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31 mai 2005

Je pense à

lire le Quichotte depuis longtemps, et je ne le fais pas. Je crois que j'y pense au moins depuis que je sais que l'histoire du chevalier fou et de son sage suivant n'est pas un conte pour enfants mais au contraire un gros livre qui est le père - le père, que dis-je - le père et la mère de tous les romans. Je sais, ça impressionne. Je n'ai toujours pas lu le Quichotte, je le confesse. C'est une grosse lacune. Je viens de lire une entrée sur le blog de François bon qui m'a definitivement convaincu qu'il fallait lire le Quichotte. Il raconte que Faulkner lisait le Quichotte tous les ans : il l'ouvrait au milieu et lisait en avant ou en arrière ce qui faisait qu'en dix ans il avait relu tout le Quichotte. Et comme je ne suis pas Faulkner, je peux le lire au moins une fois dans ma vie, ça serait bien. Il n'y a aucune version du Quichotte dans ma bibliothèque, si ce n'est celle du grand Pierre Ménard, célèbre auteur toulousain, qui a tenu la gageure de le réécrire tout entier, sans en oublier une seule virgule et sans le recopier, en trois ou quatre pages, chef d'oeuvre de consision, d'économie et finalement d'écologie avant l'heure. Je la relis au moins une fois par an dans le receuil de nouvelles publié par un obscur auteur argentin aveugle il y a cinquante ans. Mais je n'ai pas encore lu la version longue, celle de Cervantès. il faut que je m'y mette, un petit tour sur Amazon et...bonsoir.

28 mai 2005

(Très long) début de roman définitivement inachevé, 3

(encore plus long en LCD, les fans l'ont déjà lu...)



