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29 janvier 2008


J'adore cette photo de Nathan, intitulée Port Royal

24 janvier 2008

Pensée de la nuit N°131 . Tsuyu no yo wa/ Tsuyu no yo nagara/ Sarinagara. Je sais que ce monde/Est un monde de rosée/Et pourtant pourtant. Kobayashi Issa, Haïku, 1819

17 janvier 2008

Il ne faut pas désespérer, il y a toujours une chance! La preuve : cette pub pour les assurances.


14 janvier 2008

Un Haïku par bain, 63


Le traité d'hygiène
Te proscrit, bain corrupteur
Qui, là, m'amollit

13 janvier 2008



Eh oui, Michelangelo revisité comme ça c'est assez chouette (il faut regarder longtemps) même qu'on se demande si c'est une vraie photo-mosaïque, comme dit Luc (
via "brève de comptoir")

12 janvier 2008

Au théâtre il y a ce moment dont j'ai déjà plusieurs fois parlé ici qui me transporte toujours, surtout si la représentation a été bonne, c'est le salut. Ce moment de transition qui résume à lui tout seul toute la magie du théâtre, où l'acteur doit lentement se défaire du personnage, redevenir acteur et recevoir les applaudissements du public. C'est la fin de l'illusion, l'atterrissage, le retour au "réel". Si j'ai aimé la pièce, c'est vraiment un moment qui me serre le coeur. Nous nous séparons. Nous ne quittons pas les acteurs, mais les personnages. Il y a toujours une grande douceur : cette façon de s'aligner de se tenir par la main, de lever les bras ensemble, ce lent retour où, encore vêtu des oripeaux des personnages, les acteurs ne sont cependant plus les personnages, où ils ne peuvent plus ni ne veulent plus nous faire accroire. Il ne reste plus qu'à saluer. Mais l'acteur ne dit pas "au revoir" (c'est le personnage qui le fait), il dit au contraire "bonjour" et nous quitte en même temps. Les personnages s'évanouissent comme les protagonistes d'un rêve, quand il faut se reveiller. On voudrait les retenir, mais on ne peut pas. Les acteurs n'ont plus qu'à dire la vérité : c'est moi qui l'ai fait. Ils vont eux aussi quitter la scène. C'est une deuxième séparation. Tombent les masques, on dégrafe un peu les cols, on sourit. On s'aperçoit soudain qu'ils sont en nage, qu'ils sont essouflés, fatigués, quel travail cela été. Cet après midi, à la fin de l'excellent "Mariage de Figaro" que donne en ce moment la Comédie Française, j'ai ressenti cette émotion qu'on ne peut ressentir qu'aux spectacles "vivants". Au théâtre à l'italienne tout est fait pour qu'acteurs et spectateurs soient le plus proche possible : le parterre ne s'étend pas de plus en plus loin en arrière (comme dans un "Zénith" par exemple) au contraire, il bifurque très tôt et se développe en hauteur : corbeilles, premier balcon, deuxième balcon, poulailler, paradis. On s'élève tout droit jusqu'aux cintres. La sympathie vient de là : le théâtre est une maison, notre maison, toujours. Chacun de nous a connu enfant ces scènes "primitives" où nous occupions ces espaces ménagés entre les pièces, des ouvertures, des seuils, doubles portes par exemple, planchers surélevés, pour en faire des théâtres, éteindre les lumières et les éclairer à nouveau par une simple lampe de chevet. Concerts de trois minutes, tours de chant minuscules, oresties, énéides improvisées et autres soirées poétiques hésitantes... En cette fin d'après midi, en même temps que le jour finissait, nous étions tous heureux comme on l'est à la fin d'un repas de fête familial où on a poussé la chansonnette ou raconté une histoire, où chacun a montré ce qu'il sait faire et émerveillé les autres. Il y avait cette véritable chaleur. Je ne me sens jamais autant "chez moi", relié, "en famille", qu'au théâtre.
hier soir je me suis laissé prendre au piège : j'ai suivi sur Canal U un cours sur le mouvement brownien passionnant qui m'a tenu éveillé jusqu'à près de trois heures du matin. Dans la famille "faites votre télé vous-même" (deuxième) je demande Canal U : une mine,que dis-je, une exploitation !

