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12 août 2005

Aujourd'hui, grand départ pour petites vacances (et non l'inverse malheureusement) en cas de rencontre avec un ordinateur, CISCOBLOG donnera des nouvelles de sa villégiature... Bye !
Un haiku par bain, 21


Ce joli tercet
Je l'ai composé au sec.
Ah, C'est de la triche !

09 août 2005

Avertissement


CISCOBLOG ne fera aucun commentaire sur les voix de Zidane

07 août 2005

DU BALAIS !

06 août 2005

L"'homme qui marche" parle de mobiles. Carnet de croquis.

04 août 2005

En ce moment, il y en a un qui va bien. C'est Stéphane. On pourrait même dire qu'il est aux anges. Ou aux petits oignons. Comme un coq en pâte. On peut le voir tranquillement tomber le bomber noir, lui qui ne s'en sépare jamais, pour prendre le soleil dans le tout petit jardin. C'est une seconde peau, ce bomber, une armure. Son carapaçon. Son habit de hard rocker, son truc de skin head (j'ai toujours entendu : c'qui m'aide) Il dévisse aussi la casquette de rapeur pour se mettre la tête à l'air, ce qui est encore plus rare. Il étend ses jambes, qui font un angle droit avec les Docs sur deux fauteuils, mains croisées sur son petit bedon. Il regarde les joueurs de ping pong faire assaut de politesse et d'excuses. Stéphane, c'est la massif central. Il ne mesure pas deux mètres mais presque. Il s'en faut d'une pincée de centimètres. Il me fait penser au géant des "Goonies", surtout avec ses yeux qui plafonnent, son sourire édenté et sa barbiche clairsemée. Ou au BGG, le bon gros géant de Roald Dahl. Il peut vous assommer d'une chiquenaude, vous regarder avec son strabisme convergeant, vous faire "Bouh !" et vous faire sauver sans demander votre reste. il peut vous coller la frousse de votre vie. Il l'a déjà fait. Il a passé deux fois deux ans à Henri Colin, l'unité pour malades difficiles de la région parisienne, et il se battait tous les jours. Je vous ai déjà dit que la poignée de main de Stéphane était la plus belle poignée de main du monde, d'une franchise absolue, ample, de tout le bras, de toute la paume. Il vous secoue la main confiante que vous n'avez pu que lui abandonner et plonge dans vos yeux son regard bleu. Vous aimez ça, forcément. Stéphane a une toute petite voix douce, même quand il donne des ordres à ses cauchemars. Nous avons mis très longtemps à comprendre que Stéphane ne pouvait pas vivre sans être contenu (comme nous, mais le sac de notre peau nous suffit la plupart du temps comme contenant) Il faut le tenir tout le temps, sinon il s'écoule, se liquéfie, se dilue, ça le terrorise. Nous, il nous demande de servir de carapace, en plus de son bomber. Et puis, il y a les termites, sans qui nous serions d'un bien pauvre secours. C'est une sorte de pacte. A l'extérieur de Stéphane il y a nous, l'institution, l'hôpital, les murs. A l'intérieur, il y a les termites. Nous, on le nourrit, et Stéphane nourrit les termites. Il sait ce qu'il faut faire : il leur donne à boire, à manger, les occupe, les distrait. il sait comment ne pas se faire trop bouloter de l'intérieur. Que nous nous occupions de lui, Stéphane, lui il s'occupera des termites qui l'occupent. C'est à cela qu'il consacre toute son énergie, ne pas s'effondrer vermoulu. On peut dire qu'il y parvient, à un prix pharamineux. Stéphane est seul au monde. Cela fait douze ou quinze ans qu'il est hospitalisé. Il supporte un traitement de cheval. Il est là depuis plus longtemps que nous tous. Jamais une visite, jamais une lettre. Des promenades accompagnées avec les infirmiers quand ils ont le temps. Un gueuleton au Macdo une fois par mois. Il ne demande pas vraiment à sortir. Il a peur du trop vaste monde en ruine. De temps à autres, mais pas les dernières années, il recevait un colis, un seul, anonyme, oui anonyme, pour Noël. Des chocolats. Il savait d'où cela venait. Pas nous. Il n'avait pas vu son père depuis plus de vingt ans ni sa mère depuis près de trente. Il vient d'avoir 40ans. Dans les temps préhistoriques, le père avait chassé la mère et lui avait confisqué les enfants. Stéphane était devenu intenable, il l'avait chassé lui aussi. C'est comme ça qu'il s'était retrouvé à l'hôpital. Le père n'avait jamais voulu en entendre parler et avait fini par disparaître. On ne savait plus où il était. C'était un violent. Cela se perdait dans la nuit des temps. Ce n'etait sûrement pas de lui que provenait le cadeau de Noël. La légende disait que c'était une soeur qui le prenait en pitié mais n'osait pas enfreindre les ordres du père primitif. Il ya quelques semaines un événement sidérant est arrivé. On n'a pas su s'il s'agissait d'une bonne chose ou d'un mauvaise. Un jour, on me passe une communication. Voix neutre de la secrétaire "Je te passe Madame W. la mère de monsieur D. (monsieur D. c'est Stéphane) Comment çà, la mère de Stéphane. Il n'a pas de mère, Stéphane. C'est une erreur. Bon, je prends. "Bonjour, je suis madame W. la mère de Stéphane" - "?" - "bonjour, madame W. je suis la maman de Stéphane" - "?" - "Je viens de le retrouver, il est hospitalisé chez vous, non ? " -"si, mais..." - "je voudrais prendre un rendez- vous avec vous." Un rendez-vous ! après trente ans. Elle le retrouve ! "Son père n'a jamais voulu me dire où il se trouvait, j'ai habité longtemps en province..." Je lui fixe un rendez-vous pour quelques jours après. Je ne dis rien à Stéphane. Je veux voir d'abord. La ressemblance nous frappe aussitôt. C'est une très belle femme de soixante ans à la silhouette élancée. Elle cherche Stéphane depuis des années. Personne ne veut lui dire où on peut le trouver. Elle a même fait une demande à un juge qui n'a pas voulu lui répondre. C'est finalement un policier (elle était secrétaire chez un avocat, elle est tout juste à la retraite) qui l'a orientée vers le service. Elle sait que c'est incroyable. Elle nous supplie de lui laisser voir son fils. Il n'y a aucune raison de refuser sauf si Stéphane s'y oppose, de quelque manière. Je lui dit qu'il faut un peu de temps, le temps de demander à Stéphane ce qu'il en pense. Je vais voir Stéphane. Il ne cille pas. D'accord, il veut bien recevoir sa mère. il ne manifeste strictement aucune surprise. Aucune émotion apparente. Quelques jours après, c'est la rencontre. Après trente ans. J'accompagne la mère de Stéphane, jusqu'à la porte et la laisse entrer dans le service. Plus tard, elle m'a raconté. Quand elle arrive, Stéphane est de dos. Elle le reconnaît entre mille. Il se retourne. Il dit doucement : "Tiens, que fais-tu là ? j'ai rêvé de toi cette nuit !" Après trente ans. J'ai déjà cité cette phrase d'Einstein : "les évènements n'arrivent jamais. ils sont là de toute éternité. C'est nous qui allons dans notre mouvement aveugle, à leur rencontre."

03 août 2005

Un haiku par bain, 20


Un vacillement
Fait chavirer le soleil
Dans des vagues frêles