Le boulevard Saint Michel se monte (se remonte...) ou se descend. Quand je sortais de chez moi je pouvais, soit "monter" le boulevard, m'éloigner de la Seine, vers la rue du Val de Grâce, et plus loin, comme je l'ai déjà dit, vers Port Royal (le métro) et Denfert (le Lion de Belfort), soit Je pouvais le "descendre", me rapprocher de la Seine, vers la rue Soufflot et plus loin la Sorbonne, les thermes de Cluny, et m'enfoncer dans le "vrai" quartier latin, ses petites rues à cinémas. Mais le Boulevard Saint Michel qui me colle à la peau et aux os, est plus restreint : il s'étend de la rue du Val de Grâce, où nous allions chercher le pain, à la rue Soufflot ou je bifurquais deux fois par jour pour me rendre au lycée Henri IV caché tout en haut derrière le Panthéon (rue Clovis), sur le trottoir des numéros impairs. Le reste, les numéros pairs, l'autre rive, on l'appelait "en face". La traversée du boulevard en faisait déjà un lointain Far West. D’ailleurs on n’était plus dans le même arrondissement, on était dans le sixième, la chaussée constituait la frontière entre le cinquième et le sixième arrondissement. Il y avait pourtant là l'épicier "Déroches", auvergnat à béret et grand tablier bleu, sa femme derrière la caisse, dans l'ombre, et son fils étudiant, maniant comme il se doit, les caisses de bouteilles de rouge. Il y avait aussi la rue Herschel ou avait habité Gabrielle, ma première nounou, et plus loin, au-delà de la rue Auguste Comte, qui prolonge la rue de l’Abbé de l’Epée vers le sixième, les grilles du jardin du Luxembourg, avec les serres, la façade de l'école des Mines et encore les grilles du Luxembourg jusqu’à la place Edmond Rostand et ses cafés. C’est à partir de là, d’ailleurs, que le boulevard plonge vraiment vers la Seine. Il s’incline nettement et, à la hauteur du Lycée Saint Louis, par exemple, on peut dire que la pente est tout à fait perceptible. En « remontant » à pied, du carrefour avec le boulevard Saint Germain, il faut fournir, c’est vrai, un certain effort. Mais du côté de la peau et des os, comme je disais, c’est moins sportif, la promenade est pratiquement plate. A vrai dire, nous sommes déjà « en haut » depuis plusieurs centaines de mètres. A propos de Saint Germain et de Saint Michel, je les ai d’ailleurs toujours considérés comme deux frères un peu ennemis, je veux dire les boulevards, pas les Saints (les Saints, je doutent qu’ils se soient jamais connus). Je sais qu’il représentent à eux deux emblématiquement le Quartier Latin, mais, en fait, ce qui les sépare, à mon humble avis de simple natif, est plus grand que ce qui les rapproche, en dehors du carrefour où ils se coupent (ils sont bien obligés). J'admets qu'ils finissent tous les deux leur trajet dans la Seine, et, même si celui du Saint Germain y commence, de toute façon, aucun des deux n’est capable de la traverser. J’admets aussi qu’ils bordent, l’un et l’autre, une place célèbrissime : La Place Saint Germain des Prés pour l’un, et la place de la Sorbonne pour l’autre, mais, à part ça, ils n’ont vraiment pas grand chose en commun. L’un est riche et aristocrate, l’autre est riche et seulement bourgeois. Ils se croisent, ils se saluent mais ne s’apprécient pas vraiment : l'un reproche à l'autre de se pousser du col, l'autre au premier de jouer les importants. L'un est catholique pratiquant, l'autre plutôt républicain modéré. Saint Germain, bien qu'il naisse le long des marches de la chambre des Députés, se nourrit sur le haut de son cours, dans le septième arrondissement, des petites rues de l'antique et royal "faubourg" qui abritent monastères replets, couvents cossus, grandes maisons bien pensantes et hôtels particuliers compassés, et bien qu'il reçoive la confluence turbulente de la rue Bonaparte, des quat'zarts et de l'école de médecine qui ne sont, somme toute, rien d'autre que ses propres rejetons et qui s'assagiront avec l'âge, il passe le carrefour avec Saint Michel sans rien perdre de sa morgue