08 janvier 2008






Il y a tout lieu d'être mécontent. Je n'ai évidemment pas acheté le Nouvel'Obs. Non seulement la photo du cul de Simone de Beauvoir pose un véritable problème "éthique" (en dehors de toute pudibonderie : quand j'ai vu la couverture du magazine, sans savoir de qui il s'agissait dans un tout premier temps, je me suis dit : chapeau ! Des culs comme ça on n'en voit pas touts les jours, bravo madame, franchement ! Et dans un tout proche deuxième temps, quand j'ai voulu m'enquerir de sa propriétaire : A qui donc avons nous l'honneur ? Madame de Beauvoir ? Ah bon, joyeuse surprise ! Vous m'en direz tant ! non contente d'être un cerveau de première classe vous possédiez, chère madame, une anatomie de star et un cul que Praxitele lui même il n'aurait pas fait mieux ! Et ma langue de tomber par terre et mes yeux de sortir de leur orbite. Ah, le sacré Jean Paul il ne devait pas s'emmerder avec un pareil castor. Elle avait vraiment tout pour elle, etc. ) mais son côté racolleur, faussement lumineux, le côté un peu pervers de la photo manifestement volée m'avait fait considérer l'évènement avec toute la prudence necessaire : Les journalistes font ce qu'ils veulent, surtout pour vendre du papier aux intellos bobos, mais je n'allais pas me laisser attirer par un artifice aussi mercantile. Je pensais que coller le cul de Simone de Beauvoir sur une converture pour fêtre son centenaire n' avait strictement rien de libérateur ni même d'iconoclaste ou scandaleux. Qu'en aurait, elle-même, dit ? S'il ne s'était s'agit d'une manoeuvre que je tiens pour réellement perverse concernant une héroïne incontestable du féminisme, j'aurais dit qu'il s'agissait, comme souvent, d'une fausse bonne idée, une idées de potaches boutonneux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur q ... nez et que décidemment la presse de gauche n'est plus ce qu'elle était. Mais je restai tout de même subjugué par la perfection de l'anatomie de notre centenaire. Je fis une recherche internet et tombai sur cette photo qu'il est très facile de trouver en quelques clics. C'était l'original de la photo publiée, une très belle photo d'une très jolie femme. Et ma colère ne fit que grandir. La photo avait été photoshopée, le cul avait été retouché ! Un petit coup de lumière par là, de l'ombre par ci, une légère culotte de cheval éffacée, un bronzage plus "intégral", la disparition d'un couvercle de chiottes etc. Beauvoir à poil, mais bien lisse et même bien liposucée. Un nu politiquement correct, de maintenant, tirant plus du côté Crazy Horse que de celui d'Araki. Le cul de Beauvoir en 1952 avait certes des grâces particulières mais était celui d'une femme qui n'était pas un modèle professionnel et cela se voyait ! Simone n'en redevenait que plus femme. Mais la vérité là dedans qu'on prétendait nous montrer toute nue ? Elle sent sous les aisselles, affirme Picasso. Et le Nouvel'Obs, il sent quoi ?

