Pages

28 mars 2007

L'épuisement du week end, une version courte



Au matin, il a laissé Les deux Ourses à la gare de M*. Il a pris le tortillard, à l'acronyme pompeux de TER, qui mène à Toulouse en passant par Saint Gaudens, Saint Girons et les Murets. I y a terminé le "Scriptorium" de Paul Auster, levant parfois les yeux de sa lecture au dessus de ses lunettes, le regard détourné par le bruyant chahut des lycéens de retour dans leurs familles. Maintenant il est dans le TGV. Bercé par les lentes oscillations de la trajectoire, Haltmann laisse infuser son esprit dans le paysage qui défile à la fenêtre. A cette vitesse, l'espace n'est plus continu. Le relief se réduit à un jeu de rubans de terre qui glissent silencieusement devant l'aplat immobile du ciel blanc. Des bandes étroites de campagne, de bois, de collines, dérivent devant lui comme des continents, défiant les formules de la vitesse et de la perspective. Après Bordeaux, le train a enfin pris la "très grande vitesse" annoncée sur le billet et s'est transformé en cette sorte de missile à tête chercheuse dont le terminus parisien se veut la cible inratable. Mais ce retour est un lent retour vers Dormeil, dix ans après. Dix ans, déjà, avec tous ces fantômes à conjurer. La veille, au milieu de la journée, entre une visite chez T*, dans sa maison au bout du village, au pied du raidillon qui monte à Castera et des courses à L*B*, avec des échappées sur le pic du Gard masqué par la brume et la photo qu'il n'a pas faite faute d'avoir pour une fois oublié son appareil, ce coup de téléphone de Y*sur son portable comme une irruption de son passé et la douleur qui maintenant l'accompagne et qu'il ne peut chasser. Il a lu intégralement le "Journal du Dimanche" (Ségolène rattrape Sarko dans les sondages) et dans ses moindres recoins l'Equipe qui rend compte des matchs de la veille : Hénin a battu Mauresmo et le TFC l'OM. Il tente de joindre N*, qui lui manque, sur son portable mais en vain, le progrès n'allant tout de même pas jusqu'à rendre facile les communications entre un bolide lancé à 300 à l'heure et une maison fichée au fond d'une vallée perdue. Il tue le temps à la voiture bar où il regarde défiler de débonnaires nuages ouateux par les ouvertures du plafond dans cette astucieuse mise en scène faite pour rappeler les voyages en avion, qu'il déteste. Jusqu'à Bordeaux il avait eu pour voisine une jeune fille sage pas désagréable à regarder mais totalement silencieuse qui lisait Harry Potter en anglais tout en souriant béatement au son non moins silencieux de son Ipod qui avait elle même remplacé à Agen une femme âgée qui débitait en hurlant des énormités sur les élections à sa mère encore plus âgée et sourde. A Bordeaux, la jeune fille sage et pas désagréable à regarder avait été poliment chassée (vous voulez bien changer de place pour qu'on soit tous ensemble ?) par une mère de famille BCBG autoritaire et ses deux enfants plutôt bien élevés et à papa en Loden qui leur faisait au revoir par la fenêtre. Une grosse magrhébine entre deux âges, voilée de noir avait pris place à trois rangs de là. La vraie France. Il ne la connaît pas. Il continue de lire stoïquement "Cuisine et vins de France" en s'attendant au pire. Mais non, tandis qu'en face de lui, la fillette toute menue, aux très jolies couettes de cocker, très bien dans sa peau, jolie et calme, dessine avec plaisir et concentration des maisons tarabiscotées sur un cahier d'écolier à petits carreaux, son frère joue à la game boy advanced. Tous les quarts d'heure il introduit méticuleusement une nouvelle carte dans la machine et range soigneusement la précédente dans sa boite. Il ne se disputeront qu'à la toute fin du voyage et encore de manière tout à fait civilisée. La maman nourrit et abreuve ses enfants de temps à autre. Elle appelle ses copines (ou son amant sait-on jamais) sur son portable qui "passe", lui. Ils ne manquent de rien. C'est une famille bien organisée.

25 mars 2007

Enfin ! Echolaliste n'est plus seul dans la ciscoblogosphère (la ciscoblogosphère, ça exite, ça ? ben oui : c'est la nébuleuse -voyez le nébuloscope - qui tourne autour de ciscoblog) bref, je viens de découvrir je ne sais plus par quel chemin, merci à mon sens de la désorientation bien connu, l'existence de cette anti wikipédia désopilante. Longue vie donc à la Désencyclopédie !

24 mars 2007

Deux Haîkus par bain, 44 et 45


Dans ce jus brûlant
Ma vieille peau de lézard
On peut l'amollir


Samedi matin,
Tremper en diagonale :
Luxe et volupté

23 mars 2007

Scotché par ce fantastique cours de santé publique internationnale de Hans Rosling : aussi beau que le commentaire d'un match de foot à la radio par Eugène Sacommano (via transnet)