et la renforce même sur la fin de son parcours, après Maubert, en infléchissant sa route vers le prestige des quais de Montebello et de la Tournelle et gardant au passage un œil propriétaire sur Notre Dame à travers, par exemple, les rues de Bièvre et des Bernardins. Saint Michel, lui, droit dans ses bottes, descend joyeusement de Port Royal où il y a une belle station de métro, à la fois souterraine et à ciel ouvert (il faudrait parler un jour de cet excitant « brouillage » d’espace que sont souvent les stations de métro parisiennes à l’endroit où celui-ci se fait aérien – aérien, léger, délicat, dit-on : Austerlitz, Denfert Rochereau, Pasteur, etc.) qui est maintenant une station de RER. Mais « Port Royal », c’est trop vague. A cet endroit, c’est une sorte de grande esplanade, bordée d’un côté par le centre Jean Sarrail et la station de métro récemment repeinte en vieux rose, et de l’autre, mais loin, à quelques centaines de mètres, par l’embouchure de la rue d’Assas, un peu après la Closerie des Lilas, avec des immeubles dont on n’arrive pas encore à savoir à quelle rue ils appartiennent. Cette esplanade est bordée sur un troisième côté, derrière une fontaine monumentale à la Carpeau, où s’ébattent les corps charmants de force nymphes et naïades de bronze, par le début du jardin qu’on appelle le « petit Luxembourg » qui occupe alors toute la majestueuse largeur de l’avenue de L’Observatoire (qui est beaucoup plus une place qu’une avenue; ainsi pourrait-on dire à l'inverse qu’à Prague, la célèbrissime « place » Wincesclas est plus une avenue qu’une place). Cette esplanade, je viens de l’apprendre en consultant un plan, s’appelle la place Ernest Denis. Elle s’étend de l’Observatoire de Paris jusqu’à la rue du Val de Grâce. C’est là que le boulevard Saint Michel s’autonomise vraiment : Ainsi l’avenue de l’Observatoire, directement issue de l’Observatoire de Paris, traverse la place Ernest Denis tout droit et se divise en deux branches, l’une Ouest, qui continue de s’appeler « avenue de l’Observatoire », avec le petit « Luxembourg » et qui va aller butter sur les grilles du « grand » à la hauteur de la rue Auguste Comte, l’autre, Est, qui est le boulevard saint Michel proprement dit. Le boulevard Saint Michel est un Boulevard « pénétrant », cher au baron Haussmann, propre à ouvrir Paris à la troupe en cas de soulèvement populaire à mater. Il double, tout au long de son trajet rive gauche, l’ ancestrale et moyenâgeuse rue Saint Jacques, trop étroite, justement, pour laisser passer les escadrons de cavalerie. Saint Jacques, bonne enfant, entretient de bonnes relations avec Saint Michel. Elle ne lui en veut pas trop de l’escorter et lui envie sa vigueur. Elle lui envoie d’ailleurs une multitude de petites rues transversales qui entretiennent l’amitié : de l’Abbé de L’Épée, Royer Collard, Cujas, du Sommerard, Saint Séverin, sans compter les grandes, Soufflot, des Écoles. A la fin de sa course allègre, Saint Michel, pour nous faire croire qu’il traverse la Seine, fait mine de la franchir avec le pont Saint Michel, mais la blague est sinistre, car sur l’autre rive, il est devenu, adulte et sévère, le boulevard du Palais, qui borde le Palais de Justice et la préfecture de Police. Triste et prévisible fin…Mais pourquoi ne pas dire que, Saint Michel, résolument réfractaire à son destin, au niveau de la Place et de la Fontaine, où se donne rendez-vous toute la jeunesse francilienne, s’étale tout à coup, paresse et musarde, finalement s’écoule par les côtés, sans prévenir personne, et se fait la belle par les quais rive gauche, Saint Michel à l’Est et Grands Augustins à l’Ouest ?
Seem rather british, by those times, do I ?
Pensée de la nuit N°85 :"Kinsley affiche une douce beauté. Il a les cheveux plus long qu'à la normale, et ils ont l'air plus satinés, plus argentés. Comme il a minci, son visage a retrouvé son vieux visage, qui est son visage de jeunesse." Martin Amis, Experience, Folio Gallimard