06 janvier 2008

Imperatif catégorique. Je n'ai jamais bien compris si c'était l'impératif qui était catégorique ou bien la catégorie qui était impérative. A vrai dire, Je n'ai jamais trop cherché à me pencher sur Kant, si j'ose dire. Une sainte trouille, peut être, ou bien un respect pétrifiant, c'est selon. Un pas rigolo, j'ai toujours pensé. Pas le gai savoir, ah ça non. C'est le seul philosophe pas rigolo du tout que je connaisse. Il me rappelle mon prof de philo quand j'étais en mathelem à H IV, Maurice Caveing (c'était un éminent élève de Georges Canguilem himself, pour qui j'ai une admiration sans borne, celui du "Normal et du pathologique" et du maquis, maître aussi de M. Foucault, je l'ai appris bien plus tard, Maurice Caveing est toujours vivant, il doit avoir près de quatre vingt dix ans, je viens de faire une recherche internet, je croyais qu'il était mort depuis longtemps mais non) qui nous infligeait cinq heures de logique ajoutées aux neuf heures de math et jamais de métaphysique ou de morale qui aurait pu nous faire souffler entre deux théorèmes. Nous voulions être des scientifiques eh bien nous allions être servis ! Vous reprendrez bien un petit coup de Zénon d' Elée après les élements d'Euclide ? On airait bien aimé, nous, un petit coup de Nieztche, ou encore mieux de Freud ou même de Marx, mais non, allez vous faire voir, rien que de la Mathématique pendant un an. On aurait dit qu'il nous punissait d'avoir choisi mathélem et non Philo ! En tout cas quand j'éssayais d'imaginer Kant à sa promenade je lui superposait toujours le visage pâle de Maurice Caveing avec ses lunettes, l'homme qui ne souriait jamais. Mais revenons à nos moutons catégoriques. C'est le titre du dernier épisode du "Grands incendie de Londres" de Jacques Roubaud dont je viens de faire la précieuse acquisition à Compagnie. Je croyais savoir qu'il avait arrêté. Qu'il avait renoncé, qu'il avait abandonné son Projet infaisable, mais non. En voilà une branche aussi innatendue que réjouissante : "Impératif Catégorique" (Le Seuil, Fiction & Cie). Il y a deux écrivains, vous vous en êtes peut être déjà apeçus, vous fidèles Ciscobloggers, à qui je voue une véritable passion, à qui je porte une admiration sans borne, sans qui, je crois franchement, je ne serais pas tout à fait le même, je veux dire G. Perec et J. Roubaud. J'éprouve une fascination presque fatale à me plonger depuis une dizaine d'année dans les méandres du "Grand incendie de Londres", le roman qui ne sera jamais écrit, fleuve tranquille dont on ne connaît ni la source ni l'embouchure. Il y a quelque chose de Roman Opalka, chez Roubaud. Ce qui m'émeut terriblement dans sa tentative insensée, c'est l'acuité de sa conscience du temps. Il nous dit que tous les matins du monde ne reviendront jamais. Mais pour dire cela, il faut le redire et le redire sans cesse. Il faut faire comme si un jour un matin du monde parmis tous reviendra. Il faut y croire, un seul un tout petit matin du monde, parmi des myriades de matins qui ne reviendront jamais, une aube faiblarde ou même blafarde mais elle reviendra, quelque part dans l'éternité. Il y a, on le sait, dans Le Grand incendie de Londres tout un travail de deuil, mais un travail de deuil qui boucle la boucle , un deuil qui ne butte pas sur l'oubli : La poésie est la mémoire de la langue. Le "Grand Incendie" n'a du roman que le nom : c'est de la poésie. Grâce à Roubaud je crois avoir compris que la poésie c'est la disparition du narrateur, cet intermédiaire inutile, la rencontre non médiatisée de l'auteur et du lecteur, la fonte l'un dans l'autre de celui qui écrit et de celui qui lit, leur confusion, leur vibration. Il faut faire résonner l'écriture comme un tambour, comme le bruit d'un bout de bois sur un autre bout de bois, Si en littérature on veut faire disparaître le narrateur il faut, avec toute la modestie nécessaire, alors ramener obstinément, ostinato, la littérature à l'essentiel, la graphie, l'acte d'écrire. Le simple acte d'écrire. Un des seules issues possibles, bien loin de toutes les constructions de mondes fictifs est de prendre son propre soi comme unique sujet, non pas par narcissisme, non pas par humanisme comme Montaigne qui est si grand mais simplement pour devenir par cette seule alchimie l'Autre à qui l'on s'adresse et qu'on veut regarder en face, l'unique et l'universel, l'éternel et l'éphémère. Je ne comprends que de cette manière le "Je est un Autre" d'Arthur Rimbaud. Le "Je est un autre" n'est en aucune manière une étrangeté radicale, il n'est que le résultat, le reste, le résidu, le précipité, de l'alchimie de la littérature. Un livre ou un poème n'est à jamais lu que par une seule personne, même s'il s'adressent à des millions. La poésie est un million de fois plus qu'une transmission. C'est une transformation dans l'autre. Le texte est ce seul noeud crucial ou celui qui l'écrit rencontre celui qui le lit en s'y confondant de toute sa chair et de tout son sang. Revenir en même temps au renversement, au retournement en doigt de gant, de Stendhal par Perec : écrire est bien plus qu'un "miroir qu'on promène le long des chemins", on n'emmagasine pas, on se déverse. Le livre est cette chose même dont jaillit au contraire le chemin, toutes les merveilles qui le bordent et en fin de compte le lecteur lui-même, je veux dire la vie. Le livre, le poème créent la vie, littéralement.

02 janvier 2008

Pensée de la nuit N° 130 : "Proust est tombé dans le domaine public. Maintenant tout le monde a le droit d'écrire du Proust". Jean Marie Gourio, Brèves de comptoir. L'annivesaire.
Pensée de la nuit N° 129 : "Parfois je m’assieds, le crayon à la main, mais je n’ai pas envie de faire du Chevillard encore ; j’attends donc qu’il se lasse d'attendre ; c’est alors tantôt du Montaigne qui me vient, tantôt du Proust, du Borges ou du Nabokov ; à la fin, tout de même, ma vanité d’auteur reprend le dessus et je signe ces pages de mon nom." Eric Chevillard, L'autofictif