18 mars 2007

Vieux lieux pieux (...), 5



Le 95 est en retrait du boulevard, mais l’alignement n’en est pas moins respecté : un mur de trois mètres de haut assure la continuité, il est percé de deux portes symétriques encadrant une grille assez large toujours ouverte sur une cour qui donne sur l’immeuble proprement dit, qui n’est pas en pierre de taille, qui est précédé d’une volée de marches au haut desquelles un perron ouvre sur une large double porte vitrée. Il y a, entre l’immeuble précédant et le mur, un grande maison d’un étage, surmontée d’un toit d’ardoise à quatre pentes, de forme rectangulaire. La façade qui en constitue la largeur respecte l’alignement et donne sur le boulevard, celle qui en occupe la longueur donne sur la cour. Cette « maison » qui devait être, à l’origine, les communs du bâtiment principal, est actuellement occupée par un cabaret tahitien, le « Restaurant 95 » dont les vitrines tentent d’attirer le chaland avec une vue de l’intérieur des lieux, tables et chaises en rotins rangées proprement l’une derrière l’autre et, gage d’exotisme, des vues de vahinés souriantes et alignées. En franchissant la grille on découvre un arbre tout chétif, un peu perdu dans cette cour bétonnée. A gauche du perron, une plaque nous apprend que "César Franck, né à liège le 10 décembre 1822 a habité cette maison depuis 1865 et y est mort le 8 novembre 1890". Un fin balcon de fer forgé longe les fenêtres d’un entresol, au troisième étage. En ce moment précis une jeune fille aux cheveux bruns peignés en bandeau et vêtue d’un pull multicolore et de jeans, regarde en bas dans la cour. Elle semble guetter la sortie de quelqu’un. Non loin d’elle, à sa droite, un plaque de bronze répète l’hommage à César Franck, à sa gauche, une autre plaque évoque Louis Marin 1871-1960 homme d’état et…(je ne peux pas lire, même en m’avançant)…jusqu à sa mort. L’immeuble est occupé par l’école française de masso kinésithérapie, pédicurie et podologie. Mon condisciple à Henri IV, Sullerot, dont je ne me souviens plus du prénom, fils de la sociologue Evelyne Sullerot, belle grande femme très comme il faut aux cheveux gris qui faisait parfois de doctes apparitions à la télévision, spécialiste de la condition féminine, habitait dans cet immeuble ou celui qui occupe le quatrième côté de la cour dont la façade fait face au restaurant tahitien (en scrutant cette façade j’aperçois, au sixième étage, une magnifique verrière moderne remplie de plantes exotiques.) Le mur pignon de cet immeuble donnant sur le boulevard abrite un sandwicherie qui fait pendant au restaurant tahitien. Le 97, qui lui fait suite, est un immeuble à un seul étage dont le rez de chaussée est occupé entièrement par le Bar Tabac « Le Bac » que je n’ai jamais beaucoup fréquenté (j’allais plutôt acheter mes cigarettes et faire des flippers au « Tabac du Val de grâce », plus haut dans le boulevard, au coin de la rue du Val de Grâce, comme son nom l’indique et comme on le verra plus tard). Le véritable 97 se trouve par delà le porche profond, il est lui aussi en retrait, mais masqué, donc, par le petit immeuble du bar tabac. C’est une succession de cours et d’immeubles de six étages : escalier A, au fond de la cour à droite escalier B, au fond de la cour à gauche etc. Après le porche, il y a la boutique « Taraka », petite et tout en longueur et qui vend des indienneries depuis toujours, bien avant la vogue des boutiques « ethniques », immédiatement à sa suite, le coiffeur « Jean Louis David » expose son faux luxe et ses télés qui passent en boucle des clips vidéos. Le 99 porte au niveau du premier étage la plaque bleue au liseré vert : « Boulevard Saint Michel. 5ème arrondissement ». Le rez de chaussée est occupé par la boutique « voyages Charters », toute petite. Sur la vitrine on peut lire l’inscription : « tarifs charters pour tous », qui doit être très ancienne car il y a belle lurette que les charters ne sont plus réservés aux étudiants ou aux jeunes de moins de vingt-cinq ans. A partir du 99, Le boulevard s’évase comme pour avaler au passage, serpent gourmand, une place, assez petite, que nous appelions la « Place de la Quinine » à cause de la statue qui l’orne et dont je parlerai dans un instant mais qui s’appelle en réalité « Place Louis Marin » et qui est tout à fait sa place, à lui, l’homme d’état, si on se souvient de la plaque commémorative dont je parlais plus haut. Mais bien que la voie change de nom, les numéros des immeubles continuent ceux du boulevard. Ainsi le restaurant italien « Della Stella » est situé au 101 place Louis Marin qui ne compte pourtant que trois immeubles. Un mot sur ce restaurant, qui, fait relativement rare, n’a jamais changé de nom, sinon de propriétaire, ni cédé sa place à un autre commerce : ce n’est pas une pizzeria, mais un vrai restaurant de cuisine italienne, modeste et cossu, où nous allions parfois le dimanche, en famille, manger des escalopes milanaises ou du foie à la Vénitienne. Les fiasques de Chianti étaient encore bordées de paille et les citrons givrés, durs comme de la pierre, n’existaient pas encore. En revanche, la zuppa inglese, la cassata et le fond de musique de mandoline nous transportaient littéralement de l’autre côté des alpes.
Un haïku par bain, 43


Week end de printemps
On trempe au soleil, pépère
Entre deux averses.

12 mars 2007



Un flip book géant, une animation grandeur nature, ça c'est très fort ! (via l'Oncle Tom)

09 mars 2007

Pensée de la nuit N° 116 : "J'aime me souvenir plus que vivre, et d'ailleurs quelle différence ? " Federico Fellini

04 mars 2007



Du monde au balcon ! (photo prise à Sacoué, Hautes Pyrénées)

03 mars 2007

Pensée de la nuit N°115 : "Telles les ondes de chaleur immatérielles, le coeur erre entre être et non être, fleur de lys qui n'a d'appui aucun, alouette qui s'égare dans le ciel immense" Basho, préface au receuil "Friches" éditions Verdier.
Un Haïku par bain, 42


Halas! Plus d'eau chaude
Momie dans son sarcophage
Tout nu, je grelotte