27 mai 2005

Je me souviens,

du Wimpy du boulevard Saint michel

26 mai 2005

Wallington



Nous avions quinze ans, filions vers Londres
Par le vieux train qui venait de Croydon,
Même le grand Nelson pourrait en répondre,
Nous revenions à l’heure à Wallington !

En ce temps là, des Beatles en noir et blanc,
Chantaient pour des ménagères en bigoudis
Qui de se pâmer ne faisaient pas semblant
Malgré leurs façons de vieilles ladies

Des genoux se montraient à Carnaby street
Dans les parcs, après le thé, Mods et rockers
Echangeaient des coups selon les anciens rites
Dimanche, au bingo, on gagnait des crackers…

Oh, Combien d’années se sont-elles englouties
En cet éclair où ma mémoire est blottie ?

(un sonnet par lieu, 2)

24 mai 2005

Un Haïku par bain, 14


Un rai de lumière
Réfléchi par le miroir
Irise mes poils

22 mai 2005

Ces jours-ci, très peu de temps pour écrire. A peine plus pour lire. Plongé depuis quelques soirs, juste avant d'éteindre, dans "Epérience" de Martin Amis (folio Gallimard). Je trouverai toujours plus de temps pour lire que pour écrire, même si je préfèrerais que cela soit l'inverse. Un très grand écrivain. Non pas une autobiographie, mais un livre sur l'autobiographie. L'autobiographie de son père, pour paraphraser Pierre Pachet. Martin Amis est le fils d'un écrivain très connu en Angleterre, Kingsley Amis dont je ne suis pas sur qu'on trouve de traductions en France. J'ai une très grande admiration pour Martin Amis, comme vous le savez peut-être déjà. C'est un écrivain terrifiant. Je ne trouve pas d'autre mot. (je ne sais pas quelle est la traduction du mot anglais "terrific", terrible peut-être, mais terrible veut trop dire extra, ou super, en français) Martin Amis est un écrivain terrifiant. Et professionnel, depuis qu'il a dix huit ans, depuis avant, même, depuis qu'il a été conçu par son père. Né de lui juste en empruntant l'utérus de sa mère. Il a des rapports sexuels avec l'écriture, génitaux. Sa maîtrise de l'asymétrie et l'originalité constante de ses constructions sont prodigieuses. Sa lecture s'apparente à la vision d'un cauchemard. Il s'accroupit sur votre ventre la nuit. Pas une seule de ses lignes qui ne soit "gratuite", parfaitement travaillée, mise en scène, pour ainsi dire. C'est une sorte de cinema muet en noir et blanc, Murnau par exemple, Nosferatu le Vampire. cela s'insinue en vous, comme le mal. A la lecture de Martin Amis, on comprend pourquoi la censure. Lire "Expérience" produit sur moi, justement comme son titre l'indique, une sensation physique que je ne peux pas nommer. Il en va de même pour chaque livre que j'ai lu de lui. Dieu merci, il en reste encore d'autres. Je cherche à comprendre cette terreur (et je me remémore cette phrase de JL Godard dans prénom Carmen : "la beauté c'est le début de la terreur que nous commençons à éprouver". Ce qui n'a strictement rien à voir avec le marquis de Sade.) Il ya quelque chose de terrifiant dans la beauté. C'est un écrivain qui n'a pourtant rien à voir, mais je pense aussi à Richard Ford, Indépendance, par exemple ou Ma Mère) Je me suis aussi souvent demandé ce que faisaient les écrivains "professionnels" comme Amis ou P. Roth ou encore Richard Ford (que des anglo-saxon...) ou Garcia Marquez pour citer un étranger mais américain tout de même et qui a peu moins à voir avec la terreur, en dehors d'écrire. Vivre ? Pas sûr. Et quand alors, puisque tout le temps est pris par l'acte d'écriture, par ce monstre à venir qui est le livre ? Et pourtant si, ils vivent même si c'est pour "la raconter". J'en suis toujours complètement ébahi. Mais où ont-ils trouvé le temps pour vivre ? Finalement je ne suis pas si sûr qu'ils vivent vraiment. Ils sont morts. Ils ont vécu, d'accord, mais il y a un certain temps, avant. Ils ne font plus que raconter. Quoi ? leur enfance pour la plupart, ou leur jeunesse, qui leur sert de réservoir, qu'ils tournent et retournent, étirent, plient dans tous les sens, torturent, passent à la moulinette et j'en passe. C'est ce que Martin Amis appelle "l'autobiographie suprême", celle qui se cache derrière tout écrivain et que Barthes a nommé son style (mon cul !) Un jour ils vous prêtent la clef, à l'occasion de la mort d'un proche par exemple, ou en souvenir de celui-ci, et vous permettent de faire un tour dans leur atelier d'écriture. sauf qu'il y fait noir comme dans un four. Par exemple, Martin Amis a perdu une cousine à dix-huit ans victime d'un tueur en série, ça ne s'invente pas.il a eu une tumeur de la machoire il y a dix ans et a perdu la bouche. Il l'appelle maintenant "la pince". L'autre chose qui me terrifie chez Amis, c'est - risqué-je le néologisme ? Je le risque - son anglicité. c'est à dire son incroyable degré de civilisation et de culture millénaire. Son côté meilleur du monde et conscient de l'être. En plus c'est la vérité. De ce point de vue les américains sont mille fois moins terrifiants que les anglais (sauf Hubert Selby junior) qui sont effectivement - et de loin - les meilleurs écrivains du monde. D'ailleurs, on peut dire que personne n'écrit vraiment en dehors d'Albion. Les anglais sont les auteurs de Shakespeare et de la traduction de la bible. Ils continuent. D'ailleurs Martin Amis a très bien connu Robert Graves qui l'a fait sauter sur ses genoux quand il était petit, c'est tout dire. D'ailleurs Martin Amis rappelle qu'il est bien prescrit de ne jamais commencer un paragraphe par le même mot. Ca tombe bien, je ne fais jamais de paragraphes. Que faire après ça. Victor Hugo ? il a tout juste essayé d'imiter Dickens. Etc. rien à faire contre les anglais. Après eux, il n'y a plus que des amateurs... Ecrire, chm'écrire. Lisez Martin Amis, tiens, bonsoir.

18 mai 2005

Deux liens pour ce soir : le premier est un excellent billet sur les portraits du Fayoum (il y deux mille ans, toute la peinture était déjà peinte...) à La Boite à Images, l'autre, qui n' a rien à voir, vers le site de François Bon, le roi des graphomanes et notre maître à tous, sur le bouquin de Bob dylan, sur lequel, bien entendu vous vous êtes déjà rué...

16 mai 2005

C*G* m'envoie ce lien sur des photomontages kafkaïens. Vaut le coup d'oeil.

15 mai 2005




J'ai trouvé cette magnifique image de Roland Topor en nageant en eau trouble, mais ne me souviens plus sur quel site. En tout cas pas sur celui-là qui est un tantinet agaçant bien qu'officiel.

