et juste avant de passer à la caisse le dernier Erri Luca (que je porte depuis toujours dans mon coeur) Hors limite, Luca,  Etat-limite, Erri Luca. A ce niveau là on n'appelle plus ça une coïncidence mais une persévération. Évènement minuscule, mais joliment fortuit. Soirée cosy au "Rendez-vous" avec les garçons, place Denfert-Rochereau.
Une sélection de quelques photos intéressantes ( navigation super-confortable à la barre d'espace)
Pensée de la nuit N° 170 "Le temps est un aigle agile dans un temple" Robert Desnos (in "la Recherche" N°442)
Voyage à Paris, x (voyage à Paris, 2)


Je viens de faire un voyage à Paris entre deux livraisons de la série intitulée "Voyage à Paris"  que vous pouvez lire ces derniers temps et qui concerne un précèdent voyage à Paris que j'ai fait début mai. J'aurais du donc intituler les entrées déjà ici publiés : "Voyage à Paris, 1.x ( x = 1;2;3 ... etc.) et celle-ci : "Voyage à Paris, 2",  qui est en quelque sorte incidente, ce qui aurait permis  de ne pas perturber la chronologie de la première série, relatée, comme vous l'avez peut être lu, en différé. On aurait ainsi "mélangé" direct et différé grâce à la numérotation sans que le lecteur ciscoblogueur s'y perde.  Mon idée était même de créer une sorte de décalage entre une première série et la deuxième, entre l'incident et le différé, entre l'entrant et le déjà là en train de se faire, un peu à la manière de ce qui se fait en musique par exemple, dans les canons ou les fugues où on fait entrer les thèmes l'un après l'autre et où on fait se répondre les voix. Chaque série de texte constituant une voix, le tout permettant en quelque sorte de faire chanter les souvenirs et la mémoire sans rien perdre des répétitions et des variations. Mais finalement je viens de décider de reporter la réintroduction du thème, c'est à dire la relation de la deuxième série, et de ne pas rendre compte de ce récent voyage pour des raisons, disons, encore obscures,  dont l'une est que je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée... En revanche je vais adopter la nouvelle numérotation, au cas où, dès la prochaine livraison du "Voyage à Paris" (première série, en cours) qui s'intitulera donc, logiquement : "Voyage à Paris, 1.4", ce qui me permettra d'intercaler ultérieurement autant de "Voyages à Paris sous forme "Voyages à Paris, x" que  nécessaire sans en perturber le bon ordre (je me demande si je ne lis trop de maths en ce moment...)

09 juin 2010

Haïku de rien, 5


Fiers soldats de Xian
Les pousses de tournesol
A la file indienne




Une image d'une blogueuse cent pour cent islandaise, Rebekka Guöleifsdottir (sans blague) un tantinet nombrilique, comme il se doit mais très douée.





J'ai toujours trouvé que les bandes annonces des film de Godard étaient géniales. Oserais-je ajouter que la plupart du temps elles suffisent ? (j'ose)

08 juin 2010

Haïku de rien, 4


Il est revenu,
Siffle le merle moqueur,
Le temps des cerises
 Haïku de rien, 3


Dans la nuit profonde
Des deux Ourses vagabondes
Écouter le chant
Voyage à Paris, 3


Le trajet Dormeil Courpont-sur-orme se fait par les liaisons de banlieue à banlieue  (A6, A104 dite "Francilienne", N20, A10...) à travers une vaste baie de personne à la Peter Handke, des échangeurs autoroutiers, des cités, des zones commerciales, des friches industrielles et des champs maraîchers qui n'en finissent pas. Aux abords de Montlhery, alors qu'on se rapprocherait plutôt de Paris,  le paysage, un peu plus structuré,  commence cependant à prendre des airs de campagne, certes très peuplée, mais de campagne tout de même, avec des arbres, des prés et des collines. C'est là que se cache le château de B. , petit manoir XVII° à tourelles et à douves ouvrant d'un côté sur un parc avec bassins, naïades et tritons,  charmilles où se poursuivent des nymphes et des satyres en pierre,  broderies de buis et arbres centenaires, et de l'autre sur une cour d'honneur pavée, avec statues de lions couchés, grilles, lanternes et lanternons. La clinique n'occupe pas la belle bâtisse qui sert plutôt à l'administration et pour les colloques mais les communs et l'ancienne roseraie, dont les remaniements successifs  ont fait un improbable mais somme toute assez réussi mélimélo architectural. C'est ce genre de décor qui donne à certaines institutions psychiatriques leur côté "Abbaye de Thélème" et la clinique de B. n'est pas en reste, ce qui ne veut pas du tout dire qu'on est ici en colonie de vacances, Dieu me tripote, et même  peut-on parfois rendre grâce au ciel que la beauté de ces lieux d'accueil, l'harmonie qui y règne physiquement, pour ainsi dire, vienne parfois compenser l'horreur de certaines souffrances. Quand il fait beau les malades prennent le soleil sur les vastes pelouses ou bien l'ombre des chênes et des cèdres majestueux, font leur jogging dans les allées de platanes, se réunissent près de la grotte artificielle au fond du parc (quoique, la plupart du temps on peut plus facilement les trouver  assis en grappes sur les fauteuils de jardin,  serrés près de l'entrée de chaque pavillon, qui sont le premier lieu fumeur possible) En été, malgré tous les avertissements, les interdictions et les admonestations on les retrouve brûlés par le soleil, hâlés comme après un séjour aux Seychelles, ce que certains ou plutôt certaines voudraient bien faire croire à un entourage trop inquiet.  Je fais la connaissance de Valère, financier burntouté,  Artemise, inquiétante héroïne de Desperate Housewives, Sganarelle, suicidaire à répétition, Arnolphe, sympathique alcoolique, Oronte  prêtre défroqué délirant mystique et quelques autres.  On visite les patients dans leurs chambres (il faut parfois les chercher un peu partout, même au fond du parc) parce qu'on ne peut pas les recevoir dans les bureaux qui ressemblent, allez savoir pourquoi, au milieu de tout ce confort cossu, à des placards. J'affirme que contrairement à certaines idées reçues le métier de psychiatre est un métier physique : J'ai arpenté les couloirs et les escaliers de la clinique jusqu'à plus de vingt heures. Je rejoins Paris dans la petite Matiz louée le matin par la RN20 qui se jette dans l'A6 en franchissant l'Écoute s'il Pleut (joli nom pour une rivière, n'est-il pas ?) à peu près à la hauteur d'Antony. Nous  dinons avec Nathan au japonais de la rue Gay-Lussac que dans un lointain passé nous appelions le "chinois de la rue Gay-Lussac" mais qui est, comme chacun sait et comme presque tous les japonais de Paris, tenu par des chinois qui, descendants des chinois d'antan, sacrifiant l'honneur national au goût du jour, se sont convertis à la mode de la world cuisine. Il n'est pas plus mauvais qu'un autre. Le midi il est plein d'étudiantes et de profs (Institut d'Études Hispaniques, Normale Sup'), Nathan y emmène sa grand-mère une fois par semaine et quand j'étais dormeillois j"allais les rejoindre à la fin du déjeuner. Maintenant il est tard. Nous sommes quasiment seuls devant nos menus L, devisant tranquillement sans la grand-mère qui dort depuis longtemps dans son lit avec la télé allumée.

02 juin 2010

Tanka, 25


Vert virant au blond
A l'heure où l'ombre s'allonge
Les champs resplendissent

Douceur de la terre chaude
Sous ma main, la peau du monde