13 mai 2005

Décidément ces derniers soirs, sur CISCOBLOG, tout se passe dans la colonne de droite. Donc, mise en ligne aujourd'hui des trois premières histoires des tours de Vigneux qui devraient, comme il se doit (cliquez) se trouver au nombre de sept au jugement dernier (ou après... ou avant).
Côté CISCORADIO, Campra succède à Granados (à se passer en boucle et laisser tomber tout le reste...). Bientôt du plus moderne, mais ne vous attendez tout de même pas à de la techno...

12 mai 2005

Nouvelle liste des merveilles, avant-première




cliquez sur l'image
Aujourd'hui, mise en ligne (voir sur la colonne de droite) de "l'histoire de la rue du banquier" que j'ai commencée il ya bien longtemps et que je n'ai toujours pas terminée. Mais vous pouvez commencer à la lire, si le coeur vous en dit...A suivre, évidemment.

11 mai 2005

Un haïku par bain,13

La chaleur de l’eau
Enveloppe ma peau froide
Et je suis vivant

10 mai 2005

Je les appellerai Houria et Malika, mais je dirai qu'elles ne sont pas arabes. Je dirai qu'elles sont bosniaques, musulmanes de l'ex-Yougoslavie. Houria aura douze ans et demi, Malika, treize. Cette histoire se passera (A* me l'a racontée il y a quelques jours) chez Flash' Habit, un Magasin de la rue de Paris, à Corbeil-Essonnes. C'est un supermarché sans fioritures de fringues très peu chères, mais aussi d'ustensiles de ménages, de vaisselle ou de linge de maison comme il y en a dans certaines banlieues pauvres, dans l'esprit des étals de "tout à dix francs" sur les marchés. Là, viennent faire leurs courses les femmes des cités environnantes, La Nacelle ou Montconseil, et même les Tarterêts qui sont un peu plus loin dans le "no man's land", vers Evry, Houria et Malika viennent de se faire pincer en flagrant délit de vol à l'étalage par un grand vigile, soigneusement choisi par la direction pour sa corpulence, sa force tranquille et sa technique des arts martiaux. Il est très jeune, les cheveux courts mais pas rasés, un beau regard, il est vêtu d'un costume sombre et porte la cravate, ce qui lui donne aussi un petit côté homme de main. Les deux pré-ados piaillent leur innocence. Il les écoute avec patience. Pourtant, elles sont insupportables : elles versent à grand bruit de grosses larmes de crocodiles, elles jurent sur la tête de toute leur famille que jamais au grand jamais elle n'ont volé le moindre vêtement dans ce magasin, elles tentent d'en appeler aux autres clients, de faire passer le jeune homme pour un horrible tortionnaire. Lui leur répond qu'en plus d'être des voleuses, elles sont des menteuses, que c'est au moins la troisième fois cette semaine qu'il les prend la main dans le sac, que jusque là il a été patient et miséricordieux, qu'il a tenu compte de leur jeune âge et tout et qu'il n'a pas appelé les flics mais que là il va le faire parce que elles dépassent les bornes de la malhonnêteté et qu'elles l'ont assez pris pour un imbécile. Les cris redoublent, elles avouent le vol, disent qu'elles vont se faire tuer par leur père et qu'en plus elles ont été obligées de voler parce qu'il ne leur donne pas un centime pour se vêtir. Mais cette fois ci, rien n'y fait, il est inflexible, il les a déjà averties deux fois, il va appeler la police. Il fait son boulot à merveille, sans haine, sans s'énerver ni abuser de son pouvoir. La scène se termine au moment où, en quittant le magasin, on entend l'argument qui tue : "Nous sommes musulmanes comme toi, tu ne vas pas agir contre tes propres sœurs !". Là, il manque de perdre contenance, car justement, il est un bon musulman, lui : "Vous devriez avoir honte de vous retrancher derrière la religion ! le Coran dit justement qu'il ne faut pas voler, alors taisez-vous, vous êtes des voleuses, des menteuses et en plus, vous êtes impies !". L'histoire ne dit donc pas si, finalement, il a appelé la police. Je dirai bien que non, tout de même, le bon vigile.

08 mai 2005

Juste de retour de la Barousse, petite vallée des Pyrénées. Encore du bleu plein les yeux, et des casacdes plein les oreilles...Ciscoblog reprend, avec encore plus d'entrain !